Mazaugues est une commune rurale du département du Var, située enFrance, à l'extrémité est du massif de la Sainte-Baume (1 148 m), à 15 km au sud-ouest de Brignoles et 40 km au nord de Toulon. Sa superficie est de 5 379 ha et son altitude moyenne est de 450 mètres.
La commune est dominée au sud-ouest par le plateau d'Agnis, dont le point culminant, le Mourré d’Agnis[1], s’élève à 919 mètres ; le Caramy et l'Issole prennent leur source sur ses flancs.
C'est sur le territoire de la commune que les sédiments du Santonien atteignent leur plus grande épaisseur. Ils sont formés par la succession de trois barres de calcaires à rudistes séparées l'une de l'autre par des grès arkosiques grossiers et des argilites sableuses d'origine deltaïque[3].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,9 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,8 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 763 mm, avec 5,4 jours de précipitations en janvier et 2,1 jours en juillet[5]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Cuers », sur la commune de Cuers à 17 km à vol d'oiseau[7], est de 15,5 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 778,9 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 41,3 °C, atteinte le ; la température minimale est de −9,3 °C, atteinte le [Note 1],[8],[9].
Au , Mazaugues est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[14].
Elle est située hors unité urbaine[15]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Marseille - Aix-en-Provence, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[15]. Cette aire, qui regroupe 115 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[16],[17].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (94 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (93,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (74,2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (16,2 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (3,5 %), zones agricoles hétérogènes (3,4 %), zones urbanisées (1,2 %), prairies (0,8 %), mines, décharges et chantiers (0,5 %)[18]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Mazaugues apparaît dans les archives dès le Xe siècle sous le nom de Madaligas, puis de Matalicas et Madalgas au XIe siècle et de Mazalgis et Mazalgas au XIIe siècle. L’origine de ce nom peut être germanique (grandes invasions du Ve siècle)[20].
Le nom de la commune est Maugo en provençal local et Mazaugoprovençal local standard en forme mistralienne. L'écriture classique écrit Maugas et Mazaugas. L'écriture en ancien provençal est "Mazauga"[21].
La présence de l’homme au Néolithique est attestée sur le territoire de Mazaugues avec les abris-sous-roche ornés de peintures schématiques[22] dans les gorges du Caramy[23]. Plusieurs traces d’habitat de l’âge du fer avec des enceintes préhistoriques ont été découvertes au Castellas de la Tête du Baou et sur le site de l’oppidum de Meynarguette[24].
L’occupation romaine a laissé des vestiges abondants sur la commune avec des fragments de dolia, de tuiles à rebord et d'amphores, et des débris de vases samiens, sur le site de l'ancienne villa Matalica à Saint-Victor et dans les quartiers de Saint-Gall et La Venelle[25].
À partir du Xe siècle, le castrum de Mazaugues appartient aux vicomtes de Marseille et figure dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Victor[26], parfois sous l’ancien nom de Mazalgas[27]. Le château féodal et une église sont construits au XIIe siècle sur le promontoire rocheux[25].
Au XVIe siècle, l'église est agrandie avec une deuxième abside mais la population commence à quitter le vieux village pour s'installer dans la plaine sur les bords du Caramy[25]. Au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, la famille de Castellane et la famille de Thomassin[31] se partagent le fief de Mazaugues et possèdent leurs demeures dans le nouveau village.
En 1777, une grande fontaine[32] est construite sur la place près du Caramy et en 1784, c'est l'horloge et son beffroi hexagonal qui sont érigés contre l'ancienne maison commune[25].
Durant l’été 1789, les coseigneurs de Mazaugues émigrent à l'étranger. En 1790, leurs biens sont encadastrés, les forêts sont déclarées biens nationaux et les terres agricoles sont soit vendues, soit affermées.
En août 1790, les habitants de Mazaugues conduisent manu militari au Directoire de Toulon le curé Véran qui désapprouve la Constitution[33] ; même s'il est très vite libéré, le curé ne veut plus retourner au village.
La construction de l'église paroissiale débute en 1808 à l'intérieur du village.
En 1839, la petite commune de Meinarguette est rattachée à Mazaugues qui connaît ainsi un accroissement territorial[34].
À la suite du coup d’État du 2 décembre 1851, Mazaugues fait partie des communes insurgées[35] et une vingtaine d’hommes se rendent à Tourves le pour assister à l’installation d’une commission insurrectionnelle[36]. Des Mazauguais sont arrêtés, condamnés et dépossédés, mais ils seront indemnisés par la République en 1882[37],[38].
En 1883, un nouveau bâtiment regroupe l'école, la mairie et la poste. Et à cette époque, pour des raisons de salubrité, la partie du Caramy qui passe dans le village est canalisée et recouverte.
À la fin du XVIIe siècle, les nombreuses sources et le climat particulièrement frais par endroits favorisent l’implantation des glacières et donnent naissance à l’artisanat de la glace qui consiste à stocker jusqu'à l'été la glace naturelle formée l'hiver dans les bassins de gel. Le massif de la Sainte-Baume abrite une vingtaine de ces réservoirs à glace[41],[42].
Il y a sur le territoire de la commune pas moins de dix-sept glacières qui alimentent en glace Toulon, puis Marseille, durant tout le XIXe siècle ; c'est pourquoi le Musée de la glace est implanté à Mazaugues[43]. Les visiteurs y sont amenés à remonter le temps et à découvrir comment l'homme a exploité, commercialisé et utilisé la glace. La plus grande de toutes est celle de Pivaut, classée monument historique[44], qui peut être visitée en compagnie d'un guide.
À partir de 1899, Mazaugues est un des hauts lieux de l’extraction de la bauxite avec dix sites exploités par l’Union des bauxites et la Société d’électro-métallurgie française. Certaines mines atteignent 300 mètres de profondeur[45].
Durant près d’un siècle, le village vit au rythme de l'exploitation des mines. Les mineurs en ressortent couverts de poussière rouge de bauxite, ce qui leur vaut le surnom de Gueules Rouges.
En 1914, les trois principaux sites sur la commune emploient près de huit-cents ouvriers. La dernière mine de Mazaugue ferme en 1985[46].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[53]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[54].
En 2021, la commune comptait 875 habitants[Note 3], en évolution de −1,35 % par rapport à 2015 (Var : +4,45 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Mazaugues tire ses ressources de l’agriculture, de l’élevage et du tourisme, fait partie du territoire Provence Verte et de la communauté de communes du Val d'Issole.
La coopérative vinicole et oléicole et moulin à huile dits la Clairvoyante[61] La clairvoyante[62].
Le programme de développement économique du village est basé sur la protection et l’usage des eaux souterraines[64] (maraîchage biologique, spiruline, pisciculture).
Les vestiges du pont du Diable[73] datent du Moyen Âge classique.
Les fontaines et lavoir.
L'eau dans la commune : fontaines et lavoir.
Le lavoir.
Le patrimoine naturel :
Le vaste plateau d’Agnis comporte de nombreux rochers aux formes mystérieuses.
Le cirque des Escarettes est un impressionnant cirque calcaire qui domine la commune.
Les gorges du Caramy, réputées pour ses douze sources, présentent des lieux remarquables[74] comme la baume de Saint-Michel[75],[76], les Sauts du Cabri[77].
Charles Fabre (1880-1977), instituteur et maire de Mazaugues[78],[79], aménage le square du monument aux morts pacifiste en 1935 et est l’initiateur de la délibération : À bas toutes les guerres ! Vive la République universelle des travailleurs ! Ardent soutien du Front populaire, il fait ajouter un an plus tard les deux plaques suivantes : L’union des travailleurs fera la paix du monde (Anatole France) et L’humanité est maudite, si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement (Jean Jaurès)[80].
Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du moyen âge en France, Strasbourg, Editions Publitotal, 4ème trimestre 1979, 1287 p. (ISBN978-2-86535-070-4 et 2-86535-070-3)
Le patrimoine architectural et mobilier des communes sur le site officiel du ministère français de la Culture (Bases Mérimée, Palissy, Palissy, Mémoire, ArchiDoc), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service régional de l'inventaire général de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région PACA]
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑Le Mourre d'Agnis doit son nom à la forme de sa partie la plus à l'ouest: un museau d'agneau. Au sommet trône la Quille du Tillet, une sorte de tour pyramidale haute de 4,30 m et percée de part en part par un regard qui permet de viser l'alignement de Signes sur Mazaugues. Elle figure sur la carte de Cassini ou carte de l'Académie, la première carte topographique de France, dressée au XVIIIe siècle.
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