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Antoine Étex né à Paris le et mort à Chaville (Hauts-de-Seine) le est un sculpteur, peintre, architecte et littérateur français.
Représentant de l'école romantique en sculpture, il est le frère du peintre Louis-Jules Étex (1810-1889)[1].
Antoine Étex est né à Paris, dans une famille d'artisan modeste d'origine lyonnaise, son père étant sculpteur ornemaniste, sa mère brodeuse. Après l'école primaire, il devient l'aide-apprenti de son père en 1822.
Tout en travaillant, Antoine Étex entre à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de François-Joseph Bosio en 1823[2], puis dans celui de Charles Dupaty. Remarqué par James Pradier, Étex devient son assistant pour achever une sculpture du palais Brongniart à Paris[3]. Élève de Pradier, Étex intègre l'atelier du peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres à la demande de ce dernier, qui lui conseille de ne mener qu'une carrière de peintre. Antoine Étex mènera de front une carrière de sculpteur et — dans une moindre mesure — de peintre toute sa vie.
En 1828, Alexandre Dumas lui achète une étude de femme nue qui est présentée la même année pour sa première exposition : « À quelque temps de là, c'était en 1828, étonnement d'Étex, qui reconnaît au milieu des œuvres de Delacroix, Delaroche, David d'Angers, Ingres et Pradier, son étude prêtée par l'excellent romancier, qui voulait ainsi contribuer au succès pécuniaire de cette exposition, faite pour secourir les Grecs, au moment de la guerre de l'indépendance[4]. »
Il tente sans succès d'obtenir le premier grand prix de Rome en sculpture[5], et finalement remporte le second grand prix en 1832 avec Hyacinthe frappé par le palet d'Apollon[6].
Antoine Étex prend part aux journées révolutionnaires de 1830, alors qu'il modèle sa sculpture Léda et le Cygne. Le ministre François Guizot lui obtient une bourse de 1 500 francs sur deux ans[7]. Par cette faveur ministérielle, il peut enfin partir en Italie pendant deux ans, à la villa Médicis à Rome. Au retour, il visite l'Algérie et l'Espagne et réalise à cette occasion de nombreux croquis, dessins aquarelles et peintures[8]. Pendant ce séjour, Étex se lie avec les républicains italiens dont Macedonio Melloni dont il fait le portrait. Il modèle également sa sculpture Caïn et sa race maudits de Dieu[6] qui obtient une médaille au Salon de 1833. Étex multiplie les études et les copies de tableaux et en rapporte une du tableau Les Médicis[4].
De son mariage en 1833 naissent deux filles et un fils militaire mort à Saïgon en 1867[9].
Il expose pour la première fois au Salon de 1833 en envoyant le marbre de Hyacinthe renversé et tué par le palet d'Apollon et le plâtre de Caïn et sa race maudits de Dieu qu'il avait réalisé en Italie. Il obtient la médaille de première classe au Salon, où sa sculpture fait événement et reçoit un accueil favorable de la presse et du public[10], qui le considèrent alors comme un des chefs de file de la nouvelle école romantique en sculpture aux côtés d’Antoine-Louis Barye et de François Rude[11]. Ingres, en opposition à ce mouvement, lui dit en commentant la sculpture : « Tâchez de vous faire commander ce groupe en marbre, puis, avec l'argent de cette commande, faites un Caïn debout, et anéantissez ce travail » ; et il ajouta : « Votre groupe est superbe, personne en ce temps-ci n'est capable de modeler cela ; c'est du beau, du très beau Canova ; c'est de la sculpture d'expression ; brisez cela, je vous le répète, mais seulement quand il vous aura été commandé. »[12], conseil qu'Étex se gardera bien de suivre.
Adolphe Thiers, alors ministre des Travaux publics, lui commande deux haut-reliefs monumentaux pour la face ouest de l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris en 1833, ceux de la face est étant confiés à François Rude et Jean-Pierre Cortot, pour terminer l'édifice. Les deux œuvres d'Étex sont mal reçues par l'Institut et la presse. L'artiste expose au Salon de 1837 et présente à celui de 1839 le marbre de Caïn et sa race maudits de Dieu qui est acquis par l'État français (musée des Beaux-Arts de Lyon). L'œuvre est apprécié par Théophile Gautier qui écrit dans La France littéraire de mars 1833 : « Je trouve dans ce groupe une recherche du vrai, un parti-pris de rompre avec l'ancien patron légué d'académie en académie »[13].
Étex réalise alors des sculptures pour le Sénat, l'hôpital Lariboisière, le Monument à Vauban aux Invalides, la statue de Saint Louis pour la place de la Nation à Paris ou encore au château de Versailles.
À partir du Salon de 1844, il envoie régulièrement une toile, cette année-là, le Martyre de Saint Sébastien (musée des Beaux-Arts de Rouen), puis La Mort du prolétaire en 1845 (musée des Beaux-Arts de Lyon), une toile monumentale, La Gloire des États-Unis (New-York) en 1846 et, en 1847, le Portrait de Chateaubriand et son Autoportrait (musée de l'Histoire de France à Versailles)[4].
En 1853-1854, Étex part défendre les intérêts des artistes français aux États-Unis au nom du gouvernement français à l'Exposition universelle de 1853 à New York. Il peint une esquisse, Allégorie à la gloire des États-Unis d'Amérique pour l'hôtel de ville de New York[14] Il visite New York, Washington et le Canada. Il en publiera le compte-rendu, Coup d'œil jeté sur l'état des beaux-arts aux États-Unis en 1856[15].
Devenu célèbre, il donne des cours de sculpture. Auguste Bartholdi est l'un de ses élèves[16]. Il publie ses cours et méthode de dessin, dont le credo peut se résumer à « Nulla dies sine linea » (« pas un jour sans dessiner », mot à mot « pas un jour sans une ligne »)[17] et également des essais et conférences, sur James Pradier notamment.
Proche de la princesse Mathilde, il obtient des commandes pour l'église Saint-Augustin et l'église de la Madeleine à Paris. Entre 1860-1864, il réalise un Monument à François Ier pour la ville de Cognac. Il envoie à l'Exposition universelle de 1867, les bustes de Proudhon et d'Auguste Comte ainsi que le groupe monumental Les Naufragés[18], acquis pour le parc Montsouris à Paris en 1886. En 1870, il réalise le Monument à Ingres pour la ville de Montauban. Enfin, il commence le Monument à Garibaldi pour la ville de Nice ; l'œuvre sera achevée après sa mort par Gustave Deloye en 1891.
L'œuvre d'Antoine Étex comporte de nombreux portraits et bustes dont ceux de Nicolas-Toussaint Charlet, Eugène Cavaignac, Pierre-Antoine Berryer, le duc d'Orléans, le général Alfred Chanzy, Alexandre Dumas, Eugène Delacroix, François-René de Chateaubriand, Judith Gautier, Alphonse Karr, Gabriel Daubrée, Jean-Baptiste Camille Corot, Franz Liszt, etc.
Étex participe aux journées de 1830, les armes à la main sur les barricades parisiennes, et défend le palais du Louvre. Par la suite républicain convaincu, il aide et se lie avec les patriotes italiens, en particulier Macedonio Melloni.
En 1848, il est candidat à la députation, partisan de l'ordre et de la liberté, sans succès[19]. Il se lie avec le général Cavaignac dont il réalise le portrait.
Proche de Lazare Carnot et de Pierre-Joseph Proudhon, dont il réalise le portrait sculpté, il lui écrit en 1848 : « Citoyen, je suis heureux et fier de m'associer à votre œuvre régénératrice. Propriétaire et père de famille, je ne serai pas suspect en vous apportant ma part de dévouement, mon nom pur de toute souillure. Oui, je le soutiens avec vous, toute propriété qui n'est pas le fruit du travail de celui qui la possède est un vol fait à la société. 93 a détruit l'orgueilleuse noblesse, 1830 a été escamoté par Louis-Philippe au profit des intrigants ; 1848 détrônera à jamais, je l'espère, la honteuse influence de l'argent, Nos filles à marier ne seront plus cotées comme les actions des chemina de fer à la Bourse. Dieu soit loué ! Salut et fraternité. A. Étex. »[20].
En 1850, à la mort d'Honoré de Balzac, il prend l'initiative, avec l'aide d'Alexandre Dumas, de lancer une souscription pour réaliser un buste de l'écrivain[21].
En 1853, Auguste Comte signale qu'il a, un temps, été son disciple, mais regrette sa conversion aux idées socialistes[22] à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851. Plus tard, il se rapproche de l'ultra-catholique Louis Veuillot en 1862[23].
Pendant le siège de Paris, en 1870, Étex organise un bataillon de vétérans volontaires pour maintenir l'ordre dans la capitale[24].
En 1877, il publie ses souvenirs sous le titre Les souvenirs d'un artiste.
Antoine Étex meurt le à Chaville.
Il a vécu au temple de la Gloire du général Moreau à Orsay, où le peintre Corot vint faire son portrait.
En 1831, Antoine Étex était domicilié au 8 ter, rue de Furstemberg à Paris[25].
Antoine Étex a conçu de nombreux projets architecturaux : une école de natation, un opéra, l'église des sept sacrements, le tombeau de Raspail, le tombeau de Géricault, celui de Victor Schœlcher. Il s'intéressa également à l'aménagement de Paris et il formula plusieurs propositions d'aménagement urbain.
Antoine Étex s'intéresse à l'aménagement de la place de l'Europe à Paris. En 1839, il propose deux projets, non réalisés, pour y ériger une fontaine[26].
Le premier projet consiste en la mise en place d’une statue représentant l’Europe, tenant de sa main gauche un blason des armes des différentes nations européennes et de sa main droite l’épée de Charlemagne, assise sur un trône dressé au sommet d’une fontaine entourée de lions. La margelle du bassin est bordée d'allégories du Rhin et du Danube.
Le second projet propose un ensemble où des aigles aux ailes éployées cantonnent un globe terrestre orné de laurier, sur lequel est placé le groupe sommital de la statue équestre de Napoléon Ier brandissant l’étendard aux trois couleurs. Des monstres marins porteurs de fanaux bordent la margelle du bassin.
En 1848, Antoine Étex, propose d'édifier un Monument à la Liberté sur la colline de Chaillot[27].
En 1858, il projette un phare ou fontaine monumentale au centre d'une place circulaire accueillant le palais impérial et les hôtels des ministères[28].
Ces deux projets sont restés sans suite.
Antoine Étex réalisa également de nombreuses illustrations destinées à être gravées sur bois pour reproduire son œuvre maitresse, Caïn, mais également la traduction d'Halévy des tragédies grecques ainsi que La Divine Comédie de Dante.