Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance |
Pierre Joseph Albert Victor Denis |
Pseudonyme |
Per Denez |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Langue d'écriture |
Breton |
Conjoint |
Marcelle Stéphan (d) (de à ) |
Enfant |
Gwendal Denis (d) |
A travaillé pour | |
---|---|
Distinctions | Liste détaillée Honorary doctor of the University of Wales () Ordre de l'Hermine () Prix international Raymond-Lulle (d) () Croix de Saint-Georges () Docteur honoris causa de l'université nationale d'Irlande à Galway Imram |
Per Denez, nom de plume de Pierre Denis[1], est un linguiste, lexicographe, universitaire français et écrivain de langue bretonne né à Rennes le et mort le à Romillé, près de Rennes[2]. Par la rédaction de romans, d'essais et de méthodes de langues, il a contribué à la sauvegarde du breton écrit[1].
Il fait ses études au collège Saint-Martin de Rennes. Il est élevé seul par sa mère, couturière à Rennes, ville où le breton n'est pas parlé. Il l'apprend donc par lui-même à partir de l'âge de 13 ans et, plus tard en fréquentant les milieux militants pour la Bretagne pendant ses études universitaires à Rennes, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il commence à publier à cette époque ses premières nouvelles en breton dans le journal collaborationniste Arvor[3].
En 1945, il reprend ses études qu'une grave maladie l'empêchait de poursuivre depuis six ans et prépare une licence d'anglais qui l'amène à passer un an à l'université d'Aberdeen, en Écosse.
Il a d’abord enseigné l'anglais à Quimper, mais, selon Bernard Le Nail, en raison de ses engagements bretons, il est ensuite « exilé » à Périgueux[4]. Il est ensuite affecté au collège de Douarnenez où il fait la connaissance de sa future épouse qui parle le breton et l'aidera dans ses recherches linguistiques lexicographiques. Il y crée un bagad.
Ayant passé une thèse sur le breton de Douarnenez, il est appelé comme maître de conférence à la Section Breton et langues celtiques de l’Université Rennes 2 Haute Bretagne où il restera vingt-et-un ans et dont il prendra la tête. En 1981, grâce à son action, la licence de breton est créée[1] sur décision personnelle du nouveau président de la République, François Mitterrand.
Lucien Kergoat lui a succédé à la tête du département de Celtique de l'université Rennes-II en 1990. Son fils Gwendal Denez participe à ce département.
Ancien président du conseil scientifique et d'animation de l'Institut culturel de Bretagne 1984. Ancien président de la fédération des associations de langue bretonne, Kuzul ar Brezhoneg. Président du Comité de soutien à la liste Union démocratique bretonne, aux élections régionales de 1998. En mars 1999, il donne pour le mensuel Armor Magazine, en vue d'élire le Breton ayant le plus œuvré pour la Bretagne au cours des trente dernières années, les noms de Jean-Michel Kernaleguen et Christian Le Bihan[réf. nécessaire], militants du Front de libération de la Bretagne[réf. nécessaire]. Il était membre du comité d'honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains de Saint-Malo[5].
Le , plus de cinq cents personnes sont venues lui rendre un dernier hommage à Rennes en l'église Notre-Dame en Saint-Melaine. Parmi eux de nombreuses personnalités politiques et culturelles bretonnes. La cérémonie, qui s'est déroulée entièrement en breton, au cours de laquelle Nolwenn Korbel a chanté, s'est terminée par le Bro Gozh va zadoù[6].
Sans être jugé comme un maître indépassable, Per Denez est un bon romancier qui a tenté de reproduire en breton le meilleur des techniques anglo-saxonnes de construction du récit. Il lui est parfois reproché de ne pas toujours être au niveau de ceux qui ont eu le breton comme langue maternelle, mais il est loin d'être le seul qui ait trouvé sur sa route plus breton brittophone que lui. Comme éditeur, il a joué un rôle très important, d'abord à la revue et aux éditions Al Liamm, puis aux éditions Mouladurioù Hor Yezh et Hor Yezh.
Comme spécialiste de l'enseignement, il a traduit son expérience dans la création de plusieurs méthodes d'apprentissage du breton qui ont eu du succès dans les années 1980, lors de l'émergence du peurunvan comme norme orthographique principale et fait ainsi le pont entre les ouvrages de Roparz Hemon et les méthodes plus modernes (méthode Oulpan pour le breton de Nicolas Davalan, par exemple). Son livre le plus connu Brezhoneg buan hag aes (Le breton facilement et rapidement) est une méthode de langue sortie en 1972 et qui a formé pendant 20 ans des étudiants et des bretonnants amateurs[1]. Il a été un ferme partisan de la réédition dans le standard orthographique peurunvan des anciens textes en breton, dans un but pédagogique, et à l'intention des jeunes générations. Cela lui vaut d'être en conflit avec ceux qui préfèrent appliquer les méthodes universitaires et conserver les orthographes anciennes[7]. Il a donc édité en breton modernisé une grande partie des contes recueillis par François Luzel aux éditions Al Liamm, dès 1980.
Per Denez était non seulement l'un des principaux artisans du renouveau de la langue bretonne mais aussi un homme ouvert à toutes les cultures puisqu'il avait appris la langue internationale espéranto dont il avait compris l'utilité pour la transmission des valeurs d'humanisme. Il avait créé une chaire d'espéranto au sein de l'université de Rennes 2, lorsqu'il y dirigeait le département d'Études celtiques.
Un certain nombre de personnes ont appris le breton à partir de la méthode La bretona lingvo rapide kaj facile, traduit en espéranto par Merwen Runpaot à partir de la méthode Brezhoneg buan hag aes de Per Denez, éditée en 1997 par Hor Yezh. Cela faisait suite à Komprenit an esperanteg de Merwen Runpaot, cours d'espéranto en langue bretonne, édité en 1993 aussi par Hor Yezh et aux nombreux articles sur l'espéranto que Per Denez publia régulièrement dans la revue Hor Yezh[6].
En 1959, il fait partie du groupe de jeunes adhérents, pour la plupart étudiants rennais, du Mouvement pour l'organisation de la Bretagne, première structure politique de l'Emsav d'après-guerre, qui ont décidé de s'organiser en tendance par l'entremise des Kaieroù an Emsaver Yaouank (« Cahiers du jeune militant breton »), un simple bulletin multigraphié. Leur but est surtout de contribuer à une meilleure formation politique, historique et économique sur la Bretagne.
Beaucoup des étudiants, comme Ronan Leprohon (br), évolueront vers la gauche du Mouvement breton, c'est-à-dire l'UDB, mais les plus âgés comme Per Denez ou Jean Delalande resteront ancrés dans une position traditionnelle, "« ni gauche, ni droite[8] »".
En 1957, avec Guy Étienne et Jean Desbordes, il est à l'origine de la reprise de la revue Ar Vro qui, de support politique soutenant le Mouvement pour l'organisation de la Bretagne, devient une revue d'études qui jouera un rôle important dans la théorisation des luttes politiques pour la Bretagne dans les années 1970 et la diffusion de la poésie en breton[9].
Per Denez a fondé plusieurs revues en breton dont Kened qui a fusionné en 1949 avec Al Liamm. Il a dirigé la revue de linguistique bretonne Hor Yezh et la maison d'édition Mouladurioù Hor Yezh. Il a créé la revue et la collection Skrid (aux éditions Mouladurioù Hor Yezh) qui ont été le lieu d'expérimentation de nombreux jeunes écrivains en breton, une grande partie d'entre eux étant ses propres étudiants.
« En 1944-1945 la Bretagne a connu une persécution comme elle n’en avait pas connu depuis la Chouannerie… Combien d’étudiants, à Rennes, allant se promener au Thabor, savent qu’ont été fusillés là, dans le Trou de l’Enfer, des nationalistes bretons, et qu’ils marchent sur une terre sanctifiée par leur sang ? Combien vont fleurir, de temps en temps, la tombe de Léon Jasson, qui fut si heureux de mourir pour la Bretagne ?… Ou celle de Guy Vissault de Coëtlogon qui répondit, quand il fut condamné à mort : “C’est un honneur, Messieurs”, et qui refusa de tendre la main pour demander pitié ? Les Irlandais sont fiers de leurs martyrs, de leurs “traîtres” : les Bretons, avec le même goût pour les fêtes de mort, restent frappés d’un sort honteux : ils n’ont pas encore rejeté de leurs esprits le poids des mensonges français. »
— Pierre Denis, article de 1961, paru dans la revue Preder (cité par Michel Denis)
.
En français
En breton