Le Coin des Poètes (en anglais Poets' Corner) est le nom que l'on donne traditionnellement à une section du transept sud de l'abbaye de Westminster en raison du grand nombre de poètes, de dramaturges et d'écrivains qui y sont maintenant enterrés ou commémorés[1].
Le premier écrivain à y être enseveli fut Geoffrey Chaucer en 1400, qui doit sa place dans l'abbaye davantage à sa position comme Clerk of King's Works du Palais de Westminster qu'à sa gloire comme auteur[2]. Pourtant, l'érection d'un tombeau par Nicholas Brigham en l'honneur de Chaucer au milieu du XVIe siècle et l'enterrement d'Edmund Spenser à proximité en 1599 a inauguré une tradition qui s'est perpétuée, bien que cette partie abrite aussi les tombeaux de plusieurs chanoines et doyens de l'abbaye.
On y trouve aussi Thomas Parr, dont on prétend qu'il serait mort à l'âge de 152 ans en 1635, après avoir vu passer dix souverains sur le trône[3].
La dénomination originelle semble avoir été « the poetical Quarter », progressivement transformée en Poets Corner[4].
La sépulture ou la construction d'un monument dans l'Abbaye n'a pas toujours eu lieu juste après la mort. Lord Byron, par exemple, dont on admirait la poésie, mais dont le genre de vie scandalisait, est mort en 1824, mais n'a pas reçu de mémorial avant 1969. Même Shakespeare, enterré à Stratford-upon-Avon en 1616, n'a pas reçu l'honneur d'un monument jusqu'en 1740 où celui qu'a dessiné William Kent a été construit dans le Coin des Poètes.
Tous les poètes n'ont pas apprécié cette façon de célébrer les gens et l'épitaphe de Samuel Wesley pour Samuel Butler, dont on dit qu'il est mort dans la misère, perpétue le ton satirique de Butler :
« Tant que Butler, pauvre nécessiteux, vivait encore, Aucun patron généreux ne lui aurait donné de quoi dîner ;
Voyez-le maintenant quand, mort de faim, il est redevenu poussière,
On le présente avec un buste monumental.
C'est tout à fait le destin du poète qu'on voit ici, Il ne voulait que du pain et on lui a donné une pierre. »
— Samuel Wesley
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