Nom de naissance | Madeleine Yvonne Svoboda |
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Surnom | Madeleine Robinson |
Naissance |
6e arrondissement de Paris, France |
Nationalité |
Française Tchèque (d'origine) Suisse (naturalisée) |
Décès |
(à 86 ans) Lausanne, Suisse |
Profession | Actrice |
Films notables |
La Grande Maguet Une si jolie petite plage À double tour Le Gentleman d'Epsom Le Procès Camille Claudel |
Madeleine Yvonne Svoboda, dite Madeleine Robinson, née le dans le 6e arrondissement de Paris[1] et morte le à Lausanne (Suisse)[2], est une actrice franco-tchèque naturalisée suisse.
Fille de Suzanne Marie Boura, ménagère demeurant 23 rue Léon-Cladet à Sèvres, Madeleine Yvonne naît le 47 rue Jacob, à l'Hôpital de la Charité, dans le 6e arrondissement de Paris[1].
Elle est reconnue par son père, Victor Svoboda, le 11 juin 1920 à Paris 6e puis par sa mère Suzanne Marie Boura le 6 décembre 1924 à Paris 18e[1]. Son père et sa mère sont des immigrés tchèques venus très jeunes en France. Son père est ouvrier pâtissier et sa mère receveuse de tramway.
Madeleine a trois frères et elle passe sa prime jeunesse au Pré-Saint-Gervais, une banlieue au nord-est de Paris (Seine-Saint-Denis), dans un minuscule 2 pièces au 3e étage d'un immeuble. Elle dort avec son frère Serge sur un lit de camp datant de la Première Guerre mondiale. À 5 ans elle est mise en pension à Marines dans le Vexin Français. Puis elle part pour l'Italie. 4 ans plus tard elle revient, en compagnie de son frère Serge, coureur cycliste, à Marines où elle passe, et réussit avec la mention très bien, son certificat d'études primaires[3]. Ses parents se séparent lorsqu'elle a dix ans et la famille, très pauvre, se serre dans deux petites pièces sur cour. De ce fait, Madeleine commence à travailler dès l'âge de 14 ans comme ouvrière en usine puis comme vendeuse et bonne à tout faire[4].
Elle se présente au Conservatoire où elle est refusée. Puis elle est admise comme auditrice libre (étant donné qu'elle a peu de ressources) par Charles Dullin pour suivre les cours d'art dramatique qu'il dispense dans son Théâtre de l'Atelier. Pour subvenir à ses besoins, elle pose comme modèle pour des photos et commence à faire un peu de figuration.
Comme elle l'écrit dans ses mémoires, elle choisit le pseudonyme « Robinson » après avoir d'abord songé à « traduire littéralement mon nom [Svoboda] et m'appeler Madeleine Liberté ? Difficile à une époque où la bourgeoisie avait si peur des rouges »[5], puis à un mot représentatif de liberté, ce qui aurait donné « Madeleine Bastille, joli, bien sonnant, mais ridicule en un temps où l'omnibus du même nom était encore très populaire »[5]. Elle en arrive finalement au souvenir de ses lectures d'enfance, notamment de Robinson Crusoé, « je gardais de lui l'image d'un homme libre »[5].
Sa carrière devant la caméra commence en 1934 dans Tartarin de Tarascon, film réalisé par Raymond Bernard suivi d'un premier rôle dans Mioche de Léonide Moguy en 1936.
Elle tourne ensuite dans 80 films au cinéma et dans de nombreux feuilletons télévisés et téléfilms (sa dernière apparition à l'écran eut lieu en 1995 dans L'Enfant en héritage, téléfilm réalisé par Josée Dayan).
Dès les années 1930, la carrière de Madeleine Robinson est prolifique. Elle est notamment Grisou dans le film de Maurice de Canonge réalisé en 1938.
Durant les années 1940, elle tient notamment des rôles dans les films Douce de Claude Autant-Lara en 1943 et La Grande Maguet en 1947 puis partage la tête d'affiche de nombreux films avec de célèbres acteurs, comme en 1948 pour les films Entre onze heures et minuit avec Louis Jouvet ou Une si jolie petite plage aux côtés de Gérard Philipe et sous la direction d’Yves Allégret.
Actrice de premier plan durant les années 1950, elle domine Dieu a besoin des hommes (1950) de Jean Delannoy qu’elle retrouvera l’année suivante pour Le Garçon sauvage qui lui permet de remporter la Victoire du cinéma français 1952. Suivront notamment L'Homme de ma vie (1952) avec Jeanne Moreau, Leur dernière nuit (1953) avec Jean Gabin, Le Couteau sous la gorge (1955) avec Jean Servais ou encore À double tour (1959) réalisé par le jeune Claude Chabrol avec Jean-Paul Belmondo. Elle reçoit pour ce film la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise 1959.
Durant la décennie suivante, Madeleine Robinson participe entre autres au film Le Gentleman d'Epsom en 1962 de Gilles Grangier avec Jean Gabin et Louis de Funès ou encore le film à sketches Le Diable et les Dix Commandements réalisé par Julien Duvivier où elle côtoie les plus grandes vedettes de l’époque.
Devenant par la suite un solide second rôle, elle impressionne souvent avec des rôles de femme de tête comme dans Une histoire simple de Claude Sautet en 1978, J'ai épousé une ombre de Robin Davis en 1982 ou encore Camille Claudel de Bruno Nuytten en 1988.
A partir des années 1980, la comédienne est aussi très présente à la télévision dans de nombreux téléfilms où elle est notamment dirigée par Jean-Claude Brialy, Yves Boisset ou Robin Davis.
Parallèlement à sa carrière pour le septième art, Madeleine Robinson a également brûlé les planches et joué dans un grand nombre de pièces de théâtre, notamment trois grands succès, Un tramway nommé Désir, de Tennessee Williams, adapté par Jean Cocteau en 1950, Adorable Julia d'après Somerset Maugham (pièce représentée à plusieurs reprises entre 1954 et 1972, avec télédiffusion), et Noix de coco de Marcel Achard (1960, avec télédiffusion).
Elle a aussi incarné « Martha » dans la pièce Qui a peur de Virginia Woolf ? d’Edward Albee, mise en scène par Franco Zeffirelli, une production qui provoqua une polémique, « l'affaire Virginia Woolf », à cause des difficultés relationnelles de l'actrice avec son partenaire Raymond Gérôme, d'où une légende qui attribua « un sale caractère » à Madeleine Robinson[6]. Elle est récompensée pour cette pièce par le Prix de la meilleure comédienne du Syndicat de la critique (1965).On retiendra également la reprise notable des Parents terribles de Jean Cocteau, où elle joue « la tante Léo » avec Jean Marais comme partenaire et metteur en scène (1977).
Elle reçoit en 2001 un Molière d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. La comédienne était en outre Officier de la légion d'honneur, de l'ordre national du mérite et commandeur des Arts et des Lettres.
Madeleine Robinson se marie à Marseille le 24 décembre 1940 avec l'acteur Robert Dalban (dont elle a eu un fils, Jean-François, né en 1941). Par jugement du tribunal de la Seine, le couple divorce le [1].
Elle se remarie le à Chennevières-sur-Marne avec Guillaume Robert Amestoy (mariage célébré dans la stricte intimité à Chennevières sur Marne où ils étaient domicilié au 28 rue de Champigny). Le couple divorce le [1].
Elle a vécu ensuite avec l'acteur-écrivain espagnol José Luis de Vilallonga, puis avec Jean-Louis Jaubert. De sa relation avec Jean-Louis Jaubert, chanteur des Compagnons de la chanson, elle a eu une fille, Sophie-Julia (1955-1993), décédée à 38 ans du sida et pour laquelle, malgré le chagrin, elle témoignera à la télévision.
Retirée depuis des années à Montreux en Suisse, elle meurt à Lausanne le à l'âge de 86 ans[2]. Elle est incinérée[7].