Le Thymerais (ou Thimerais) est une région naturelle du nord-ouest de l'Eure-et-Loir. Ouvert aux influences du Drouais, de la Beauce et du Perche, il constitue une zone de transition au même titre que le Drouais. Ancien pays du Perche sous la dynastie mérovingienne, il tient son nom de son appartenance à Theodemer, prince de la famille mérovingienne. Le pays s'est retrouvé très tôt rattaché à la couronne de France. Le Thymerais est également associé à la châtellenie de Châteauneuf-en-Thymerais dont le territoire couvrait au XIIIe siècle tout le nord-ouest de l'Eure-et-Loir ainsi que quelques villages du Drouais, de l'Eure et l'Orne et débordait sur les anciens cantons de Courville et de La Loupe. L'appellation Thymerais a été reprise en 2003 pour désigner la communauté de communes du Thymerais qui rassemble les communes du canton de Châteauneuf dont Châteauneuf-en-Thymerais et Thimert-Gâtelles sont les centres historiques. La région naturelle du Thymerais ne doit pas être confondue avec la région agricole du Thymerais-Drouais qui rassemble depuis 1946 les terres du Nord du Thymerais à celles du Drouais à des fins statistiques.
Ouvert aux influences de l'Île-de-France, du Pays Chartrain, de la Normandie et du Perche, le Thymerais est une zone de plateaux et de vallons défrichée au Moyen Âge sur le Perche, couverte de forêts et parsemée d'étangs. Il constitue une zone de transition et est délimité grossièrement par l'Avre au nord qui le sépare du département de Eure, l'Eure au sud et à l'est, et par le département de l'Orne à l'ouest.
La région, essentiellement agricole, est un plateau mais possède un territoire vallonné et couvert de forêts vers le sud et l'ouest. Ces massifs forestiers, principalement composés des forêts domaniales de Châteauneuf-en-Thymerais, de Senonches et de la forêt de la Ferté-Vidame représentent à eux seuls plus de la moitié de la superficie des massifs forestiers de l'Eure-et-Loir. Le massif de Senonches appartient au parc régional du Perche. Ses sols composés de silex sont propices à la culture des céréales. La région est également connue pour son fer.
Le Thymerais, Theodoremensis ager en latin du Moyen Âge, est un démembrement de la province du Perche et dépendait du gouvernement militaire de l'Île-de-France et dont le centre était la baronnie de Châteauneuf. Ses dimensions étaient de 8 lieues de longueur sur 6 de largeur[1] et comprenaient également Brezolles, le marquisat de Maillebois et le comté de Senonches. Le pays fait partie, ainsi que le grand Perche de l'apanage du roi depuis 1771.
Les capitales historiques du Thymerais sont Châteauneuf et sa voisine Thimert. Néanmoins, au fil des siècles la décomposition de la baronnerie de Châteauneuf a permis l'émergence de nouveaux centres urbains tout aussi importants dont l'histoire est liée à celles des premiers seigneurs de la région à l'instar de Senonches, Brezolles ou encore de la Ferté-Vidame.
La région semble avoir été longtemps rattachée à la région naturelle du Perche[2] dans le sens où Perche désignait une zone forestière connue avant le VIe siècle, à ne pas confondre avec l'ensemble formé par les circonscriptions politiques établies depuis sur l'ancienne silva Pertica. Cette approximation semble perdurer depuis Bry de la Clergerie[3] qui divisait ainsi le Perche en quatre parties :
Petit-Perche (entre le Grand-Perche et le Perche-Gouët)
Thymerais (Terres-démembrées)
Terres françaises, ainsi appelées parce qu'elles suivaient la coutume de France, c'est-à-dire d'Île-de-France, district qui, selon Bry de la Clergerie, comprenait la Tour grise de Verneuil et se rattachait au Thymerais.
En fait le territoire a été très tôt distrait du Perche, au VIe siècle, en faveur d'un prince mérovingien, Théodemer, et c'est de là que lui vient sa dénomination ; puis il alla à la Couronne ; de 1291 à 1325, il
fut accordé par le roi à la maison de Valois-Alençon ; au XVIe siècle sous Henri II et Charles IX, il fut partagé entre Antoine de Bourbon-Vendôme puis son fils le futur Henri IV, et les Gonzague-Mantoue-Nevers (ces deux familles étant d'ailleurs apparentées aux Alençon). Il reçut pour cette raison le nom de Terres démembrées[4].
Le Thymerais serait ainsi né sur le Perche (forestier) à la suite de sa déforestation progressive pour les besoins de l'agriculture[5]. Ce nom de Thymerais désignait la région autour du château de Thimert (près de Châteauneuf-en-Thymerais). Le Thymerais forma, au Moyen Âge, la baronnie de Châteauneuf ; il fut appelé « Terres démembrées », parce que, après avoir été réuni à la couronne, il fut séparé de ses domaines et non, comme on croit souvent, de la province du Perche. Au XVIe siècle il fut partagé en faveur d'Henri de Bourbon (le futur Henri IV, fils d'Antoine) et de Louis de Gonzague-Nevers. Ce coin de terre, comme toute l'étendue entre l'Avre et l'Eure, faisait partie de la silva pertica.
Les villages de la région ont progressivement perdu leur qualificatif en-Perche. C'est ainsi que Châteauneuf adopta celui d'en Thymerais pour la distinguer d'une localité homonyme, et que Verneuil-en-Perche[6] devint Verneuil-sur-Avre. Seul un village a, dans son nom, conservé le mot Perche, offrant un témoignage du recul du Perche : c'est Louvilliers (canton de Brezolles). Après être désigné Lovillare in Pertico dans un pouillé de 1250 environ et dans un autre de la fin du XVe siècle, ce village a cessé de se déclarer à l'intérieur du Perche pour ne plus s'affirmer que près de sa limite, et il a pris le nom de Louvilliers-lès-Perche.
Au niveau hydrographique, le Thymerais est traversé par plusieurs rivières qui s'écoulent selon un axe sud-ouest/nord-est. Les principales sont la Meuvette et la Blaise.
Les ruisseaux[7] des Souches, de Buternay, Lamblore et Rueil qui s'écoulent à partir de la région de La Ferté-Vidame vers l'Avre dans l'ouest du Thymerais à la limite avec le département de l'Orne
La Meuvette qui s'étend sur une quarantaine de kilomètres, prend sa source dans la forêt de Senonches près du village des Ressuintes, traverse la ville de Brezolles avant de rejoindre l'Avre qui est un affluent de l'Eure, d'une longueur de 72 km et qui servit de frontière entre le royaume de France et le duché de Normandie.
La Blaise prend naissance près de Louvilliers-lès-Perche, et s'écoule vers le nord sur une quarantaine de kilomètres pour rejoindre l'Eure. Cette dernière s'étire sur près de 230 kilomètres et est l'un des affluents de la Seine.
L'origine du Thymerais remonte au VIIe siècle, quand le roi Thierry III donna ce territoire à Theodemer, prince de la famille mérovingienne. Le pays fut donc appelé pagusTheodemerensis « pays de Théodemer » qui est noté Themerensis plus tardivement, c'est-à-dire *Themereis en ancien français, d'où Thymerais en français.
D'après les ouvrages[8],[9] du comte de Romanet, le territoire du Thymerais qui faisait primitivement partie des comtés de Chartres et de Dreux, fut occupé par de puissants seigneurs qui se rendirent assez indépendants pour ne relever que du roi.
D'un point de vue religieux[8], tout le Thymerais était compris dans le diocèse de Chartres dont il occupait la partie nord-ouest. Il était composé de 14 paroisses.
En 1058, Albert Ribaud, seigneur du Thymerais, ayant pris parti contre Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, celui-ci s'empara de Thimert-Gâtelles et y laissa un gouverneur, mais l'année suivante Henri Ier, roi des Francs, lui reprit ce château fort et le fit raser. Ce fut avec ces débris que Gaston ou Gazon, frère d'Albert Ribaud, fit construire à peu de distance, dans une clairière au milieu des bois, un fort nommé Chastel-neuf. Il se forma autour un bourg du même nom, qui devint bientôt la capitale du Thymerais.
D'un point de vue féodal[8], le Thymerais formait dès 1200 un seul et grand fief dont le centre était Châteauneuf-en-Thymerais. Ce fief fut divisé en deux parties, relevant l'une et l'autre de la couronne. D'un côté Châteauneuf, de l'autre Senonches et Brezolles érigés plus tard en comté de Senonches (aussi principauté sous le nom de Mantoue par Charles IX, puis marquisat).
Au XVIIIe siècle, La Ferté-Vidame fut distraite de la baronnie de Châteauneuf-en-Thymerais et attachée à la Couronne[8], ainsi que celle de Maillebois et de Blévy de sorte qu'à la fin du XVIIIe siècle la baronnie de Châteauneuf-en-Thymerais était loin d'avoir la même étendue qu'au XIIIe siècle, et que le Thymerais au lieu d'un seul et même fief en comptait quatre : la baronnie de Châteauneuf, le comté de Senonches, le marquisat de Maillebois et le comté de la Ferté-Vidame[8].
Au point de vue financier et administratif[8], le Thymerais faisait partie de l'élection de Verneuil, comprise dans la généralité d'Alençon et partagée en quatre subdivisions (outre le Thymerais, cette élection comprenait encore huit paroisses de la province du Perche depuis la suppression de l'élection de Longny en 1080 et un certain nombre de paroisses normandes).
Au point de vue militaire[8], le Thymerais relevait du gouvernement de l'Île-de-France ; il y avait à Châteauneuf une maréchaussée et des archers.
Bien qu'appartenant au Perche, les limites du Thymerais ont toujours été floues et discutables d'un point de vue géographique mais le sont moins d'un point de vue historique notamment du temps de la baronnie de Châteauneuf au XIIIe siècle ou celle-ci couvrait l'ensemble du nord-ouest du département jusqu'au portes de Dreux.
D'un point de vue administratif[10] le Thymerais appartient à l'arrondissement de Dreux et retrouve en partie son unité géographique avec la création en 2015 du canton de Saint-Lubin-des-Joncherets. Ce dernier réunit les anciens cantons de Châteauneuf-en-Thymerais, de Brezolles, de Senonches et de la Ferté Vidame. La région naturelle s'étend également en partie sur d'autres cantons à l'instar des cantons de Dreux Ouest et Dreux Sud mais également sur les communes de l'Eure et de l'Orne situées sous l'Avre.
Alphonse-Gabriel Foucault né à Senonches en 1843, mort à Saint-Dié en 1930, archevêque-évêque de Saint-Dié (Vosges) de 1893 à 1930.
Berthault Cocalogon, seigneur de Femerez-au-Perche (Voir Les Granges-le-Roi)
Boniface de Castellane, comte de Castellane (1758-1837) colonel de cavalerie au moment de la Révolution - député de la noblesse aux Etats-Généraux de 1789 par le bailliage de Châteauneuf-en-Thymerais
Famille de Tascher, originaire de Châteauneuf-en-Thymerais, connue pour avoir donné à l'Empire français une impératrice en la personne de Marie-Josèphe Rose Tascher de la Pagerie dite Joséphine de Beauharnais
François de Montmorency-Laval, Montigny-sur-Avre,Premier évêque de Québec, il est le fondateur du Séminaire de Québec.
Gervais Ier de Châteauneuf, seigneur du Thymerais
Gervais II de Châteauneuf, seigneur du Thymerais
Gilles Leroy, écrivain, prix Goncourt 2007, qui vit près de La Ferté-Vidame à Boissy-lès-Perche
Hubert Latham, aviateur, dont le buste est situé sur la place principale de Maillebois (sa famille était propriétaire du château)
Hugues Ier de Châteauneuf, seigneur du Thymerais
Hugues II de Châteauneuf, seigneur du Thymerais
Hugues III de Châteauneuf, seigneur du Thymerais
Hugues IV de Châteauneuf, seigneur du Thymerais
Ingulphe Ribaud ou Ribaud (Ribald) de Dreux, seigneur de Senonches, Brezolles, Sorel et Rémalard
Jacques Du Lorens, poète français, président au bailliage de Châteauneuf
Jacques Losme de Monchesnay, surnommé le poète de Chartres, est mort en 1714 à Garnay où il s'était retiré à la fin de sa vie.[réf. nécessaire]
Michel Boisrond, scénariste et réalisateur français (Châteauneuf)
M. de Quévrémont[37], personnage fictif du roman Latréaumont d'Eugène Sue présenté comme seigneur d'Eudreville et Boudeville, gentilhomme de la baronnie de Châteauneuf-en-thymerais
Martial Taugourdeau, conseiller général d'Eure-et-Loir pour le canton de Châteauneuf-en-Thymerais de 1979 à 2001
Maurice de Vlaminck, peintre cubiste et fauve qui habita et mourut à Rueil-la-Gadelière
Les grands axes de communication évitent le Thymerais. La Route nationale 12 qui relie Paris à Brest et passe à Dreux et Verneuil-sur-Avre la contourne par le nord et l'ouest. L'autoroute A11 qui relie Paris à Nantes dessert Chartres à l'est et Nogent-le-Rotrou au sud.
La D928 (ex Route nationale 828) reliant Dreux à Nogent-le-Rotrou via Châteauneuf-en-Thymerais et La Loupe et la D939 (ex Route nationale 839) reliant Verneuil-sur-Avre à Chartres via Brezolles et Châteauneuf-en-Thymerais sont les seuls axes routiers d'importance moyenne à traverser la région. Ces deux axes sont complétés par la D4 reliant Dreux à Longny-au-Perche via Laons, Brezolles et La Ferté-Vidame et la D24 reliant Senonches à Chartres.
La région n'est plus guère desservie par des liaisons ferroviaires locales depuis la disparition des Tramways d'Eure-et-Loir après la guerre. Ceux-ci étaient présents dans le Thymerais par le biais de quatre lignes :
Dreux à Brezolles (23,8 km) ouverte le ;
Saint-Sauveur, sur la ligne Chartres - Dreux, à Châteauneuf-en-Thymerais (4,1 km) ouverte le ;
Brezolles à Senonches (17 km) ouverte le ;
Châteauneuf-en-Thymerais à Senonches (18,6 km) (en projet) mais s’arrête à Digny (8,8 km) faute de moyens
La châtellenie de Châteauneuf s'étendait à l'origine sur plus de 100 villages[9] (82 à notre époque) du nord-ouest du département d'Eure-et-Loir, mais aussi de l'Orne et de l'Eure. On peut notamment citer :
Le territoire du Thymerais dépend principalement du doyenné des Forêts[38], l'un des sept doyennés du diocèse de Chartres.
Il recouvre deux des trois paroisses qui en dépendent. La Paroisse Bienheureux François de Laval en Thymerais [39] (Châteauneuf/Brezolles) en intégralité et en partie la Paroisse Saint-Laumer du Perche [40] (Senonches/La Ferté Vidame).
L'appellation Thymerais était associée de à , à la communauté de communes du Thymerais. Celle-ci regroupait 9 600 habitants répartis dans les 14 communes du canton de Châteauneuf-en-Thymerais. La communauté était une portion congrue du territoire de l'ancienne châtellenie de Châteauneuf-en-Thymerais qui existait au XIIIe siècle.
↑p. 378 Encyclopédie méthodique: ou par ordre de matiéres…
↑Le Perche par René Musset Annales de Géographie Année 1919 Volume 28 Numéro 155 p. 354
↑Histoire des pays et comté du Perche, 1620, par Bry de la Clergerie
↑Jean Felber : histoire d'une famille alsacienne, la guerre franco-allemande... (Édition spéciale au département d'Eure-et-Loir), par A. Chalamet,... -A. Picard et Raan (Paris)-1893 p. 31
↑Le Perche par René Musset in Annales de Géographie, Année 1919, Volume 28, Numéro 155. p. 356
↑Épisodes de l'invasion anglaise. La guerre de partisans dans la Haute-Normandie, 1424-1429, de Germain Lefèvre-Pontalis, Bibliothèque de l'école des chartes, Année 1895, volume 56, numéro 56, p. 441
↑Panorama pittoresque de la France ...: les principales villes, les ports de ... Par Didot and Firmin,Firmin-Didot frères
↑ abcdef et gGéographie du Perche et chronologie de ses comtes par le vicomte de Romanet, chapitre III
↑ a et bChartes servant de pièces justificatives à la géographie du Perche par le comte de Romanet