Marcel Dubois, né le à Paris et mort le à Romilly-sur-Andelle, est un historien et géographe français. Il est, à partir de 1893, professeur de géographie coloniale à la faculté des lettres de Paris. Il développe alors un courant français de géographie coloniale, économique et appliquée, très actif au début du XXe siècle.
Major au concours de l'agrégation d'histoire et géographie (1879), il est immédiatement nommé élève de l’École française d'Athènes où il prépare ses thèses de doctorat ès lettres en histoire grecque antique[1]. Il les soutient le 3 novembre 1884 à la Faculté de Paris[2]. La première, en français, porte sur les ligues etolienne et achéenne[3]; tandis que la deuxième, en latin, s'intéresse à l'insularité[4].
D'abord maître de conférences d'histoire et d'antiquités grecques à l'université de Nancy en 1882, il devient maître de conférences de géographie générale en 1885, puis professeur de géographie coloniale à la Sorbonne en 1892 : il y poursuit le reste de sa carrière. Décrit comme particulièrement charismatique et populaire chez les étudiants parisiens de la Belle Époque[5], il y forme de nombreux élèves (parmi lesquels Henri Schirmer, mais surtout Augustin Bernard), et y développe toute une pensée de géographie coloniale, marquée par une certaine hétérogénéité et de nombreux ouvrages (en particulier de géographie scolaire) et articles, dans des revues érudites comme dans la presse. Il est également maître de conférences à l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres pendant près de trente ans[6].
En 1891, il fonde avec son maître Vidal de la Blache la revue des Annales de géographie. Il en quitte la direction en 1895, sans doute pour des raisons de divergence d'opinions scientifiques. Il a également été vice-président de la Société de géographie[7].
À la fin du XIXe siècle, il s'engage résolument comme antidreyfusard, essentiellement par nationalisme : il fait partie des fondateurs de la Ligue de la Patrie française et occupe une place certaine dans les premières années du mouvement[5]. Ceci augmente certainement (sans en être la cause immédiate) la distance et la rivalité qui le séparent de Vidal et de ses disciples "légitimes", en particulier Lucien Gallois.
Notions élémentaires de géographie générale, Paris, G. Masson.
1885 : Les Ligues étolienne et achéenne. Leur histoire et leurs institutions, nature et durée de leur antagonisme, Paris, Ernest Thorin, Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, fascicule 40.
1887 : Géographie de la France. Géographie physique, géographie historique, politique et économique, éléments de géographie coloniale, Paris, G. Masson.
Géographie de la France et de ses colonies, Paris, G. Masson.
« L’hydrographie des eaux douces. Méthodes employées pour l’étudier : recherche d’une meilleure classification I », dans Annales de géographie, vol. 2, no 5, p. 1-10.
1894 : « Leçon d’ouverture du cours de géographie coloniale »", dans Annales de géographie, no 10, p. 121-137.
1895 : Systèmes coloniaux et peuples colonisateurs. Dogmes et faits, Paris, Plon.
1914 : « Géographie et géographes (à propos d’une thèse) », dans Le Correspondant, avril-mai, no 2, p. 833-863.
En collaboration :
1881 : avec Amédée Hauvette-Besnault, « Inscriptions de l’île de Cos », dans Bulletin de correspondance hellénique, vol. 5, no 1, p. 201-240Lire en ligne.
avec A. Parmentier, Géographie générale du monde, Europe, Asie, Afrique, Océanie, Amérique, étude spéciale du bassin de la Méditerranée, classe de Sixième, Paris, G. Masson.
avec A Thalamas, Géographie élémentaire des cinq parties du monde, classe de huitième, Paris, G. Masson.
avec Paul Vidal de la Blache, « Avis au lecteur », dans Annales de géographie, tome 1, no 1, p. 3-6.
↑Nicolas Ginsburger, « Des îles grecques à la géographie coloniale : Marcel Dubois à la conquête de la Sorbonne (1876-1895) », Cybergeo : European Journal of Geography, (ISSN1278-3366, DOI10.4000/cybergeo.28368, lire en ligne, consulté le )
↑Marcel Dubois, Les Ligues étolienne et achéenne, leur histoire et leurs institutions, nature et durée de leur antagonisme, Paris, E. Thorin, 1885, 239 p., URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5335951k, consulté le 27 novembre 2023.
↑ a et bNicolas Ginsburger, « La Belle Époque d’un géographe colonial : Marcel Dubois, universitaire et figure publique, entre Affaire Dreyfus et Entente cordiale (1894-1905) », Cybergeo, (ISSN1278-3366, DOI10.4000/cybergeo.29138, lire en ligne, consulté le )
↑Numa Broc, « Nationalisme, colonialisme et géographie : Marcel Dubois (1856-1916) », dans Annales de géographie, tome 87, no 481, 1978, p. 326-333.
↑Christophe Charle, « 35. Dubois (Edmond, Marcel) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 1, , p. 64–65 (lire en ligne, consulté le )
Lucien Gallois, « Marcel Dubois » (nécrologie), dans Annales de Géographie, tome 25, no 138, 1916. p. 466 Lire en ligne.
Numa Broc, « Nationalisme, colonialisme et géographie : Marcel Dubois (1856-1916) », dans Annales de géographie, tome 87, no 481, 1978, p. 326-333.
Christophe Charle, « 35. Dubois (Edmond, Marcel) », dans Les professeurs de la faculté des lettres de Paris – Dictionnaire biographique 1809-1908, Paris : Institut national de recherche pédagogique, 1985, p. 64-65Lire en ligne.
(en) Hugh Clout, « Marcel Dubois », dans Geographers : biobibliographical Studies, vol. 30, 2011, p. 134-151.
Nicolas Ginsburger :
« Des îles grecques à la géographie coloniale : Marcel Dubois à la conquête de la Sorbonne (1876-1895) », dans Cybergeo : European Journal of Geography, 2017 [En ligne] Lire en ligne.
« La Belle Époque d’un géographe colonial : Marcel Dubois, universitaire et figure publique, entre Affaire Dreyfus et Entente cordiale (1894-1905) », dans Cybergeo : European Journal of Geography, 2018 (En ligne) Lire en ligne