Il est surtout connu pour l'orientation nouvelle de sa thèse d'État sur Les Insectes fossiles des Terrains oligocènes de France (1937). Il a découvert plusieurs genres et plus de 300 espèces d'insectes ; toutefois, ces fossiles étant souvent très proches des espèces actuelles, ce n'est pas leur valeur stratigraphique qui est mise en avant, mais leur signification biogéographique, permettant de déterminer les caractères climatiques et environnementaux de leurs milieux de vie et de décrire les paysages de la « France » oligocène.
Il est aussi un spécialiste de l'histoire géologique de tout le bassin du Rhin moyen et de la Moselle. Il insiste sur les preuves de mouvements tectoniques quaternaires principalement dans le fossé rhénan.
Agrégé de sciences naturelles, il a très tôt la vocation d'enseigner et, comme professeur de géologie à l'Université de Sarrebruck, puis à l'Université de Besançon, forme de nombreux chercheurs, tout en attirant l'attention sur la nécessaire protection des ressources en eau potable et des milieux naturels fragiles.
Nicolas Théobald naît, le , à Montenach[rs 1], dans un village lorrain alors allemand et proche du Luxembourg, comme il le raconte dans son ouvrage de souvenirs À l'heure des cloches de mon village : Scènes d'un village lorrain du début du 20e siècle[1]. Il est le fils de Michel Théobald et de Catherine Mallinger[rs 1],[rs 2]. Il passe toute son enfance « rythmée au son des cloches »[2]. La confiscation de ces cloches en 1917 souligne le poids de la guerre ; elles seront remplacées en 1922[3]. Il est issu d'une famille nombreuse de huit enfants[rs 3], son père étant le maire du village, pratiquant l'élevage et travaillant aux champs[4]. Sa mère va vendre au marché de Sierck-les-Bains les produits de la ferme, comme les mottes de beurre et les œufs[5].
En , à l'âge de quinze ans, il quitte son village afin d'étudier et d'obtenir ses diplômes, n'y revenant que pendant les vacances. Il prépare le concours d'entrée à l'école normale à l'école préparatoire de Phalsbourg[rs 3].
Suivent cinquante ans au service de l'enseignement et de la recherche. Après le retour de l'Alsace-Lorraine à la France, Nicolas Théobald est admis à l'École normale d'instituteurs de Metz, premier de la promotion 1920-1923[rs 4]. C'est l'occasion de découvrir les témoins du passé gallo-romain de la Moselle au Musée de Metz. Dans Montenach, Monographie d'un village lorrain[6], il raconte comment, sur les conseils du conservateur Roger Clément, il recherche dans les champs de Montenach des restes de grandes tuiles qui pourraient porter le sceau du fabricant. Son jeune frère Albert, qui l'accompagne, en trouve une avec six lignes de texte ; traduites par R. Clément, elles révèlent un compte des heures de travail d'un ouvrier de la tuilerie. Ce précieux vestige, daté du IIe siècle, est toujours conservé au Musée de Metz[rs 5],[rs 6],[rs 7]. Nicolas Théobald poursuit sa quatrième année à l'École normale d'instituteurs de Lyon[note 1],[rs 3] et réussit son entrée à l'École normale supérieure de Saint-Cloud (1924-1926) ; ses rencontres avec Teilhard de Chardin le déterminent dans sa vocation[rs 3].
Au cours de la libération progressive du territoire français, Châteauroux est libérée le et le Gouvernement provisoire de la République française nomme Nicolas Théobald inspecteur d'Académie à Strasbourg (). Il y arrive au moment de la libération de la grande ville alsacienne (). Il est chargé de rouvrir les écoles dans les villages au fur et à mesure du retrait des troupes allemandes, jusqu'à la libération définitive de Lauterbourg le [rs 13].
Après la guerre, il est nommé administrateur en chef des Services de l'Éducation publique de Bade, à Fribourg-en-Brisgau (1945-1948)[rs 3]. Parfaitement bilingue, il œuvre dans un esprit de réconciliation franco-allemande, suivant le mouvement lancé par Robert Schuman. En 1948, il participe à la fondation de l'université de la Sarre, Universitas Saraviensis, où il est nommé professeur de géologie et où il est élu doyen de la faculté des sciences (1949-1953)[rs 3]. Puis, il poursuit sa carrière à l'Université de Besançon, comme titulaire de la chaire de Géologie Historique et Paléontologie (1953-1974)[rs 3].
Après sa retraite, Nicolas Théobald reste fidèle à sa vocation de partager des connaissances. Il assure volontiers des conférences, comme lors de l'exposition de Minéralogie de Thionville, en juin 1980 ; Le Républicain Lorrain lui consacre alors un article rappelant la découverte de la tuile gravée de Montenach[rs 14].
Ses recherches historiques sur Montenach et la rédaction de ses souvenirs de jeunesse au village, qui l'occupent désormais, lui valent un regain de popularité en Lorraine[rs 15]. Après son décès le , Le Républicain lorrain publie sous la plume de Sylvain Post, son journaliste scientifique, un article empreint de sympathie : « Avec la disparition de Nicolas Théobald la science perd un poète »[rs 16].
Ses ouvrages de base pour la préparation aux concours de recrutement à l'enseignement des sciences de la terre reposent sur une longue pratique de la recherche sur le terrain et en laboratoire, dont sa thèse d'État, Les Insectes fossiles des terrains oligocènes de France, est le témoignage le plus connu[nrf 7]. Le manuel de paléontologie écrit en collaboration avec Abel Gama et destiné aux étudiants en Sciences Naturelles souligne l'influence du milieu sur le déroulement de l'évolution, insiste sur l'importance du climat et sur l'équilibre dans les biotopes[rs 18].
Il a initié à la recherche beaucoup de ses étudiants. De 1953 à 1971, il a dirigé 114 Diplômes d'études supérieures et plusieurs thèses[rs 19]. Il est aussi l'auteur de nombreuses cartes géologiques[rs 20]. Une liste chronologique complète des articles et des cartes géologiques peut être consultée sur Wikispecies[note 2],[rs 21].
Au cours de ses études, Nicolas Théobald avait été séduit par les idées avant-gardistes d'Alfred Wegener (1880-1930), théoricien de la dérive des continents. Mais, dans la première moitié du XXe siècle, la plupart des géologues et géographes estiment que les mouvements tectoniques responsables de la mise en place des continents et des montagnes ne sont plus sensibles à l'ère quaternaire. Les modifications du relief, quand les continents sont stables, sont alors liées aux variations du niveau des océans, comme l'explique la théorie eustatique, issue des travaux du géologue américain W. M. Davis et dont le principal représentant en France était, au début du XXe siècle, Henri Baulig, professeur de géographie à l'Université de Strasbourg (1877-1962)[rs 22].
Ces controverses ont été évoquées par les anciens élèves de Nicolas Théobald : Jean Blaison, Michel Campy, Daniel Contini et Yves Rangheard, dans un article de synthèse consacré à sa carrière[rs 1],[rs 3].
Les géologues s'accordent sur le fait qu'au Quaternaire, le niveau des océans a subi d'importantes fluctuations, liées aux variations de température[rs 23]. Lors des périodes glaciaires, l'eau étant capitalisée dans les glaciers de montagne et les Inlandsis, le niveau des mers a baissé, ce qui a favorisé l'érosion dans le cours inférieur des fleuves, tandis que leur cours supérieur était encombré de débris fluvio-glaciaires. Lors des interglaciaires, la remontée du niveau marin a favorisé au contraire l'alluvionnement à l'aval. Au moins quatre périodes glaciaires ont été répertoriées au Quaternaire et l'alternance de phases de creusement et de remblaiement a permis la formation de terrasses étagées ou emboîtées le long des cours d'eau[7] (figures 1, 2 et 3)[rs 24].
La théorie eustatique se justifie dans les régions stables depuis la fin de l'ère tertiaire, comme les grands bassins sédimentaires, et Nicolas Théobald l'a appliquée dans ses premiers travaux sur la vallée de la Moselle à l'aval de Thionville ; il reconnaît des terrasses à 90, 60, 40 et 15 mètres au-dessus du niveau d'étiage de la rivière et les met en rapport avec les quatre grandes périodes glaciaires du Quaternaire[nrf 8],[nrf 9],[nrf 10],[rs 25].
Mais ses études sur les terrasses d'alluvions anciennes du Rhin en Alsace et dans le Pays de Bade révèlent une disposition aberrante : leur altitude relative diminue de l'amont à l'aval, où elles s'ennoient dans les alluvions récentes, et le soubassement rocheux est de plus en plus profond. Nicolas Théobald, rappelant les observations concordantes de Andreas Gutzwiller (1894)[nrf 11] (1912)[nrf 12], Wilhelm Deecke (1917)[nrf 13], et Abel Briquet (1928)[nrf 14], (1930)[nrf 15], conclut comme ces géologues que, durant le dépôt des alluvions, la plaine du Haut-Rhin a continué à s'affaisser (1933)[8],[rs 26]. Cette région proche de Bâle, classée en zone IX-X sur une échelle de XII, l'échelle MSK, est encore affectée par des tremblements de terre ; en 1356, la ville de Bâle fut presque entièrement détruite par un séisme historique[rs 27],[rs 28].
Le jeune géologue compte développer ce thème dans une thèse, mais à l'université de Strasbourg, où il a passé sa licence et son diplôme de maîtrise universitaire en sciences, le géographe Henri Baulig, tenant de la théorie eustatique, fait travailler ses élèves sur les vallées du versant alsacien des Vosges, à charge pour eux de démontrer la stabilité du massif au Quaternaire. Le géographe n'admet pas la subsidence quaternaire du fossé rhénan (1935)[rs 29]. La pression de l'école eustatique oblige Nicolas Théobald à abandonner ses travaux et à trouver un autre sujet de recherche, en paléontologie. Il attendra plus de 10 ans la liberté de reprendre le thème de la néotectonique dans le fossé rhénan[9],[rs 30].
Reprenant ses recherches dès la fin de la guerre, il publie en 1948 des données précises dans un mémoire sur le sud du fossé rhénan, et il affirme qu'« il est impossible d'expliquer l'accumulation de 200, parfois 300 et même 400 mètres d'alluvions dans certaines parties du fossé, si on n'admet pas que le fond même du fossé se soit abaissé au cours du dépôt »[10],[rs 31].
Puis, en 1949, dans sa Contribution à l'étude de la basse terrasse rhénane, entre Bâle et Karlsruhe, Nicolas Théobald conclut que « les mouvements tectoniques ont interféré avec les phénomènes de remblaiement liés à l'eustatisme des niveaux de base ». Les vues des partisans de l'eustatisme et celles des tectoniciens se trouvent ainsi conciliées[11],[rs 31].
Entre 1950 et 1977, Nicolas Théobald publie encore de nombreux articles sur le fossé rhénan, la Lorraine, le sud des Vosges et le fossé de la Saône, où il souligne l'importance des mouvements verticaux au Quaternaire. Il est en accord avec les chercheurs qui proposent d'expliquer l'affaissement du fossé rhénan par une compensation isostatique au relèvement des massifs anciens qui l'encadrent. Désormais, les « néotectoniciens » sont nombreux, tant en France qu'en Allemagne. La notion de mouvements tectoniques quaternaires, liée à la « théorie des plaques » est universellement acceptée[rs 32].
Lorsqu'il doit abandonner son sujet de thèse sur la néotectonique, Nicolas Théobald a déjà publié plusieurs articles sur la faune des ères secondaire ou quaternaire. En effet, le géologue cherchant à dater les terrains sédimentaires sur lesquels il travaille, par exemple pour établir une « carte géologique », est heureux de trouver des fossiles et doit les identifier. Certaines espèces n'ayant encore jamais été décrites ; il doit leur donner un nom[rs 33].
Les insectes fossiles des terrains oligocènes de France : thèse de 1937
Les études sur les insectes fossiles sont rares lorsque Nicolas Théobald entreprend sa thèse sur les insectes oligocènes ; ceux-ci ne se trouvent que dans des dépôts continentaux ou lacustres, souvent négligés ou étudiés de façon marginale à l'époque. Ces fossiles sont petits et fragiles, de conservation difficile. Il est exceptionnel de trouver des échantillons entiers, sauf si l'insecte, tombé dans un lac ou une lagune en voie de comblement, a été enseveli rapidement sous des limons, s'il s'est trouvé enveloppé par des cendres volcaniques, ou encore piégé par une coulée de résine, qui donnera de l'ambre. Bénéficiant de l'accès à des collections de musées d'histoire naturelle, comme ceux de Bâle, de Marseille, de Clermont-Ferrand, de Bruxelles, le paléontologue va analyser environ 3 000 échantillons, qui sont photographiés, dessinés, comparés à des insectes fossiles déjà connus et aux représentants actuels des mêmes genres, et déterminés (Figure 4)[12],[rs 34].
Ces fossiles sont répartis en 650 espèces, dont 300 nouvelles, qui sont replacées dans leur milieu, par l'analyse des conditions de sédimentation et des restes végétaux : les biotopes sont reconstitués, car la faune caractérise bien les climats régionaux. Ainsi est présentée une synthèse vivante des milieux naturels de la période oligocène[13],[note 4].
Sur le territoire de la France actuelle, à l'Oligocène, la surface occupée par les lacs et les lagunes est considérable. Au sud et au sud-est de notre pays, l'orogenèse pyrénéenne ayant atteint son stade paroxysmal et les Alpes et la Provence étant en voie de surrection, des fossés d'effondrement et des synclinaux accueillent la sédimentation des débris arrachés aux terres émergées[rs 35] :
ainsi, entre les Cévennes et les Garrigues languedociennes, un petit fossé à l'est d'Alès (Gard) est occupé par des eaux saumâtres, où se déposent calcaires, calcaires marneux et grès, et colonisées par des nymphéas et des roseaux, avec des hauts-fonds herbeux et des rives boisées de conifères et de pandanus où prospèrent les Bibionidés, diptères floricoles aux larves aquatiques, ou des Libellulidés. Plus haut poussent des Acacia celasensisLaurent. L'analyse des genres permet de supposer un climat méditerranéen à affinités subtropicales prononcées, comparable au climat actuel des Indes orientales et du sud de la Chine[14] ;
plus à l'est, au nord du site actuel d'Aix-en-Provence, nous sommes plus près des mers périalpines. Des marnes calcaires séparant des bancs de gypse, exploités pendant des siècles à la « montée d'Avignon », ont fourni un nombre considérable d'insectes fossiles[15]. Ici, « des lagunes soumises à des influences marines périodiques » sont peuplées de poissons donnant la chasse aux insectes « dans les anses aux eaux tranquilles » : Hydrophilidés, Dytiscidés, etc. Nicolas Théobald cite de nombreuses plantes aquatiques (Typha latissimaHeer, nénuphars). Sur les bords, des iris fleurissent au milieu des cyperacées et des graminées, habitées par des libellules et des Phryganes, des Bibio, Plecia et Tipules. Dans les forêts de conifères, les fourmilières sont nombreuses. Au-dessus de ces bassins, les chaînons de Provence, déjà émergés, sont occupés par des sortes de savanes, comme semble le prouver la présence de termites[16] ;
en Haute-Alsace, l'ambiance est différente, car le fossé rhénan est occupé par une mer communiquant avec la mer du Nord, ce qui explique la rareté des genres d'eau douce (comme les libellules). Les gisements près de Mulhouse (Brunstatt) et dans le Pays de Bade (Kleinkems), rive droite du Rhin (en face de Kembs) présentent des marnes en plaquettes du Sannoisien moyen[17]; du côté allemand, on trouve davantage de Formicidés et de termites, prouvant la proximité d'étendues arides à l'emplacement de l'actuelle Forêt-Noire. Ces steppes sont parcourues par des oueds bordés de ripisylves. Lors des crues, les eaux entraînent des insectes mélangés à des débris végétaux jusqu'à des lagunessaumâtres soumises à de fréquentes influences marines[18] ;
La coexistence de certains insectes montre que, déjà entre 25 et 35 millions d'années avant le temps présent, il existe entre les espèces des relations de commensalisme ou de parasitisme ; les fourmis vivent en sociétés... Dans une Note complémentaire sur les insectes fossiles oligocènes des gypses d'Aix-en-Provence[20], le paléontologue décrit encore de nouvelles espèces, dont un Lépidoptère de la famille des Lycaenidae, Aquisextana irenaei, qu'il dédie à son épouse Irène (figure 5) et un homoptèreTetraneura oligocenica, qui suscite de l'intérêt encore des dizaines d'années après sa publication[rs 36].
Cette étude paléontologique apparaît comme une véritable écologie du passé. L'originalité de la méthode est reconnue en France et à l'étranger [rs 37] et jusqu'au Canada : Dr Théobald's monograph will be an indispensable reference and a model for work of the same nature[rs 38].
La thèse est toujours précieuse pour les collectionneurs[rs 39].
Nicolas Théobald consacre à la période oligocène de nombreux autres travaux, en particulier sur la flore[nrf 16],[rs 40] et les poissons d'Alsace[nrf 17],[rs 34].
L'ouvrage de base publié en 1958 avec A. Gama souligne l'influence du milieu sur l'évolution des êtres vivants et insiste sur l'équilibre dans les biotopes. Un autre ouvrage, traitant des Fondements géologiques de la préhistoire[21], fait l'objet d'un large compte-rendu par Henriette Alimen, (Directrice du Laboratoire de Géologie Quaternaire du CNRS), dans la séance de la Société préhistorique française du [rs 41].
Le paléontologue n'ignore pas que la dégradation du milieu entraîne celle de la vie qui lui est associée. Confronté aux problèmes des groupes humains, il garde la même orientation écologique. Dans le cadre de sa charge de géologue associé au BRGM pour la mise au point de cartes géologiques, Nicolas Théobald doit assurer la recherche d'eau potable pour les communes de Haute-Saône ; constatant les risques de pollution des nappes phréatiques par les sablières, les ateliers de traitement des métaux, les abattoirs, laiteries et décharges, il insiste auprès des maires pour créer des périmètres de sécurité autour des captages d'eau potable[rs 19]. De cette expérience sort la publication d'un ouvrage sur la géologie et l'hydrogéologie de la Haute-Saône[22],[rs 42].
Ses interventions sont parfois liées à des projets de grande envergure, comme celui de la création d'un lac artificiel à Vaivre (près de Vesoul, Haute-Saône), projet porté par le maire de Vaivre. Dans un ouvrage récent, le maire de l'époque, Pierre Bonnet, rappelle l'intervention du professeur Théobald de l'Université de Besançon, « scientifique de référence pour toutes les études géologiques », qui rédigea en 1970 un rapport préalable à l'établissement du lac[rs 43].
Nicolas Théobald fut un de ceux qui alertèrent l'opinion sur la nécessité de prendre des mesures de protection de la Nature. Le paléontologue n'est pas un scientifique fermé à la vie ; au contraire, la recherche des traces de vie dans un monde pétrifié lui donne une sensibilité particulière à la protection de ses formes actuelles. Comme l'écrit Léon Moret : « Tous les travaux des paléontologistes actuels sont faits dans un sens évolutif, c'est-à-dire qu'ils se préoccupent avant tout des rapports de filiation des fossiles et de leurs rapports avec le monde des vivants »[rs 44].
Conservation du patrimoine naturel du village de Montenach
Retraité depuis 1974, Nicolas Théobald prend le temps de rédiger une monographie de son village natal et un recueil de ses souvenirs de jeunesse. En même temps, il s'engage dans la conservation du patrimoine naturel des collines qui servaient de pâture aux moutons et aux porcs tout autour du village ; elles sont occupées par des pelouses sèches où prospèrent en particulier des orchidées (Dactylorhiza maculata, Orchis mascula, Orchis militaris). L'enfant du pays convainc la municipalité de lutter contre le reboisement favorisé par l'abandon des pratiques ancestrales d'élevage. Après son décès à Obernai le (à 77 ans)[rs 45], le conseil municipal de Montenach et plusieurs propriétaires conviennent, avec le département de la Moselle, d'ériger les pelouses sèches en réserve naturelle volontaire, la réserve des sept collines, dédiée au professeur Nicolas Théobald[rs 46].« Cette remarquable réserve naturelle, créée en 1985, consacre avant tout les belles études que Paul Haffner, pour la botanique, et Nicolas Théobald, pour la géologie, avaient effectuées dans la région de Montenach »[rs 47]. L'inauguration officielle, organisée par le maire de Montenach, Mathias Sausy, a lieu le , en présence du sous-préfet de Thionville Georges Bérard, du député de la Moselle le DrJean-Marie Demange, et du fils aîné de Nicolas Théobald, Jean-Gérard Théobald, professeur d'électronique à la faculté des sciences de Besançon[rs 48].
Sylvain Post, dans l'article qu'il consacre au scientifique quelques jours après son décès commente : « Qu'il fût porteur de la rosette rouge, du ruban bleu et de la marque la plus élevée de la promotion violette n'était que justice, s'accorde-t-on à dire. Il avait accepté qu'on le fit chevalier du Mérite agricole. Cette décoration lui échut parce qu'il avait trouvé de l'eau potable pour un nombre considérable de petites communes de la Haute-Saône. »[rs 16].
Thèse : Nicolas Théobald, Les insectes fossiles des terrains oligocènes de France, Thèses Université de Nancy, coll. « Bulletin mensuel de la Société des Sciences de Nancy et Mémoires de la Société des Sciences de Nancy », , 473 pp., 17 fig., 7 cartes, 13 tables, 29 planches hors-texte (OCLC786027547).
Nicolas Théobald, Géologie et Hydrogéologie de la Haute-Sâone, Annales Scientifiques de l'Université de Besançon, , 3e série, Géologie, fasc.14, 76 pp.,15 fig., 10 planches hors-texte, 2 cartes (BNF35162408, lire en ligne).
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Éliane Basse de Ménorval avec laquelle il a publié, en 1974, une carte géologique du quaternaire et des formations superficielles de la France[note 5].
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[Piton Louis-Emile sur momoresist par Jean Louis Piton] Jean Louis Piton, « Piton Louis-Emile sur memoresist », sur www.memoresist.org..
↑Selon photographie du diplôme de nomination de Nicolas Théobald, né le à Montenach (Moselle), administrateur en chef des Services de l'Éducation publique de Bade à Fribourg, comme chevalier de la Légion d'honneur, le , signé du président de la République française, Vincent Auriol et du grand commandeur de la Légion d'honneur Paul DassaultNicolas Théobald, Chevalier de la Légion d'Honneur (1949).
↑Selon photographie du Diplôme de nomination de Nicolas Théobald, Chef du service de l'éducation publique du gouvernement militaire de Bade, comme Officier d'Académie, le 15 Novembre 1946, par Marcel-Edmond Naegelen (Ministre de l'Education Nationale de France de 1946 à 1948).Nicolas Théobald, officier d'académie (1946).
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