Jean Ernest du Cos de La Hitte | ||
Le vicomte de La Hitte, réformateur de l'artillerie en France | ||
Surnom | Ducos-Lahitte | |
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Naissance | Bessières (Royaume de France) |
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Décès | (à 89 ans) Gragnague (Haute-Garonne, République française) |
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Origine | Royaume de France | |
Allégeance | Empire français Royaume de France Royaume de France Royaume de France République française Empire français |
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Arme | Artillerie | |
Grade | Général de division | |
Années de service | 1807 – 1840 | |
Conflits | Guerres napoléoniennes Campagne d'Espagne (1823) Expédition de Morée Campagne d'Algérie |
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Faits d'armes | Bataille du Trocadéro Affaires de Mouzaïa et de Médéah |
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Distinctions | Légion d'honneur (Grand-croix) Médaille militaire |
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Famille | Père du général Louis Ernest Ducos de La Hitte | |
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Jean Ernest du Cos de La Hitte, né le , à Bessières (Haute-Garonne) et décédé le à Gragnague (Haute-Garonne), est un général et un homme politique français qui fut ministre des Affaires étrangères du au dans le Gouvernement Hautpoul puis sénateur du Second Empire. Il favorisa par ailleurs la modernisation de l'artillerie en France par la réforme La Hitte (1858).
Jean-Ernest du Cos de La Hitte est issu d'une famille noble de Gascogne[1],[2], connue depuis le XIe siècle. Elle possédait, avant la Révolution française, les titres de comte et vicomte de La Hitte et de Montaut, premiers barons de Fezensac et d'Armagnac donné plusieurs gentilshommes ordinaires de la chambre du roi, des gouverneurs de place ainsi que des « officiers distingués »[3].
Après de bonnes études, il entre à l'École polytechnique (X1807). Passé en 1809 à l'École d'application de l'artillerie et du génie de Metz[4] en qualité d'élève sous-lieutenant[5], ses travaux préliminaires ont tellement attiré l'attention qu'ils lui furent plus tard comptés comme années de service effectif[5].
Le , il sort de l'École, admis comme lieutenant en second au 8e régiment d'artillerie à pied[5].
Il fait avec distinction[4] les dernières campagnes de l'Empire en Espagne. Là « son courage[5] » lui vaut successivement le grade de lieutenant en premier et de capitaine en second à l'état-major d'artillerie. Tour à tour aide de camp des généraux Boucher et Berge, c'est avec ce dernier qu'il retourne en France lorsque le territoire national menacé oblige Napoléon à rappeler tous ses corps d'élite autour de lui[5]. Ducos est alors promu au grade de capitaine en premier au 3e régiment d'artillerie[5].
On sait que le général Berge fut au nombre de ceux qui crurent devoir adhérer à la restauration des Bourbons[5]. Le capitaine La Hitte suit à ce moment-là l'impulsion de son général mais, au retour de l'île d'Elbe, le jeune officier est destitué le ()[5]. Le 26 juillet de la même année, il est réintégré dans son grade, et continue ses fonctions d'aide-de-camp auprès de son ancien général. Il fait alors partie de l'« armée de France et de Belgique », sous les ordres du duc d'Angoulême.
Le , il reçoit la croix d'officier de la Légion d'honneur et passe, un mois plus tard, chef de bataillon à l'état-major-général de l'artillerie. Le commandant La Hitte par ses services rendus, « mérite l'attention des princes de la famille royale, qui désirent s'attacher de plus en plus ce militaire éminent[5] ». Le , il est nommé capitaine dans l'artillerie à cheval de la Garde royale. Le [4] puis chef d'escadron de ce corps d'élite[5], grade qui lui donne rang de lieutenant-colonel[4].
En , il fait la campagne d'Espagne comme lieutenant-colonel à l'état-major d'artillerie des 1er, 2e et 3e corps de l'armée des Pyrénées et se distingue en plusieurs rencontres[4]. Aide de camp du « Dauphin[6] » (Louis de France (1775-1844), duc d'Angoulême), promu colonel au corps d'artillerie, le , c'est Ducos de La Hitte qui commande l'artillerie au siège du Trocadéro, le , contribuant ainsi puissamment à la reddition de cette place importante[5].
« Bientôt la Grèce appelle l'Europe dans une généreuse croisade[5] ». Le colonel de La Hitte sollicite l'honneur de faire partie de l'armée et, le , prend part à l'expédition de Morée comme commandant en chef de l'artillerie. « Son habile direction, son courage intrépide contribuant à nos triomphes, le grade de maréchal de camp est, le , le prix de ses glorieux efforts[5]. »
Rentré en France, le duc d'Angoulême l'attache à sa maison militaire, en qualité d'aide de camp[5]. Ducos intègre alors le comité d'artillerie dont il devient un des membres les plus influents[5]. Le coup d'éventail d'Hussein Dey, dey d'Alger donne l'occasion à la France d'organiser l'expédition d'Alger (1830) dont le général de La Hitte prend le commandement de l'artillerie sous les ordres du lieutenant-général de Bourmont. Les rapports de ce dernier attestent que « c'est grâce à l'habileté avec laquelle le général La Hitte dirige nos batteries que le succès de la journée du 19 juin (bataille de Staouëli) scelle le sort du dey d'Alger[5] » dès le suivant, au lendemain de la brèche de Fort l'Empereur.
La révolution de Juillet 1830 interrompt momentanément sa carrière car la monarchie de Juillet se montre soupçonneuse et défiante envers M. de La Hitte[5]. Le , il est mis en disponibilité, et, le , est admis dans le cadre de réverve de l'état-major général. Le roi des Français Louis-Philippe Ier « répare cette injustice[4] » le en le rappelant à l'activité et en le nommant le 28 mars suivant commandant de l'école d'artillerie de Besançon.
Le , il repart en Algérie prendre son poste de commandant supérieur de l'artillerie malgré le décès très récent de son épouse. Après s'être distingué aux combats de Mouzaïa et de Médéah[6], cité plusieurs fois pour sa belle conduite dans les rapports du maréchal Valée[4], le Gouvernement de Juillet le récompense par le grade de lieutenant-général dont il reçoit le brevet le .
M. de La Hitte rentre en France au début de et « se livre alors à des travaux plus calmes dans lesquels il montre une haute capacité administrative[5] ». C'est ainsi qu'il est appelé à plusieurs inspections, dont « les importants résultats liés à ses antécédents illustres[5] », lui valent, le , la croix de grand officier de la Légion d'honneur. Président du comité d'artillerie et directeur du dépôt central de cette arme en 1846, il est chargé de surveiller les armements du littoral continental de la République et de l'île de Coye[Où ?][réf. à confirmer][5].
Jean Ernest du Cos de La Hitte | |
Fonctions | |
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Ministre des Affaires étrangères | |
– (1 an, 1 mois et 23 jours) |
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Président | Louis-Napoléon Bonaparte |
Président du Conseil | Alphonse Henri d'Hautpoul |
Gouvernement | Gouvernement d'Hautpoul |
Prédécesseur | Alphonse de Rayneval |
Successeur | Édouard Drouyn de Lhuys |
Député du Nord | |
– (6 mois) (Démissionnaire) |
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Élection | |
Législature | Assemblée nationale législative |
Prédécesseur | Henri Alexandre Wallon (Démissionnaire) |
Sénateur du Second Empire | |
– (18 ans, 7 mois et 9 jours) |
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Biographie | |
Nationalité | Française |
Parti politique | Bonapartiste |
Père | Jean Benoît du Cos, vicomte de La Hitte (1746-1793) |
Mère | Alexandrine de Gineste, dame de Conques (1761-1815) |
Conjoint | Jane Cecilia Cotter (1800-1839) |
Enfants | Rogersine (1822-1870) Ernest (1825-1825) Julie (1826-1898) Ernest-Louis-Charles (1828-1904) Hermine (1829-1865) |
Diplômé de | École polytechnique École d'application de Metz |
Profession | Général d'artillerie |
Liste des ministres français des Affaires étrangères Liste des députés du Nord Liste des sénateurs du Second Empire |
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Mis à la retraite d'office par un décret du gouvernement provisoire (1848)[6], le général de La Hitte, dont les sentiments antirépublicains étaient bien connus[6], se rallie aussitôt au parti de Louis-Napoléon Bonaparte.
Le , Bonaparte, président de la République française, charge M. le lieutenant-général de La Hitte d'aller représenter la France à Berlin[4]; or M. de Rayneval n'ayant pas accepté le ministère des Affaires étrangères qui lui avait été offert le 31 octobre, M. de La Hitte - qui n'avait encore eu « aucune situation parlementaire[6] » - est choisi par lui comme ministre des Affaires étrangères et prend sa place dans le Conseil des ministres, le 17 novembre, avant de s'être rendu à son poste.
« On sait que c'est sous son administration que le Pape, alors réfugié à Gaète, est rentré à Rome, et quand l'Angleterre voulut forcer la Grèce à subir ses injustes prétentions, M. de La Hitte n'hésita pas à rappeler de Londres notre ambassadeur. Ce coup de vigueur dut en imposer au cabinet britannique, car peu de temps après, satisfaction nous était donnée, et le traité de Londres remplaçait celui d'Athènes.[4] »
Ayant donné sa démission de ministre des Affaires étrangères « pour ne pas encourir la responsabilité de la révocation du général Changarnier que le chef du pouvoir exécutif avait irrévocablement décidée[4] », M. de La Hitte est remplacé, le , par M. Drouin de Lhuys.
Le général de La Hitte fait une première tentative parlementaire infructueuse[7] à Paris, lors des élections partielles du , pour entrer à l'Assemblée législative, mais est plus heureux, le de la même année, et devient[8] représentant du Nord, en remplacement de M. Wallon, démissionnaire.
Il ne conserve son siège que peu de temps : le général de La Hitte n'ayant accepté la vie parlementaire que comme conséquence de sa position de ministre et par dévouement pour la chose publique. En , il donne sa démission de représentant et est nommé, le jour même de sa démission, inspecteur général du 1er arrondissement d'artillerie; un mois après, il devient également inspecteur général de l'École polytechnique.
La Hitte adhère au coup d'État du 2 décembre 1851, fait partie de la Commission consultative et par décret impérial du , est appelé au Sénat.
Il cautionne par sa présence, le , la fondation par Augustin Louis Cauchy et Charles Lenormant de L'Œuvre des Écoles d'Orient[9], plus connue actuellement sous le nom de L’Œuvre d’Orient[10]. Il est même membre de son 1er Conseil général[11] du de la même année.
Grand-croix de la Légion d'honneur depuis le , il siège pendant toute la durée du Second Empire parmi les partisans fidèles du gouvernement de Napoléon III et rentre dans sa vie privée le .
En 1858, il joue un rôle de premier plan dans l'adoption des obusiers à canon rayé pour l'armée française, en assurant la promotion des idées du lieutenant-colonel Treuille de Beaulieu auprès de l'État-Major[12]:
« Il serait injuste d'omettre à cette occasion le nom du général La Hitte, qui a immédiatement pris en charge la promotion des nouveaux principes, et a continué d’assurer leur exécution avec la plus grande compétence. C'est principalement à son adhésion indéfectible à ces principes, et à l'unité complète du système qui en résulte, qu'on doit attribuer le succès de la nouvelle arme »
— Lieutenant-colonel Treuille de Beaulieu, Rapport de l’Exposition universelle de 1862
Les nouveaux canons, formant ce qu'on appela désormais le Système Lahitte, entrent en service dès la campagne d'Italie (1859).
S'il rend le dernier soupir le chez l'aînée de ses petits-enfants, son décès est enregistré officiellement plus tard à Bessières (Haute-Garonne) dont le cimetière abrite sa sépulture. Il y était né dans une maison appartenant à la famille de sa mère (à proximité du château de Conques à Buzet sur Tarn dont son frère aîné, le comte Édouard de La Hitte, héritera et qui sera revendu en 1850); lui-même acquiert en 1827 une propriété toute proche qu'il transforme et renomme "Castelrives"[13] - avec le moulin attenant - dans laquelle il reçoit Abd el-Kader vers 1851.
Son arrière-petit-fils Paul de La Hitte, également officier général, lui a consacré en 1977 une biographie[14].
Jean Ernest du Cos de La Hitte est le fils cadet de Jean Benoît du Cos[15] (1746-1793) « vicomte de La Hitte » et d'Alexandrine de Gineste (1761-1815).
La descendance du vicomte de La Hitte compte parmi les familles subsistantes de la noblesse française.
« D'azur, à une épée d'or, en bande, traversant un cœur du même, acc. de trois étoiles d'or, 1 au canton senestre du chef et 2 au canton dextre de la pointe. »
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.