Napoléon (pièce de monnaie)

Napoléon
Pays Drapeau de la France France
Valeur 20 francs français
Masse 6,45 g
Diamètre 21,0 mm
Épaisseur 1,3 mm
Tranche lisse
Composition or à 900,0 ‰
(5,805 g d'or pur)
Année d'émission 1803 - 1914
Numéro catalogue
Avers
Revers

En numismatique, il est d'usage d'appeler napoléon[1] une pièce de monnaie d'or française de vingt francs contenant 5,805 grammes d'or pur, créée le (Loi du 7 germinal An 11 - d'où le nom franc germinal qui est resté dans les mémoires de l'histoire tout comme -plus tard - le franc Poincaré) avec un total de fabrication de 1 046 506 pièces par le Premier Consul Napoléon Bonaparte. La pièce de monnaie d'or française de vingt francs a porté l'effigie de ce dernier aussi comme empereur avec de nouveaux différents tirages puis, au fil des régimes, celles de Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe, Napoléon III ou bien des symboles républicains. La dernière est la 20 francs or dite « coq » avec une Marianne en avers et donc un coq en revers (tirage de 1907 à 1914).

Il existe bien évidement aussi des pièces des deux Napoléons en argent et de différentes valeurs faciales en francs (par exemple 5 francs, 40 francs...).

L'usage de dénomination indiqué au début de cet article en numismatique est effectivement fixé sur le 20 franc or car justement cette valeur a été conservée sur les pièces en or des différents régimes politiques évoqués (empires, Restauration, républiques). Il y a donc une constance et une quantité tirée qui facilite l'activité numismatique (échange, collection, ou achat d'or en épargne de précaution lors de périodes d'inflation ou d'incertitude économique). Les pièces de 5 francs or, 10 francs or, 40 francs or, 50 francs or, 100 francs or, elles, n'ont pas été tirées sous tous les régimes (exemple : le 100 francs or a été tiré uniquement sous Napoléon III, puis la république de 1878 à 1913 et enfin de 1929 à 1936, mais pas sous Napoléon Ier ou sous la Restauration). Des précisions encore plus détaillées sont disponibles dans les ouvrages numismates consacrés au franc (dont certains font plus de 1 200 pages). Citons pour une première approche détaillée : « Le Franc, Les Monnaies » aux éditions les cheveau-légers de 2009 page 447 à 512.

Un napoléon de 1803 (avers et revers).

Appelée encore couramment louis d'or par habitude, le napoléon prend la suite des monnaies d'or de l'ancien régime, le louis de 24 livres, d'un poids variable selon l'émission, autour de 8 g, et apparu sous le règne de Louis XIII. La dernière émission précédant le napoléon est le louis conventionnel de 24 livres de Louis XVI émis en 1792 et 1793 puis en 1793 sans le buste du roi.

Le napoléon est créé, sous le Consulat, par la loi du 7 germinal an XI (), « sur la fabrication et la vérification des monnaies ». La loi crée le franc dit germinal, de « cinq grammes d'argent, au titre de neuf dixième de fin ». Son article 6 prévoit la fabrication de « pièces d'or de vingt francs » — le napoléon — « et de quarante francs » — le double-napoléon. Son article 7 fixe leur titre à « neuf dixième de fin » — 900 millièmes d'or — « et un dixième d'alliage ». Son article 8 fixe leur poids : « Les pièces de vingt francs seront à la taille de cent cinquante-cinq pièces au kilogramme ; et les pièces de quarante francs à celle de soixante dix-sept et demie ».

Cette pièce qui porte en effigie dans un premier temps le profil de Bonaparte Premier Consul, a la même valeur, au change, que le louis d'or, frappé depuis le règne de Louis XV et la réformation de 1736, qui fixait le format des pièces de 24 livres. Ce module est resté en usage jusqu'à la Première Guerre mondiale, soit 5,805 grammes d'or pur pour 20 francs.

En 1815, au moment de la Restauration et du retour de la monarchie, l'usage veut que cette pièce retrouve son nom de « louis ». Il est vraisemblable que le nom de napoléon, et de son abréviation en « nap », soit devenu effectivement l'usage au cours du Second Empire français, durant l'expansion industrielle, commerciale et bancaire de la France.

Cotation et règlements

[modifier | modifier le code]
Le coq, gravé par Chaplain. En 1914, c'est la dernière pièce en or du système Germinal mise en circulation.

Par extension, le nom de napoléon s’applique de ce fait aujourd'hui à de très nombreuses pièces françaises en or de 20 francs frappées de 1803 à 1914. Ces pièces ont été cotées à la bourse de Paris à partir de 1948 jusqu'à la suspension des cotations de l'or à Paris le [2]. Depuis la clôture définitive du marché de l'or[3], il n'existe désormais plus aucune cotation officielle des pièces d'or sur le marché parisien ni ailleurs dans le monde. Les offres présentées par certains négociants laissant penser à l'organisation d'un quelconque marché (parlant de cotation, d'ordre de bourse, pièce boursable, etc.) ne sont pas légitimes, du moins ne peuvent-elles se prémunir d'un quelconque caractère d'autorité ou d'officialité. Durant la crise de la Covid-19, certains de ces négociants ont cessé de vendre les 20 francs napoléon à cause de la forte demande occasionnée par les inquiétudes sanitaires et économique[4]. Les achats de napoléon sont exonérés de TVA au titre de leur admissibilité à l'or d'investissement selon les critères définis par la directive européenne au [5]. Cette notion d'or d'investissement n'a aucun rapport avec l'or de bourse, notion désormais obsolète depuis la clôture définitive du marché de l'or à Paris le .

Liste des émissions de pièces de 20 francs or françaises

[modifier | modifier le code]

Toutes ces pièces titrent 900 millièmes d'or, ont une masse de 6,45 g, un diamètre de 21 mm et une épaisseur de 1,3 mm. La rareté relative des diverses émissions est à moduler en fonction des ateliers d'émission.

Années Tirage Légende avers Légende revers Tranche Graveur Notes
Bonaparte 1er consul An XI A et An 12 A 1 046 506 ex « Bonaparte premier consul » « République Française » « Dieu protège la France » Pierre-Joseph Tiolier Pièce rare pour l'An XI
Napoléon 1er Non Lauré An XII An 12 A 428 143 ex « Napoléon Empereur » « République Française » « Dieu protège la France » Pierre-Joseph Tiolier La légende « NAPOLEON EMPEREUR » ne passe pas au-dessus de la tête.
Napoléon 1er Tête Nue

An XIII et An XIV

an 13 et an 14 676 350 ex « Napoléon Empereur » « République Française » « Dieu protège la France » Jean-Pierre Droz Pièce très rare. Ateliers A-I-Q-M-U-W
Napoléon 1er Tête Nue 1806 996 367 ex « Napoléon Empereur » « République Française » « Dieu protège la France » Jean-Pierre Droz Ateliers A-K-Q-U-W
Napoléon 1er Tête Nue (type transitoire « grosse tête ») 1807 594 332 ex « Napoléon Empereur » « République Française » « Dieu protège la France » Jean-Pierre Droz ateliers A-M-U-W
Napoléon 1er Lauré au revers République Française 1807 à 1808 1 725 451 ex « Napoléon Empereur » « République Française » « Dieu protège la France » Jean-Pierre Droz Tête laurée
Napoléon 1er Lauré au

revers Empire Français

1809 à 1815 13 833 717 ex « Napoléon Empereur » « Empire Français » « Dieu protège la France » Jean-Pierre Droz Tête laurée - Pièce pour les Cent Jours (frappe du 1er avril au ), ateliers A-H-K-L-M-U-W-Rome (1812 et 1813) et CL et Utrecht (1813), A-L-W (les cent-jours)
Louis XVIII

Buste Habillé

1814 à 1815 5 643 979 ex « Louis XVIII Roi de France » « DOMINE SALVUM FAC REGEM » Pierre-Joseph Tiolier Buste habillé - Certaines pièces (871 581) ont été frappées à Londres et sont assez rares.
Louis XVIII

Buste Nu

1816 à 1824 12 743 702 ex « Louis XVIII Roi de France » « DOMINE SALVUM FAC REGEM » Auguste François Michaut Buste nu
Charles X 1er type 1825 à 1830 1 691 467 ex « Charles X Roi de France » « DOMINE SALVUM FAC REGEM » Auguste François Michaut
Charles X 2e type 1830 1 797 ex « Charles X Roi de France » « DOMINE SALVUM FAC REGEM » Auguste François Michaut Tranche cannelée
Louis-Philippe 1er type 1830 à 1831 2 372 710 ex « Louis Philippe I Roi des Français » « Dieu protège la France » Nicolas-Pierre Tiolier Tranche en creux
Louis-Philippe 2e type 1830 à 1831 862 ex « Louis Philippe I Roi des Français » « Dieu protège la France » Nicolas-Pierre Tiolier Tranche en relief
Louis-Philippe

1er Lauré

1832 à 1848 6 868 934 ex « Louis Philippe I Roi des Français » « Dieu * protège la France » Jean-François Domard Tête laurée
Génie 2e république 1848 à 1849 2 846 061 ex « République Française » « Liberté Égalité Fraternité » « *** Dieu * protège la France » Augustin Dupré
Cérès 2e république 1849 à 1851 16 720 353 ex « République Française » « Liberté Égalité Fraternité » « *** Dieu * protège la France » Louis Merley
Louis Napoléon Bonaparte 1852 10 493 758 ex « Louis-Napoléon Bonaparte » « République Française » « ***** Dieu * protège * la * France » Jacques-Jean Barre
Napoléon III Tête Nue 1853 à 1860 146 544 669 ex « Napoléon III Empereur » « Empire Français » « ***** Dieu * protège * la * France » Jacques-Jean Barre Tête nue
Napoléon III Lauré 1861 à 1870 85 466 540 ex « Napoléon III Empereur » « Empire Français » « ***** Dieu * protège * la * France » Jacques-Jean Barre Tête laurée
Génie 3e république 1871 à 1898 86 101 594 ex « République Française » « Liberté Égalité Fraternité » « *** Dieu protège la France » Dupré
20 francs Coq 1898 à 1906 43 034 473 ex « République Française » « Liberté Égalité Fraternité » *++* DIEU *+ PROTEGE+* LA FRANCE Jules-Clément Chaplain
20 francs Coq 1907 à 1914 74 414 415 ex « République Française » « Liberté Égalité Fraternité » *++* LIBERTE +* EGALITE +* FRATERNITE Jules-Clément Chaplain

Durant cinq ans, de l'an XII (1803) à 1808, les inscriptions « Napoléon Empereur » et « République Française » figurent de part et d'autre des pièces. L’inscription « Empire Français » n'apparaît qu'en 1809.

Monnayages français de la période de Napoléon Ier

[modifier | modifier le code]
Monnayages français de la période de Napoléon Ier
Lettre Lieu Lettre Lieu Lettre Lieu
A Paris AA Metz B Rouen
BB Strasbourg CL Gênes D Lyon
G Genève H La Rochelle I Limoges
K Bordeaux L Bayonne M Toulouse
MA Marseille Q Perpignan R Orléans
T Nantes W Lille mât et drapeau Ütrecht
U Turin R couronné Rome R Londres

Références

[modifier | modifier le code]
  • Textes législatifs et réglementaires
    • Loi du 7 germinal an XI (), sur la fabrication et la vérification des monnaies.
    • 7 messidor an XII ().
    • Décret du , qui substitue, dans la légende des monnaies qui seront fabriquées à compter du , les mots Empire français à ceux République française.
    • Ordonnance du , relative au type des monnaies.
    • Ordonnance du .
    • Ordonnance du .
    • Ordonnance du .
    • Décret du Gouvernement provisoire du , relatif à la fabrication des monnaies nationales, publié le .
    • Décret du Gouvernement provisoire du , qui ouvre un concours pour la gravure des coins des monnaies nationales, publié le .
    • Décret du , relatif aux monnaies, publié au Bulletin des lois de la République française no 477 (texte intégral).
    • Décret du , relatif aux monnaies, publié au Bulletin des lois de la République française, XIe série, no 1 (texte intégral).
  • Ouvrages de référence
    • Stéphane Desrousseaux, Michel Prieur et Laurent Schmitt, Le franc : Les monnaies, Paris, Les Chevau-légers, , 588 p. (ISBN 978-2-916996-34-9, BNF 42562021).
    • Francesco Pastrone, Monnaies Françaises : 1789-2011, Paris, Éditions Victor Gadoury, .

Notes et autres références

[modifier | modifier le code]
  1. Entrée « napoléon » [html], sur Dictionnaires Larousse de français (en ligne), Larousse (consulté le ).
  2. Communiqué Euronext no 2004 – 2663 du 30 juillet 2004.
  3. Communiqué Euronext no 2004 – 2993 du 14 septembre 2004.
  4. « Marché de l'or : reprise des cotations le 2 avril pour le Napoléon », sur Les Échos, (consulté le ).
  5. Directive 98/80/CE du Conseil du 12 octobre 1998 complétant le système de taxe sur la valeur ajoutée et modifiant la directive 77/388/CEE - Régime particulier applicable à l'or d'investissement. (JORF L 281 du 17 octobre 1998) (Notification d'adoption publiée au JOLD du 21/01/1999 p. 1124).

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]