Paul Mba Abessole | |
Fonctions | |
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Ministre d'État, ministre gabonais des Droits de l'Homme | |
– (11 mois et 25 jours) |
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Président | Omar Bongo |
Premier ministre | Jean-François Ntoutoume Emane |
Vice-premier ministre gabonais Ministre de l'Agriculture, de l'Élevage, du Développement rural et des Droits de l'Homme | |
– (1 an, 7 mois et 15 jours) |
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Président | Omar Bongo |
Premier ministre | Jean-François Ntoutoume Emane |
Vice-premier ministre gabonais Ministre des Transports, de l'Aviation civile, des Missions et des Droits de l'Homme | |
– (1 an, 4 mois et 16 jours) |
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Président | Omar Bongo |
Premier ministre | Jean-François Ntoutoume Emane |
Vice-premier ministre gabonais Ministre des Transports et de l'Aviation civile | |
– (1 an et 4 jours) |
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Président | Omar Bongo |
Premier ministre | Jean Eyeghe Ndong |
Vice-premier ministre gabonais chargé de la Présidence de la République Ministre des Droits Humains, de la Refondation, de la Coordination des Grands Travaux et des Fêtes tournantes | |
– (11 mois et 4 jours) |
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Président | Omar Bongo |
Premier ministre | Jean Eyeghe Ndong |
Vice-premier ministre gabonais Ministre de la Culture, des Arts, de l’Éducation populaire, de la Refondation et des Droits de l'Homme | |
– (1 an, 6 mois et 23 jours) |
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Président | Omar Bongo |
Premier ministre | Jean Eyeghe Ndong Paul Biyoghe Mba |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Gabon, Ngnung-Ako |
Nationalité | Gabonaise |
Parti politique | MORENA, puis RNB, puis RPG |
Diplômé de | Paris X Nanterre, Université Paris Sorbonne |
Profession | Politicien |
Religion | Catholique |
Résidence | Libreville, Gabon |
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Paul Mba Abessole, né le [1],[2], est un homme politique gabonais, dirigeant du Rassemblement national des bûcherons (RNB) puis du Rassemblement pour le Gabon (RPG), opposant de premier plan au président Omar Bongo durant les années 1990. Il se porta trois fois candidat à l’élection présidentielle (en 1993, 1998 et 2016) et fut maire de Libreville, la capitale, de 1996 à 2003[3],[4]. De 2002 à 2009, il participa à plusieurs gouvernements, la plupart du temps en tant que vice-premier ministre.
Paul Mba Abessole est né en 1939 à Ngnung-Ako (Kango), dans le département du Komo, province de l'Estuaire, au Gabon.
Il fait ses études supérieures en France dans la congrégation du Saint-Esprit et est ordonné prêtre le [1] ; il obtiendra par la suite trois doctorats : en théologie, en sciences religieuses et en linguistique[2].
Prêtre au Gabon jusqu'en 1976, il s'exile en France après cette date[2]. Critiquant le président Bongo et la politique du parti unique incarnée par le Parti Démocratique Gabonais (PDG), il tente de se présenter à l'élection présidentielle gabonaise en 1979, mais il n'en aura pas la possibilité[5].
En France, il se lie d'amitié avec le journaliste français Pierre Péan qui publiera en 1983 Affaires africaines[6]. Il se lie aussi avec les opposants gabonais de Paris et fonde avec eux et quelques étudiants la division parisienne du MORENA (Mouvement pour le Redressement National (en)) de Simon Oyono Aba'a. Ce mouvement, fondé le , fera renaître la contestation politique dans un Gabon sous régime du parti unique depuis 1967.
Durant les années 1980, il est le chef en exil du MORENA et milite pour un changement politique pacifique au Gabon.
En , le président Omar Bongo, souhaitant montrer l'ouverture du régime, autorise le retour de Mba Abessole au Gabon pour une semaine. Il est, à cette occasion, « traité plus comme un dignitaire en visite que comme le leader d'un parti politique dissous » ; Omar Bongo le rencontre et lui dit qu'il serait prêt à considérer les réformes qu'il propose. Cette attitude conciliante aurait dérangé certains tenants de la ligne dure du PDG[7].
À la suite de cette visite, Mba Abessole rentre définitivement d'exil en . À l'issue de la conférence nationale de mars-, Omar Bongo lui propose le poste de ministre de la justice, mais Paul Mba Abessole refuse de participer au gouvernement[1].
En 1990, lors de la conférence nationale, Paul Mba Abessole crée le Morena-Bûcherons qui devient en 1991 le RNB (Rassemblement national des bûcherons). Aux élections parlementaires de 1990, il se présente comme candidat du MORENA à Libreville. Au premier tour, il recueille 49,44 % des voix, un peu moins que la majorité requise pour une victoire au premier tour ; suspectant une fraude, il refuse de participer au second tour et appelle à le boycotter[7].
Le , il annonce sa candidature à l'élection présidentielle comme candidat du RNB[8]. Il est le principal candidat de l’opposition et arrive second avec 26,5 % des voix, selon les résultats officiels, tandis qu'Omar Bongo est crédité d'une courte victoire dès le premier tour[9]. Dénonçant les résultats officiels comme frauduleux, Paul Mba Abessole s'auto-proclame président et nomme Pierre-André Kombila, premier secrétaire du parti, comme Premier ministre[10]. Sa maison de Libreville ainsi que la station radio d'opposition « Radio liberté » sont détruites par la garde présidentielle en , entraînant son départ pour Paris[1].
En , le premier ministre Casimir Oye Mba offre au RNB d'entrer au gouvernement mais Paul Mba Abessole rejette cette offre[11]. Il refuse aussi de participer au gouvernement du premier ministre Paulin Obame Nguema, formé après la signature des accords de Paris entre le gouvernement et l’opposition en [7].
Paul Mba Abessole est élu maire de Libreville le , à l'issue des élections municipales de 1996[12]. Il devient le premier maire élu par le conseil municipal depuis Léon Mba en 1956, ses prédécesseurs ayant été nommés par décret présidentiel. Il conserve son mandat jusqu'au [13].
Avant l'élection présidentielle de , le premier secrétaire Pierre-André Kombila est exclu du parti en juillet et forme un parti dissident, le Rassemblement national des Bûcherons - Démocratique tandis que Paul Mba Abessole reste à la tête du Rassemblement national des Bûcherons - Rassemblement pour le Gabon, dominée par l'ethnie Fang.
Paul Mba Abessole est officiellement désigné comme candidat à l'élection présidentielle lors d'un congrès extraordinaire à Libreville en [14]. À cette époque, il est considéré comme l'opposant le plus connu du Gabon ; pourtant, sa crédibilité en tant que chef de l’opposition a souffert de la scission du RNB[15]. Il n'arrive qu'en troisième position avec 13,1 % des voix selon les résultats officiels. Pierre Mamboundou, perçu comme un opposant moins radical, arrive second[9]. Omar Bongo gagne avec une écrasante majorité.
Paul Mba Abessole dénonce une « fraude d'État unique dans l'histoire électorale gabonaise »[2].
En , le « RNB - RPG » devient le « RPG » (Rassemblement pour le Gabon) toujours avec Paul Mba Abessole à sa tête[16]. Il est élu député aux élections législatives de 2001 face à Jean Eyeghe Ndong.
Le , Paul Mba Abessole, avec trois autres opposants[17], rentre au gouvernement en tant que ministre d'État, officiellement sous l’étiquette « RNB/RPG, opposition »[18],[19],[20]. Il devient en outre vice-Premier Ministre le [21],[22]. Plus tard, son portefeuille sera remanié et il sera nommé vice-Premier ministre, ministre des Transports[22],[23]. En 2003, il renonce à briguer la mairie de Libreville.
En , Paul Mba Abessole rejoint la Majorité Présidentielle, alliance des partis soutenant Omar Bongo[24],[25].
Un mouvement de jeunesse, le Mouvement des Enfants de Bongo Ondimba, demande que Mba Abessole devienne directeur de campagne d'Omar Bongo pour l'élection présidentielle de 2005 ; il demande aussi qu'il devienne Premier ministre si Omar Bongo gagne l'élection[26]. Le président Bongo accepte cette éventualité et, le , Mba Abessole déclare y être disposé[26],[27].
Paul Mba Abessole et Jean Eyeghe Ndong s'affrontent aux élections législatives de 2006. Jean Eyeghe Ndong profite sans doute de sa position de Premier ministre et bat Paul Mba Abessole. Le président Bongo le maintient dans le gouvernement[28]. Dans le nouveau gouvernement de 2007, Paul Mba Abessole conserve sa position de vice-Premier ministre. Il est chargé des grands travaux et des fêtes tournantes[29],[30],[31].
Aux élections sénatoriales du , Paul Mba Abessole est élu au premier siège du second arrondissement de Libreville, laissé vacant par Jean Eyeghe Ndong, et pour lequel il était le seul candidat[32]. Il reste Vice-Premier ministre dans le nouveau gouvernement du [22].
Paul Mba Abessole est tête de liste du RPG pour le second arrondissement de Libreville, à l'occasion des élections municipales d'. À la suite, il dépose un recours en révision de l'élection et est débouté par la Cour constitutionnelle[33].
À la suite du décès du Président Omar Bongo en , le RPG tient son 11e congrès extraordinaire le et désigne Paul Mba Abessole, son président, comme candidat à l'élection présidentielle de 2009[34]. Il est immédiatement soutenu par deux partis importants, le MORENA et le RNB, membres de la Majorité Présidentielle, ainsi que par le Parti d'Égalité de Chance (PEC, opposition)[35],[36]. En conséquence, Paul Mba Abessole est exclu du gouvernement formé le par le Premier ministre Paul Biyoghé Mba[22],[37],[38].
En compagnie de plusieurs autres candidats, Paul Mba Abessole est présent le à une manifestation interdite réclamant la démission de son poste de ministre de l'intérieur du candidat PDG à la présidentielle, Ali Bongo, fils du président défunt[39]. À la mi-août, Paul Mba Abessole dénonce dans la désignation du fils d'Omar Bongo comme candidat le projet d'« une monarchie qui veut s'imposer dans notre pays » et appelle à se « battre jusqu'à ce que les monarchistes soient rejetés ».
Fin août, juste avant l'élection, Paul Mba Abessole et quatre autres candidats annoncent qu'ils retirent leur candidature en faveur de André Mba Obame, qui fut Premier ministre PDG et qui se présentait comme candidat indépendant[40]. André Mba Obame n'arrive toutefois que deuxième à l'élection, avec 26 % des voix, derrière Ali Bongo (42 %)[41]. Les élections sont suivies de manifestations violentes à Port-Gentil[42],[43],[44].
Quelques jours après la proclamation des résultats, Paul Mba Abessole tente de se rendre en Côte d'Ivoire mais en est empêché par la police. Le ministre de l'intérieur justifie cette interdiction, le , par des investigations que mènerait le gouvernement au sujet des émeutes de Port-Gentil[45].
Après une éclipse politique en 2010[46], Paul Mba Abessole, avec 9 voix d'avance sur 1 163 suffrages exprimés, est élu député du Komo[47], devant le candidat du PDG, aux élections législatives du . Il est cinquième vice-président de l'Assemblée nationale[48].
En 2016, il est candidat à l'élection présidentielle et recueille 0,21 % des voix[49].
En 2017, à 78 ans, il déclare abandonner la présidence du RPG, ce qui est interprété comme un retrait de la vie politique[50],[51].
Paul Mba Abessole a développé deux slogans qui particularisent sa pensée politique.
La Fête des cultures est un acte politique destiné à contribuer à l'unité du peuple gabonais. Elle est devenue, depuis sa création en 1996 à l’initiative de Paul Mba Abessole, un des grands rendez-vous culturels du pays[60],[61],[62],[63]. Il explique ainsi la raison de la création de cette fête :
« Connaître son histoire personnelle et celle de son peuple est de la plus haute importance. [...] C'est, eu égard à cette réalité, que mes amis du Rassemblement Pour le Gabon et moi avons lancé l'idée de la fête des cultures alors que nous étions à la tête de la Mairie de Libreville. [...] Nous étions partis du constat que les Gabonais vivaient les uns à côté des autres [...] Il fallait donc changer cet état de chose. Nous devions instaurer l’ère des échanges et de la construction de la nation gabonaise, l'ère de la convivialité. »
— Paul Mba Abessole, Aux sources de la culture Fang