Il est connu, entre autres, par ses livres sur ses reportages en Asie : Les Trois bannières de la Chine, Face of North Vietnam, Chine Instantanés de voyage, et ses plus récents Vers l'Orient et Cuba.
Marc Eugène Riboud naît le à Saint-Genis-Laval[1],[2] près de Lyon. Il est le cinquième enfant d'une fratrie de sept, et le frère des industriels Antoine et Jean Riboud[1]. Il est élevé dans une famille bourgeoise lyonnaise. Son père, diplômé de Sciences Po, est un ami de jeunesse de Maurice Schlumberger, qui suivit la carrière des enfants Riboud, et son grand-père avait été l'un des fondateurs de la Lyonnaise de Banque)[1].
Traumatisé par le souvenir de la Première Guerre mondiale qui avait durement touché sa famille, son père se suicide quelques semaines après l’entrée en guerre en novembre 1939[1].
Marc Riboud passe les trois premières années de l'Occupation à Lyon, et étudie au lycée Ampère. En 1943, il prend le maquis avec le fiancé de sa sœur Françoise qui sera abattu par les nazis[4],[5]. Marc échappe de peu à l’arrestation par les Allemands dans le maquis du Vercors à l’été 1944[1].
Il entreprend alors des études à l’École centrale de Lyon pour devenir ingénieur. Il continue à faire de la photographie plus intensément et envisage d’en faire son métier[1].
En 1952, alors ingénieur à Villeurbanne, il « oublie » de rentrer d’un congé pris pour photographier Maria Casarès et Gérard Philipe aux festivals de danse de Lyon et d’Avignon, et s’installe à Paris où, grâce à son frère Jean, il rencontre Henri Cartier-Bresson puis Robert Capa, deux des créateurs de Magnum Photos[1].
En 1953, il photographie Le Peintre de la Tour Eiffel, où éclate déjà son talent et son goût de la composition de l’image. Cette photographie sera sa première publication dans Life et son ticket d’entrée à Magnum Photos[1].
Après un premier reportage en Yougoslavie, sur les conseils de Robert Capa, il part un an en Grande-Bretagne et photographie Londres et Leeds, qui se relèvent lentement de la guerre[1].
En 1955, Marc Riboud prend la route à Istanbul (avec la Land Rover de George Rodger) et traverse l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan pour atteindre l'Inde. Il y séjourne une année avant d’obtenir son visa pour la Chine, où il fait en 1957 son premier long séjour.
En 1958, il termine son voyage en Extrême-Orient par un séjour au Japon qui sera avec Women of Japan le sujet de son premier livre (avec un texte de Christine Arnothy). Il reprend à nouveau la route à partir de l’Alaska en hiver 1958 jusqu’à Acapulco.
En 1965, il retourne en Chine et photographie les prémices de la révolution culturelle ; il publie Les Trois Bannières de la Chine aux éditions Robert Laffont.
En 1967, à Washington lors d'une manifestation contre la guerre au Viêt Nam, il photographie une militante qui tend une fleur aux soldats. Cette photographie, La Fille à la fleur, deviendra une icône de la paix. En 1968, il photographie les manifestations étudiantes de mai à Paris et voyage au Nord et au Sud Viêt Nam. Il retourne au Viêt Nam en 1969, en 1972 et aussi en 1976 ; il photographiera la rééducation forcée des cadres par le pouvoir communiste[1].
Au cours des années 1970, il retrouve la Chine où il retournera régulièrement pour suivre son évolution et ses transformations jusqu’à son dernier séjour à Shanghai en 2010. En 1973, il couvre le procès du Watergate à Washington. Il se rend plusieurs fois à Prague pour soutenir les signataires de la Charte 77 et surtout son amie Anna Farova, historienne de la photographie. En 1979, il est à Téhéran lors de la prise d'otages de l'ambassade des États-Unis et pour photographier les foules en délire fêtant le retour de l'ayatollah Khomeini[1].
En 1980, il se rend en Pologne pour un long reportage sur les débuts de Solidarnosc. En 1987, il photographie à Lyon le procès de Klaus Barbie. À partir de 1986, sur les conseils de son ami le peintre Zao Wou-Ki, il découvre Huang Shan, et est fasciné par la beauté de ces montagnes qui ont inspiré les peintres chinois. Il fait aussi plusieurs séjours à Angkor, amoureux de ces temples envahis par les racines et les arbres séculaires[1].
Dans les années 1990, il accompagne ses expositions à travers le monde et s’attache à publier des livres. En 1998, après l’apartheid, il va en Afrique du Sud, à Johannesburg, à Soweto et dans des villages éloignés de la capitale[1].
En 2008, Marc Riboud se rend à New York pour photographier la victoire de Barack Obama. En 2009, il publie des photos du Tibet dans Les Tibétains avec les textes d'André Velter qu'il a rencontré pour ce livre, comme il le relate lors de leur entretien dans l'émission Sagesses bouddhistes en novembre de la même année[6].
En 2010, Marc Riboud effectue un ultime voyage à Shanghai pour inaugurer une exposition. Sa santé fragile le contraint ensuite à rester à Paris, où il meurt le à 93 ans des suites d’une longue maladie[7],[8].
Son épouse, Catherine Riboud Chaine effectue en août 2016 la donation de la totalité du fonds de Marc Riboud, soit cinquante mille négatifs, diapositives et épreuves sur papier, au Musée national des Arts asiatiques - Guimet, qui organise en 2021 la première grande exposition monographique consacrée au photographe : « Marc Riboud - Histoires possibles »[12],[13].
Photographie en noir & blanc du Peintre de la Tour Eiffel, publiée dans Life en 1953 : « Zazou », le seau de peinture accroché en contrebas, ouvrier en équilibre sur la structure métallique, peint la tour au-dessus de Paris.
La Fille à la fleur : la photographie d'une jeune femme, Jan Rose Kasmir, une fleur à la main face aux lames des fusils à baïonnettes des soldats de la garde nationale près du Pentagone, fixant un militaire dans les yeux, pendant une marche contre la Guerre du Viêt Nam, le , est l'une des plus célèbres images de lutte contre la guerre.
Les photographies de Marc Riboud ont été publiées dans de nombreux magazines dont Life, Look, Le Nouvel Observateur, Paris-Match, Géo, Stern. Il a remporté deux fois le Overseas Press Club Award (en 1966 pour The Three Banners of China et en 1970 pour Face of North Vietnam). Il a reçu à New York le prix de Leica LifetimeAchievement en 2001[1].
En 2012, son livre Vers l'Orient, publié aux éditions Xavier Barral, qui rassemble une sélection de photographies prises lors de son voyage de jeunesse à travers le Moyen-Orient et l'Asie, est récompensé par le prix Nadar[14].
Women of Japan, texte de Christine Arnothy, éd. André Deutsch, Londres et Bruna & Zoon, Utrecht, 1959
Les Trois bannières de la Chine, texte de Han Suyin, éd. Robert Laffont, Paris, 1966
Face of North Vietnam, texte de Philippe Devillers, éd. Holt, Rinehart & Winston, New York, 1970
2010 The Instinctive moment, musée des beaux-arts, Pékin ; musée des beaux-arts, Shanghai ; Wuhan Art Museum, Wuhan ; Macau Museum of Art, Macao ; consulat de France, Hong Kong...
2010 I comme Image, un abécédaire photographique, Maison européenne de la photographie, Paris et Quinzaine de la Photographie, Cholet
2011 Histoires du quotidien en Chine de 1957 à 2011, Quais Hennessy, Cognac
J. P. A. Akoun, Akoun CV : XIX : XX Répertoire biographique d'artistes de tous pays des XIXe et XXe siècles, , 1481 p. (ISBN978-2-85917-429-3), p. 1148.