Ulrich von Brockdorff-Rantzau | |
Ulrich von Brockdorff-Rantzau en 1918. | |
Fonctions | |
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Ministre du Reich aux Affaires étrangères | |
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Chancelier | Philipp Scheidemann |
Gouvernement | Scheidemann |
Prédécesseur | Wilhelm Solf (Empire allemand) |
Successeur | Hermann Müller |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Schleswig (province du Schleswig-Holstein) |
Date de décès | (à 59 ans) |
Lieu de décès | Berlin (Allemagne) |
Nationalité | Allemande |
Diplômé de | Université de Neuchâtel Université de Fribourg-en-Brisgau Université Humboldt de Berlin Université de Leipzig |
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Ulrich Graf [a] von Brockdorff-Rantzau, né le à Schleswig (province du Schleswig-Holstein) et mort le à Berlin, est un diplomate et homme politique allemand.
Ministre des Affaires étrangères en 1919, il est ambassadeur en URSS entre 1922 et 1928.
Issu de deux lignées comtales du Holstein, les Rantzau (de) et les Brockdorff, Ulrich von Brockdorff-Rantzau entre dans la carrière diplomatique en 1894.
Il a une carrière assez classique pour un aristocrate doué et ambitieux ayant des relations à la Cour de Guillaume II (dont une parenté avec le chancelier Bernhard von Bülow) et dans les milieux gouvernementaux. Il est secrétaire d'ambassade à Saint-Pétersbourg (1897-1901) et à Vienne (1902-1905 et 1907-1909), deux capitales essentielles pour la politique allemande. À Vienne, il fréquente le cercle de Houston Stewart Chamberlain avec lequel il entretient une correspondance suivie jusqu'en 1914, correspondance qui témoigne de son intérêt pour les spéculations d'ordre philosophique. Il ne semble pas être influencé par l'antisémitisme de Chamberlain. Consul général à Budapest de 1909 à 1912, il montre un intérêt particulier pour les questions économiques, qui caractérisera toute sa carrière. Il est partisan d'une pénétration économique pacifique de l'Allemagne en Mitteleuropa.
Ambassadeur à Copenhague (1912-1918), il échoue dans sa tentative de régler le délicat problème de la minorité danoise du Schleswig-Holstein. Il souhaite surtout détacher le Danemark – et les pays Scandinaves – de la sphère d'influence britannique pour l'intégrer dans la sphère économique allemande. Partisan d'une politique libre-échangiste, il compte sur la puissance économique pour affirmer la prépondérance allemande en Europe centrale et en Europe du Nord. Il contribue, en 1914, à la neutralité bienveillante du Danemark et évite des mesures militaires à l'encontre du royaume. Il mène une active politique de propagande depuis Copenhague et participe à plusieurs sondages de paix en direction de la Russie. Surtout, il est converti par l'émigré russe Alexandre Parvus à l'idée de favoriser la révolution en Russie. Dès , il s'efforce de convaincre Bethmann Hollweg. L'idée est de provoquer un démembrement de l'Empire russe, d'intégrer une Russie affaiblie dans la sphère d'influence allemande et de lutter alors, à armes égales, contre la domination économique britannique. Il contribue à la décision du transfert de Lénine en Russie.
Dès cette époque, il n'agit pas comme simple diplomate, mais prétend contribuer à la définition de la politique allemande, n'hésitant pas à s'opposer à Berlin. Ses relations avec la Oberste Heeresleitung (le commandement suprême de l'armée allemande lors de la Première Guerre mondiale) sont difficiles, ce qui renforce son antipathie à l'égard des militaires. Il noue, par contre, d'excellentes relations avec les sociaux-démocrates allemands. Aussi le proposent-ils comme secrétaire d'État aux Affaires étrangères lors de la formation du gouvernement Max de Bade, en . Il refuse, estimant ne pas avoir suffisant d'autonomie pour mener la politique qu'il appelle de ses vœux.
Persuadé de la nécessité de réformes et très critique à l'égard du régime, il s'adapte aisément à la nouvelle situation et accepte, en , le poste de secrétaire d'État aux Affaires étrangères, proposé par Ebert et Scheidemann. Il pose des conditions (soutien total à sa politique, élection rapide d'une Assemblée constituante, maintien d'une économie libérale, limitation de la compétence des soviets) qui montrent qu'il entend affirmer la priorité de la politique étrangère et la diriger seul. Il est persuadé que la nouvelle Allemagne démocratique a un droit moral à une paix juste et à la réintégration sur un pied d'égalité dans le cercle des puissances européennes. Pour y parvenir, elle doit s'appuyer sur son potentiel économique intact, sur sa capacité de consommation et sur le fait qu'une Allemagne trop affaiblie serait une porte ouverte au bolchevisme. Il s'agit de convaincre les États-Unis de l'intérêt que représente pour eux une Allemagne prospère.
Il refuse un traité inapplicable qui mettrait durablement l'Allemagne à la merci de l'Entente. Face aux exigences de Foch, en février 1919, il se prononce pour une rupture des négociations à la Commission d'armistice, mais se heurte à un refus de son gouvernement. Dès lors, il commence à développer un sentiment d'échec qui va jusqu'au délire de persécution. Il est persuadé que l'on sabote sa politique et dénonce, en particulier, l'action néfaste de Matthias Erzberger, chef de la délégation allemande à la Commission d'armistice, partisan d'une attitude plus conciliante. Il est, par ailleurs, convaincu, et le restera jusqu'à sa fin, qu'un rejet du traité précipiterait l'éclatement de l'Entente et permettrait à l'Allemagne de se rapprocher des Anglo-Saxons. À Versailles, il adopte une attitude intransigeante, s'élève violemment contre la thèse de la culpabilité exclusive de l'Allemagne, et remet un mémorandum sur la question aux Alliés, malgré l'opposition de son gouvernement. Refusant la signature, il quitte Versailles et la conférence de paix, puis démissionne en juin de son poste de ministre des Affaires étrangères.
En 1922, il devient ambassadeur en Union soviétique où il travaille, avec Gueorgui Tchitcherine, à la consolidation du rapprochement germano-soviétique inauguré par le traité de Rapallo. En , le traité germano-soviétique de Berlin contrebalance le traité de Locarno de 1925, qui semblait trop rapprocher l'Allemagne des puissances occidentales.