Charmes se situe entre Nancy et Épinal, au pied d’une colline des Côtes de Moselle nommée le Haut-du-Mont et près de la vaste forêt de Ternes composée en grande partie de charmes qui ont donné son nom à la ville.
La commune est traversée par le canal de l'Est et la Moselle, son environnement naturel est préservé avec notamment au nord l'étendue de la forêt déjà citée.
Sur les bords du canal de l'Est se trouvent un port de plaisance[1] et un vaste ensemble destiné aux camping-cars. Charmes est une cité dont le développement touristique bénéficie de ses infrastructures, de sa situation à mi-chemin entre Nancy et Épinal et de la proximité de la voie rapide (Lorraine vers le Luxembourg, la Suisse et l’Italie) et du massif vosgien.
Son altitude moyenne par rapport au niveau de la mer est de 284 m.
La commune est située dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la Moselle[3], le ruisseau du Grand Bief[4], le ruisseau de la Forêt[5], le ruisseau de la Varroie[6], le ruisseau de Socourt[7], le ruisseau de Viller[8], le ruisseau de Pratieux[9], le ruisseau de Vincey[10], le ruisseau d'Essegney[11], le ruisseau du Breuil[12] et le ruisseau du Genet[13],[Carte 1].
Le ruisseau du Grand Bief, d'une longueur totale de 12 km, prend sa source dans la commune et se jette dans la Moselle à Bainville-aux-Miroirs, après avoir traversé trois communes[15].
Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Nappe des Grès du Trias Inférieur ». Ce document de planification, dont le territoire comprend le périmètre de la zone de répartition des eaux[Note 1] de la nappe des Grès du trias inférieur (GTI), d'une superficie de 1 497 km2, est en cours d'élaboration. L’objectif poursuivi est de stabiliser les niveaux piézométriques de la nappe des GTI et atteindre l'équilibre entre les prélèvements et la capacité de recharge de la nappe. Il doit être cohérent avec les objectifs de qualité définis dans les SDAGERhin-Meuse et Rhône-Méditerranée. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le conseil départemental des Vosges[16].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,6 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 886 mm, avec 12,4 jours de précipitations en janvier et 9,9 jours en juillet[17]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Mirecourt-inra », sur la commune de Mirecourt à 14 km à vol d'oiseau[19], est de 10,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 824,3 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 39,5 °C, atteinte le ; la température minimale est de −19,5 °C, atteinte le [Note 2],[20],[21].
Au , Charmes est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[24].
Elle appartient à l'unité urbaine de Charmes[Note 3], une agglomération intra-départementale regroupant trois communes, dont elle est ville-centre[Note 4],[25],[26]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Charmes, dont elle est la commune-centre[Note 5],[26]. Cette aire, qui regroupe 10 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[27],[28].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (58,2 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (58,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (56,8 %), zones urbanisées (9,8 %), terres arables (8,4 %), prairies (8,4 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,5 %), zones agricoles hétérogènes (4,3 %), eaux continentales[Note 6] (2,4 %), mines, décharges et chantiers (2,1 %), cultures permanentes (1,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1,4 %)[29]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Les habitants de la commune sont appelés les Carpiniens, mot dérivé de « Carpini », nom sous lequel Charmes se lit dans le « parvillé» du diocèse de Toul en référence à sa forêt plantée de charmes.
L'origine de Charmes remonte à l'époque gallo-romaine : avec une castra stativa ou une villa.
Au Xe siècle, pour se protéger des raids hongrois qui ravageaient la région, les comtes de Toul construisent un château fort agrémenté d'une enceinte fortifiée. La dénomination Carpini, qui a donné Charmes, fait alors référence à l'importante forêt d'arbres du même nom qui la borde.
Pendant la guerre de Trente Ans, Richelieu et Charles IV de Lorraine signent le célèbre traité de Charmes en 1633. Charles IV reprend cependant rapidement les armes. En représailles, les Français brûlent Charmes en 1635. S'ensuivirent le démantèlement des fortifications puis les pillages, les épidémies et la misère jusqu'à la fin du siècle. Lors du XVIIIe siècle désormais en paix la ville retrouve peu à peu sa prospérité en attendant le rattachement de la Lorraine à la France en 1766.
Charmes subit une nouvelle destruction en 1870, lors de la guerre avec la Prusse : elle ne sera libérée que trois ans plus tard.
En 1944, lors de la libération de la France, les derniers occupants allemands évacuent la ville le 1er septembre. Le lendemain 2 septembre, le maquis du lieutenant Paul Martin prend l'hôtel de ville[30]. Mais le 3 septembre, deux automobiles de la Feldgendarmerie allemande parcourent les rues, elles sont alors attaquées par les maquisards[31]. Les véhicules sont mis hors d'usage, un feldgendarme est tué, un autre est fait prisonnier mais les autres parviennent à s'échapper[30]. L'après-midi une troupe allemande forte de 300 soldats d'infanterie appuyés par trois blindés arrive par la route d'Essegney[30]'. Après un engagement avec les maquisards, et la perte d'un blindé sur une mine, ils se retirent dans la soirée. Le lundi , à défaut d'attaque allemande, les FFI essayent de renforcer leurs défenses. Mais ils sont faiblement armés : quatre mitrailleuses, quelques mitraillettes et de vieux fusils Lebel[30]. À la tombée de la nuit, 600 Waffen SS attaquent. Après une résistance sur le pont de la Moselle, le combat se poursuit dans le village[30]. Le lendemain, 5 septembre les Allemands, maîtres des lieux, se livrent au pillage, incendient la ville et déportent plus de 150 personnes[30]. dans les camps de concentration. 100 d'entre eux ne reviendront pas dont le maire, Henri Breton, âgé de 76 ans, qui s'était proposé lui-même de partir avec les désignés au départ. La ville ne sera libérée que le par les Américains, les Allemands l'évacuant après un violent bombardement de l'artillerie alliée[30].
Des témoignages émouvants de solidarité sont apportés de tous côtés, en particulier de Madagascar et par l'Association américaine « Arcanum et 75e Division Fondation ».
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[37]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[38].
En 2022, la commune comptait 4 489 habitants[Note 7], en évolution de −4,61 % par rapport à 2016 (Vosges : −2,96 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
Grandes brasseries de Charmes : pendant 107 ans de 1864 à 1971, la ville de Charmes a brassé de nombreuses bières dont Kanterbräu et fut l'une des plus grandes brasseries françaises[44] en produisant 70 000 hectolitres de bière annuellement parmi les 2 732 brasseries existantes en France à la fin du XIXe siècle.
Société Patisfrance[45],[46] : en 1946 fut créée la société Patisfrance, qui associait à la conserverie d'avant-guerre Paul Dufour, quatre autres fabricants de produits pour la pâtisserie : fusion caractéristique de l'économie moderne. Ce groupe est aujourd'hui un leader européen dans le domaine des fruits secs et en conserve. Il exporte dans 35 pays, répartis sur cinq continents, mirabelles, quetsches et myrtilles de Lorraine. En 2022, Puratos investit 4 millions d'euros pour fournir du levain liquide à 10 000 boulangers-pâtissiers français[47].
Trane : entreprise d'origine américaine fabriquant des équipements aérauliques et frigorifiques industriels, installée depuis 1974[48].
Richard-Ducros : usine métallurgique fabriquant des structures métalliques, installée depuis 1962. Mise en liquidation judiciaire en 2011, l'entreprise a été rachetée depuis lors par le groupe Matière[49] et a pu conserver ses employés.
United Springs : entreprise spécialisée dans la fabrication en petites et moyennes séries, de ressorts de compression (fil rond, ovoïde et courbes) de torsion, de traction de 0,15 à 16 mm de diamètre, ainsi que des pièces façonnées cambrées en fil et en feuillard dans une grande variété de matières[50].
L'hôtel de ville et ses trois cloches fondues par Maurice et Amédée les Bonnevie vers 1770[51].
Près de la chapelle Notre-Dame-de-Grâce, bas-relief de Jean Lambert-Rucki montrant le Miracle de Saint Arnould[52], patron des brasseurs à l'angle de mur des anciennes brasseries.
un vitrail dit des trois morts et des trois vifs, représentation montrant trois jeunes gentilshommes interpellés dans un cimetière par trois morts, qui leur rappellent la brièveté de la vie et l'importance du salut de leur âme ;
la chapelle Saint-Hubert fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [69]. Le reste de l'église fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [69].
Chapelle des morts dédiée à Notre-Dame-de-Grâce, rue des capucins et plus anciennement à Notre-Dame-de-Pitié[70], fondée vers 1480 par Jean Thomassin dit Le Petit Thomassin[71], avec ses statues des XIVe et XVIe siècles. Elle fut parfois connue sous le nom de Chapelle du cimetière, un cimetière l'ayant entourée jusque la fin du XIXe siècle. Le fondateur, Le Petit Thomassin, y fut inhumé comme le rappelle une inscription près de l'autel : "Cy gist le petit Thomassin de Charme fondateur de ceste chapelle qui trespassa le 24 mars 1498"[72].
Ancienne scierie centenaire de la fin du XIXe siècle fonctionnant au rythme de l'eau.
Stèle à Maurice Barrès sur la place principale « De la campagne en toute saison, s’élève le chant des morts. Un vent léger le porte et le disperse comme une senteur. Que son appel vous oriente » (Amori et dolori sacrum, 1903).
D'azur à la levrette d'argent, tenant en ses pattes une croix de Lorraine d'or[85].
Commentaires : le sceau de Charmes du XVIIe siècle représentait un chien passant sans indication d'émaux. Le blason actuel apparaît dès le siècle suivant, il est accompagné de la devise qui témoigne de la fidélité de ses habitants envers les ducs de Lorraine[86]. Le chien est l'incarnation symbolique de la fidélité au maître[87]. Le blason communal représenté sur la façade de l'hôtel de ville est légèrement différent. L'artiste qui le réalisa plaça la croix de Lorraine dans un écusson de gueules et contourna la tête de la levrette.
↑Une zone de répartition des eaux est une zone comprenant les bassins, sous-bassins, fractions de sous-bassins hydrographiques et systèmes aquifères définis dans le décret du 29 avril 1994, où sont constatées une insuffisance, autre qu'exceptionnelle des ressources par rapport aux besoins.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite ville-centre lorsque sa population représente plus de 50 % de la population de l’agglomération ou de la population de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Charmes comprend une ville-centre et deux communes de banlieue.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Association d’Étude pour la Coordination des Activités Musicales (ASSECARM), Orgues Lorraine Vosges, Metz, Éditions Serpenoise, , 677 p. (ISBN2-87692-093-X), p. 176 à 179.
↑ a et bConstant Lapaix, Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Évêchés, Nancy, Chez l'auteur.
↑C. Lapaix, Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Evêchés. Loc. cit., p. 76.
↑Camille Dreyfus et André Berthelot, La Grande encyclopédie : Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, Lamirault et compagnie, (lire en ligne), p. 144.
Abbé Buisson, Notice biographique sur l'abbé Galland, curé de Charmes. Députés aux États généraux. 1738-1793, Saint-Dié, 1892.
Étienne Hanus, La grande brasserie de Charmes, Éditions Serpenoise, 1999.
Michel Hérold et Françoise Gatouillat, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace, Paris, CNRS Editions, , 329 p. (ISBN2-271-05154-1)
Corpus vitrearum, Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, Recensement des vitraux anciens de la France, Volume V, pp. 124 à 125 Charmes église Saint-Nicolas, et p.131 : Vitraux disparus, repérés dans la documentation et vérifiés non en place