Fauteuil 33 de l'Académie française | |
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Marcel Marius Gabriel Brion |
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Distinctions | Liste détaillée Prix Jules-Davaine () Prix d'Académie ( et ) Prix Montyon () Grand prix de littérature de l'Académie française () Prix des ambassadeurs () Prix Prince-Pierre-de-Monaco () Grand prix national des Lettres () Croix de guerre 1914-1918 Grand officier de l'ordre national du Mérite Officier des Arts et des Lettres Officier de la Légion d'honneur |
Marcel Brion, né le à Marseille et mort le à Paris 7e[1], est un romancier, essayiste, critique littéraire et historien de l'art français. Spécialiste de la Renaissance italienne et de l'Allemagne romantique, il est élu à l'Académie française en 1964.
Fils de l'avocat marseillais Raoul Brion (1870-1957), Marcel Brion a pour condisciples, dans sa classe de sixième du lycée Thiers de Marseille, Marcel Pagnol et Albert Cohen[2],[3],[4]. Après avoir achevé ses études secondaires au collège Champittet, en Suisse, il suit des études de droit à la faculté d'Aix-en-Provence. Avocat au barreau de Marseille entre 1920 et 1924, il abandonne très tôt sa carrière de juriste pour se tourner vers la littérature[5].
Issu d'une famille d'origine provençale et irlandaise, son nom « Brion » est une francisation de « O'Brion ».
Collaborateur régulier pour la Revue des deux Mondes et Les Nouvelles littéraires[5], Marcel Brion dirige pendant vingt ans la rubrique « Littérature étrangère » du quotidien Le Monde. Il contribue à faire connaître au public français des auteurs tels que Rainer Maria Rilke, James Joyce ou encore Dino Buzzati. À cet égard, Marcel Schneider aura ce commentaire :
En 1964, il est élu à l'Académie française au fauteuil de Jean-Louis Vaudoyer dont il était un ami proche[5].
Il meurt le , à son domicile 32, rue du Bac à Paris, où il vécut près de quarante ans et écrivit la plus grande partie de son œuvre. Marcel Brion laisse près de cent ouvrages. Il est enterré au cimetière des Longs Réages à Meudon.
Son épouse Liliane Brion-Guerry fut directrice du département esthétique au CNRS. Son fils, Patrick Brion, critique et historien du cinéma, est la « voix » du Cinéma de minuit de France 3. Sa fille, Agnès Brion, s'efforce de poursuivre l'œuvre de son père en assurant les rééditions des ouvrages de Marcel Brion et en publiant des œuvres inédites
Parmi les nombreux prix littéraires décernés à Marcel Brion :
À travers son activité d'historien de l'art, Marcel Brion s'est intéressé avant tout aux différents aspects de la civilisation européenne : la musique, avec en particulier son Mozart, la peinture, la sculpture, les icônes. Cette multiplicité des thèmes et des cultures lui vaut d'être aujourd'hui traduit en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Russie, pays dont l'héritage lui a inspiré des articles et des livres qu'il considérait lui-même comme autant de « voyages » dans un sens presque initiatique, de ces voyages dont il écrit, dans son essai sur Novalis : « La durée du voyage ignore toutes les limites que le temps met à l'activité de l'homme ».
Il s'est illustré avec une série d'ouvrages sur l'art de la Renaissance italienne : Giotto (1928), Botticelli (1932), Michel-Ange (1939) ou Léonard de Vinci (1952).
En tant qu'historien, il aborde dans ses biographies des personnages aussi divers que Frédéric II du Saint-Empire (Frédéric II de Hohenstaufen, 1948), Laurent le Magnifique (1937), Machiavel (1948), Las Casas (1928) ou Rudyard Kipling (1929).
Toutefois, l'autre grand versant de son travail de critique et d'historien concerne l'Allemagne et le romantisme, avec les quatre volumes de son Allemagne romantique, où il analyse notamment l'œuvre de Heinrich von Kleist, Brentano, Hoffmann, Eichendorff, Hölderlin, Schiller et Achim von Arnim ; ses ouvrages sur Goethe ou sur Robert Schumann et l'âme romantique ; de même, sa synthèse sur le fantastique (Art fantastique, 1961). Enfin, à partir des années 1950, Marcel Brion consacre plusieurs textes à la peinture contemporaine : Art abstrait (1956), Braque (1963).
Un recueil posthume, publié en 1994 aux éditions José Corti, Les Labyrinthes du temps : Rencontres et choix d'un Européen, rassemble des articles de Marcel Brion sur Huysmans, James Joyce, Hofmannsthal, Thomas Mann, Robert Walser, Hermann Hesse et d'autres auteurs.
« La substance du rêve est la conscience d'un manque », écrit Marcel Brion dans le roman Algues (1976). Dans une ambiance incertaine de « passage », de « traversée », où se mêlent l'errance et le doute, la nostalgie et l'envoûtement, l'œuvre de fiction, inaugurée dès 1929 par Le Caprice espagnol, culmine avec des romans comme Château d'ombres (1943), L'Enchanteur (1965), La Fête de la tour des Âmes (1974) ou le recueil de nouvelles Les Escales de la haute nuit (1942). Au milieu d'un univers où les frontières tendent à se dissoudre entre le réel et l'imaginaire, l'auteur laisse surgir, comme malgré lui, des personnages mystérieux, tragiques, tel le « Maréchal de la Peur », qui donnent au lecteur la sensation de pénétrer dans un clair-obscur à la fois fantasmatique et étrangement familier. Ces thèmes du songe, de la magie, du hasard, de l'inconnu, se retrouvent dans chacun de ses romans ou nouvelles.
Nombre de ces textes sont aujourd'hui disponibles, réédités chez leur éditeur d'origine ou publiés en édition de poche.