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Abraham Eliezer ha-Levi (d) |
Samuel David Luzzatto (en hébreu : שמואל דוד לוצאטו, né à Trieste le et est mort à Padoue le , est un intellectuel juif autrichien, poète et membre fondateur du mouvement de la Wissenschaft des Judentums (« science du judaïsme »). Il est aussi connu sous son acronyme hébraïque Shadal (שד"ל).
Enfant, il entre au Talmud Torah de sa ville natale, où, en plus du Talmud enseigné par Abraham Eliezer ha-Levi, grand rabbin de Trieste et pilpouliste renommé, il apprend les langues anciennes et modernes, ainsi que la science profane avec pour professeurs Mordechai de Cologna, Leon Vita Saraval et Raphael Baruch Segré, dont il deviendra plus tard le gendre. Il étudie l'hébreu aussi à la maison avec son père, qui bien que fraiseur de métier, était en plus un éminent talmudiste.
Dès son plus jeune âge, Luzzatto manifeste d'extraordinaires capacités, si bien que lisant le Livre de Job à l'école, il décide d'écrire un commentaire dessus, considérant les commentaires existants comme déficients. En 1811, il reçoit parmi ses prix, le livre de Montesquieu "Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence", ce qui contribue beaucoup au développement de ses facultés critiques. En effet, son activité littéraire commence dès cette année-là, où il entreprend d'écrire une grammaire hébraïque en italien, de traduire en hébreu la vie d'Ésope, et d'écrire des notes exégétiques sur le Pentateuque (comp. "Il Vessillo Israelitico," xxv. 374, xxvi. 16). La découverte d'un commentaire non publié du Targoum de Onkelos le persuade d'étudier l'araméen (préface de son "Oheb Ger").
À l'âge de treize ans, Luzzatto est retiré de l'école, n'assistant qu'aux cours de Talmud donnés par Abraham Eliezer ha-Levi. Alors qu'il lit le "En Ya'aḳob" de Jacob ibn Habib, il arrive à la conclusion que les voyelles et les accents n'existaient pas à l'époque des talmudistes, et que le Zohar, parlant de voyelles et d'accents, avait nécessairement été composé ultérieurement. Il expose sa théorie dans un pamphlet qui sera à l'origine de son travail ultérieur "Wikkuaḥ 'al ha-Ḳabbalah".
En 1814, commence une période des plus pénibles pour Luzzatto. Sa mère meurt cette année-là, et il doit s'occuper du ménage et de la cuisine, et aider son père dans son travail de tourneur. Néanmoins, fin 1815, il aura composé trente-sept poèmes, qui font partie de son "Kinnor Na'im", et en 1817, il termine son "Ma'amar ha-Niḳḳud", un traité sur les voyelles. En 1818, il commence à écrire son "Torah Nidreshet", une œuvre philosophico-théologique dont il ne rédigera que vingt-quatre chapitres, les premiers douze chapitres étant publiés dans le "Kokebe Yiẓḥaḳ", vols. xvi.-xvii., xxi.-xxiv., xxvi., et le reste sera traduit ultérieurement en italien par M. Coen-Porto et publié dans "Mosé", i-ii. En 1879 Coen-Porto publiera une traduction de la totalité de l'œuvre sous forme de livre.
Malgré le désir de son père qu'il apprenne un métier, Luzzatto n'en a aucunement la volonté, et pour gagner sa vie, il donne des leçons privées, ne trouvant ses élèves qu'avec grande difficulté en raison de sa timidité. En 1824, son père décède, et il se trouve entièrement livré à lui-même. Jusqu'en 1829, il gagne sa vie en donnant des leçons et en écrivant pour le "Bikkure ha-'Ittim", un journal détenu par les partisans de la Haskala; cette année-là, il est nommé professeur à l'école rabbinique de Padoue.
A Padoue, Luzzatto a des possibilités beaucoup plus larges pour ses activités littéraires, et peut consacrer la majorité de son temps à son œuvre. Tout en expliquant certains passages de la Bible à ses élèves, il écrit ses observations. Luzzatto est le premier intellectuel juif à porter son attention sur le syriaque, estimant qu'une connaissance de cette langue est nécessaire pour la compréhension du Targoum. Sa lettre publiée dans le Karme Shomeron de Kirchheim montre sa profonde connaissance du samaritain.
C'est le premier Juif qui s'autorise ouvertement à modifier le texte de l'Ancien Testament; beaucoup de ses corrections rencontrent l'approbation des érudits critiques de son époque. Grâce à une étude précise de l'Ecclésiaste, Luzzatto arrive à la conclusion que son auteur n'est pas Salomon, mais quelqu'un qui a vécu plusieurs siècles plus tard et dont le nom est "Kohelet". D'après Luzzatto, l'auteur attribue son travail à Salomon, mais ses contemporains ayant découvert la supercherie, ont substitué le nom correct de "Ḳohelet" à la place de "Salomon", partout où ce nom apparaissait dans le livre. Bien que la notion que Salomon ne soit pas l'auteur du livre est accepté par les chercheurs modernes, ceux-ci n'attribue pas l'ouvrage à un seul individu nommé "Kohelet", mais regardent plutôt le terme comme une marque ou désignation de quelque chose qui ressemble à la traduction de la Septante (version grecque du Tanakh effectuée par soixante-dix érudits)
Quant au Livre d'Isaïe, en dépit de l'opinion prévalente que les chapitres xl.-lxvi. Ont été écrits après la captivité à Babylone, Luzzatto maintient que la totalité du livre a été écrite par Isaïe. Cette différence d'opinion sur ce point est une des causes de la brouille entre Luzzatto et Rapoport, grand rabbin de Prague, alors qu'ils avaient jusque-là entretenu une correspondance amicale. Une autre raison de cette dispute avec Rapoport, est que Luzzatto, autrefois en bons termes avec Isaak Markus Jost ne peut plus le supporter à cause de son rationalisme. Luzzatto demande donc à Rapoport de cesser ses relations avec Jost, mais Rapoport, qui ne connait pas Luzzatto personnellement, prend cette demande pour de l'arrogance.
Luzzatto est un chaud défenseur du judaïsme biblique et talmudique, et son opposition au judaïsme philosophique lui crée beaucoup d'opposants parmi ses contemporains. Cependant son antagonisme à la philosophie n'est pas le résultat d'un fanatisme ou d'un manque de compréhension. Il déclare avoir lu, durant plus de vingt-quatre ans, tous les anciens philosophes, et que plus il les lit et plus il les trouve s'écarter de la vérité. Ce que l'un approuve est désapprouvé par un autre; et ainsi les philosophes eux-mêmes s'égarent et fourvoient leurs étudiants.
C'est pour cette raison, que tout en louant Maïmonide comme auteur du "Yad," Luzzatto le critique sévèrement d'être un partisan de la philosophie aristotélicienne, qui d'après lui, ne lui amène rien de bon, tout en causant beaucoup de préjudices aux autres Juifs ("Penine Shadal," p. 417). Luzzatto attaque aussi Abraham ibn Ezra, déclarant que les ouvrages de ce dernier n'étaient pas l'œuvre d'un esprit scientifique mais qu'il avait été nécessaire pour lui, afin de s'assurer un moyen d'existence, d'écrire un livre dans chaque ville dans laquelle il séjournait; le nombre de ses livres correspond au nombre de villes qu'il a visitées. Le contenu des livres d'Ibn Ezra est, déclare-t-il toujours le même, la forme changeant parfois légèrement, et quelques fois entièrement ("Kerem Ḥemed," iv. 131 et seq.). L'opinion pessimiste de Luzzatto sur la philosophie fait de lui l'adversaire naturel de Spinoza, qu'il attaque à plusieurs reprises.
Pendant sa carrière littéraire de plus de cinquante ans, Luzzatto a écrit un grand nombre de livres, aussi bien en hébreu qu'en italien. En plus, il a contribué à la plupart des revues en hébreu ou en italien de son époque. Sa correspondance avec ses contemporains est volumineuse et instructive; il a écrit sur quasiment tous les sujets concernant le judaïsme.
Isaiah Luzzatto publie (Padoue, 1881), sous les titres respectifs en hébreu et italien: "Reshimat *Ma'amare SHeDaL" et "Catalogo Ragionato degli Scritti Sparsi di S. D. Luzzatto," un index de tous les articles que Luzzatto a écrits dans divers périodiques.