Originaire de Catalogne, son grand-père maternel, Juan Comma, est venu en Algérie travailler à la mine de fer de Béni-Saf. Jean Sénac, qui n'a pas connu son père, peut-être gitan, porte le nom de sa mère, Jeanne Comma (1887-1965), jusqu'à l'âge de cinq ans et sa reconnaissance par Edmond Sénac[4]. Il passe son enfance et son adolescence à Saint-Eugène, quartier populaire d'Oran. En 1942, il n'obtient pas le brevet[5]. Reçu l'année suivante, il échoue à l'oral de l'examen d'entrée à l'École normale. Il réalise parallèlement de nombreux dessins[6] et reçoit « plusieurs prix à des concours locaux »[7]. Son premier poème date de et sa première publication de [8]. Dès sa jeunesse, il supporte mal le racisme pied-noir à l’égard des « indigènes », lui qui se sent très tôt faire corps avec « [s]a patrie algérienne »[9].
En , Sénac fonde avec quelques amis l'association des « Poètes obscurs ». Enseignant en 1943 à l'Institution Jeanne d'Arc de Mascara, il publie de nouveaux poèmes dans la revue marocaine « Le Pique-Bœuf », signe en un acte d'engagement pour la durée de la guerre et est affecté à Beni Mered, près de Blida. Secrétaire de l'aumônier au cercle des militaires catholiques, il lit Baudelaire, Rimbaud et André Gide dont les romans le marqueront. À Alger, il rencontre Edmond Brua et Robert Randau, pères de la littérature « algérianiste », dont l'appui lui sera précieux.
Démobilisé en , Jean Sénac trouve un emploi comme secrétaire dans une maison de commerce à Belcourt, logeant chez des cousins à Bab El Oued. Il fonde en le Cercle artistique et littéraire Lélian dont il est le président. La même année il fait la connaissance d'Emmanuel Roblès, du sculpteur André Greck, de l'architecte et peintre Jean de Maisonseul, et en 1947 de Sauveur Galliéro, Louis Nallard, Maria Manton, Louis Bénisti sur qui il publie des articles dans « Oran républicain ». Il tombe gravement malade en (paratyphoïde) puis en 1947 (pleurésie) et est hospitalisé de février à décembre au sanatorium de Rivet (Meftah), à l'est d'Alger. Il y écrit le une première lettre à Albert Camus[10]. En il participe aux rencontres culturelles de Sidi Madani, près de Blida, s'y lie avec de nombreux écrivains dont Camus, Jean Cayrol, Mohammed Dib, et quelques mois plus tard Jules Roy.
Sorti en du sanatorium où il était devenu commis de direction puis sous-économe, Sénac travaille aussitôt comme metteur en ondes à Radio Alger. Il réunit sous le titre Mesure d'homme les poèmes qu'il a écrits en 1946 et 1947. En 1950 un autre recueil, Terre prodigue, devenu Terre possible, doit être publié par Edmond Charlot, qui n'en trouvera pas les moyens financiers[11]. La même année Sénac anime la revue Soleil dont le premier numéro paraît en janvier et qui durera jusqu'en 1952 (numéro 7-8), illustrée par des dessins de Sauveur Galliéro, Orlando Pelayo, Baya, Bachir Yellès, Abdelkader Guermaz, Jean de Maisonseul[12]. Il commence simultanément de fréquenter les milieux nationalistes algérois, appartenant au Parti communiste, au PPA (Messali Hadj) ou à l'UDMA (Ferhat Abbas). Ayant obtenu, tout comme son ami Galliéro, une bourse de la Fondation de Lourmarin Laurent-Vibert, il arrive en France en , passe par l'Isle-sur-Sorgue pour rencontrer René Char puis monte à Paris, logeant souvent à l'Hôtel du Vieux-Colombier tenu par ses amis les peintres Louis Nallard et Maria Manton que fréquentent de nombreux artistes, et retrouve Camus. Il travaille en 1951 comme surveillant au foyer des apprentis horticoles de Versailles.
De retour à Alger en , il reprend son activité de metteur en ondes à la radio. Réunissant notamment dans son comité de rédaction Mohammed Dib, Sauveur Galliéro, Jean de Maisonseul, Mouloud Mammeri, Albert Memmi et Louis Nallard, il fonde en décembre, avec l'héritage de son oncle Clodion[13], une nouvelle revue, Terrasses, qui ne connaîtra en qu'un seul numéro[14]. Dans le cadre de la revue, Sénac organise en 1953 quatre expositions, trois de Galliéro et une présentation collective[15]. C'est à cette époque qu'il reprend contact avec les milieux nationalistes du PPA et du MTLD, se liant avec Larbi Ben M'Hidi, Layachi Yaker, Amar Ouzegane, Mohamed Lebjaoui, Mustapha Kateb, Mustapha Bouhired (parent de Djamila Bouhired).
En , Jean Sénac, qui a démissionné de son poste à Radio Alger[16] après une émission sur Mouloud Mammeri dans laquelle il a employé l'expression « patrie algérienne », est de nouveau à Paris où son recueil Poèmes est publié par Gallimard, avec un avant-propos de René Char, dans la collection Espoir dirigée par Albert Camus. Après le 1er novembre, début de la guerre d'indépendance, il rejoint les militants de la Fédération de France du FLN, participe à l'installation de l'imprimerie clandestine d'El Moudjahid chez Subervie, écrit en son premier poème ouvertement anticolonialiste et publie des textes « engagés » dans les revues qui les acceptent, notamment Esprit. Il organise des rencontres entre Camus et des Algériens qui occuperont des fonctions importantes dans l'Algérie indépendante, Réda Malek, Ahmed Taleb, Layachi Yaker. En , il rencontre Jacques Miel avec qui il voyage en Italie en 1957 et dont il fera son fils adoptif. Il se lie simultanément avec les peintres Khadda et Benanteur qui illustreront ses recueils. En 1958, il rompt avec Camus[17]. En 1958 et 1959, il passe ses étés en Espagne; il acquiert en 1959 une maison à Châtillon-en-Diois, dans la Drôme, et publie en 1961 le recueil Matinale de mon peuple.
Jean Sénac rentre en Algérie en et trouve un logement dans une partie de villa, aux portes d'Alger : au-dessus de la petite plage de Pointe-Pescade. Nommé conseiller du ministre de l'Éducation nationale, il fait partie du comité chargé de la reconstitution de la bibliothèque de l'université d'Alger brûlée par l'OAS et participe en 1963 à la fondation de l'Union des écrivains algériens dont il sera le secrétaire général jusqu'en 1967 et à la création de la revue « Novembre ». Amar Ouzegane, plus tard ministre, distribue aux députés de l'Assemblée nationale constituante son poème Aux héros purs. En décembre est exposé et déposé à la Bibliothèque nationale d'Algérie son recueil Poésie, illustré de gravures de Benanteur. Sénac rencontre en 1963 Che Guevara de passage en Algérie et écrit le célèbre vers, souvent critiqué, « Tu es belle comme un comité de gestion » en souvenir de leur visite commune d'un débit de boissons, exemple de bonne gestion, proche de sa maison[18]. Pour les « Fêtes du 1er novembre », il prépare et préface anonymement une exposition qui, autour du noyau des peintres qui sont devenus ses proches, opère un rassemblement plus large de 18 artistes[19].
En 1964 Sénac fonde la Galerie 54 qui existera jusqu'au début 1965. Après une présentation collective en avril de ceux qu'il nomme les « peintres de la Nahda » (Renaissance), il y expose Zérarti, puis Martinez, de Maisonseul, Aksouh et Khadda. Il voyage en URSS en 1966 et y fait la connaissance du poète Evgueni Evtouchenko. À la radio algérienne il anime les émissions Le poète dans la cité (1964-1965) puis Poésie sur tous les fronts (1967-1971) tandis que Gallimard publie Avant-Corps en 1968. L'année suivante, ne pouvant plus payer les arriérés de loyer de son logement de Pointe Pescade, il en est financièrement réduit à s'installer au 2, rue Élisée-Reclus (aujourd'hui rue Omar-Amimour), dans une « cave » formée de deux minuscules pièces. Il fait de nombreuses conférences sur la nouvelle poésie algérienne de langue (« graphie », préfère-t-il dire) française, organise des récitals et publie plusieurs anthologies mais n'en continue pas moins d'accompagner de ses textes les expositions de ses amis peintres, inventant notamment à propos de Benanteur l'expression « Peintres du signe » qui s'imposera pour désigner l'un des courants les plus originaux de la peinture algérienne contemporaine.
Nouvelle étape engagée à partir de la prise du pouvoir en 1965 par Houari Boumédiène, les émissions poétiques de Sénac sont interdites en . Le jugeant menacé, certains de ses amis le pressent de quitter Alger, d'autant plus qu'il est homosexuel. Le « poète qui signait d'un soleil » est assassiné à l'arme blanche dans la nuit du 29 au . Son corps est découvert, entre deux lits, sur le sol de la cave qu'il habite. Son meurtre demeure non élucidé[20]. Jean Sénac est enterré le au cimetière d'Aïn Benian.
Conformément à son testament, les archives de son œuvre se trouvant à Alger ont été remises à la Bibliothèque nationale d'Alger[21]. Une autre partie de ses archives est déposée aux Archives de la Ville de Marseille[22] et depuis janvier 2020 une partie moins importante, concernant essentiellement l'œuvre théâtrale de Sénac, se trouve — à la suite du legs des héritiers de Paul et Edwine Moatti — intégrée au « Fonds Patrimoine méditerranéen » de la bibliothèque universitaire, section Lettres, de l'université Montpellier 3.
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Même s'il disposait aussi de la nationalité française, c'est l'algérienne qui était revendiquée par Jean Sénac.
Il chante la lutte révolutionnaire en qui il met toute son espérance par sa capacité de créer un monde de beauté et de fraternité, dans une Algérie ouverte à toutes les cultures. Il y associe son propre combat : recherche d'identité profonde, à la fois personnelle et culturelle, et sa lutte pour faire accepter son homosexualité : « Ce pauvre corps aussi/ Veut sa guerre de libération ». Sénac était un grand admirateur de Nerval, de Rimbaud, d'Artaud, de Genet. Il a par exemple publié un intéressant poème sur Rimbaud et ses relations avec son assistant Djami, laissant supposer qu'ils ont eu des amours ancillaires : "Le sommeil de Djami"[23].
Poèmes, avant-propos de René Char, Paris, collection Espoir dirigée par Albert Camus, Gallimard, 1954 ; Arles, Actes-Sud, avec des notes de Jean Sénac et un dessin de couverture de Pierre Gamin, 1986, 142 p. . Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Poésie (Diwan du Môle, Les Petites Voix, La Route d'Ombre, avec une présentation de Monique Boucher et 10 eaux-fortes en couleur d'Abdallah Benanteur, Paris, imprimerie Benbernou Madjid, 1959, 92 p. (tirage limité à 5O exemplaires). Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Matinale de mon peuple, suivi de fragments du Diwan de l'État-Major et du Diwan espagnol, avec une préface de Mostefa Lacheraf et 15 dessins d'Abdallah Benanteur, Rodez, Subervie, 1961, 144 p. . Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Le Torrent de Baïn, avec une eau-forte en hors-texte de Pierre Omcikous, Die, Éditions Relâche, 1962, 40 p. (tirage limité à 150 exemplaires). Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Aux Héros Purs (Poèmes de l'été 1962), Alger, Édition spéciale pour MM. les députés de l'Assemblée nationale constituante, 1962, 12 p. (sous la signature de Yahia El Ouahrani). Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
La Rose et l'ortie, avec une couverture et 10 ardoises gravées de Mohammed Khadda, Paris-Alger, Cahiers du monde intérieur, Rhumbs, 1964, 36 p. (tirage limité à 200 exemplaires). Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Citoyens de beauté, Rodez, Subervie, 1967, 80 p. ; Charlieu, La Bartavelle éditeur, 1997. Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Avant-Corps, précédé de Poèmes iliaques et suivi du Diwan du Noûn, Paris, Gallimard, 1968, 144 p. . Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Les Désordres, [poèmes écrits entre 1953 et 1956], dont 44 exemplaires numérotés et ornés d'une gravure de Louis Nallard, Paris, Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1972. Repris dans Jean Sénac vivant, Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981, 280 p. (BNF34683587). Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
A-Corpoème, recueil de poèmes inédits, suivi de Les Désordres, précédé de Jean Sénac, Poète pour habiter son nom, essai de Jean Déjeux, Paris, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981. Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p. . Repris dans Jean Sénac, Le Soleil sous les armes, suivi de Jean Sénac vivant, préface de Nathalie Quintane, postface de Lamis Saïdi, Terrasses éditions, Marseille, 2020, 276 p. .
Le Mythe du sperme - Méditerranée, avec une postface de Pierre Rivas, Arles, Actes Sud, 1984, 24 p. (ISBN2903098913). Repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Arles, Actes-Sud, 1999, 832 p.
Œuvres poétiques, préface de René de Ceccatty, postface de Hamid Nacer-Khodja, éditions Actes/Sud, 1999 [Rassemble l'ensemble des recueils publiés, soit quinze titres] ; réédition complétée et mise à jour, 2019.
Pour une terre possible, textes rassemblés[24], annotés, préfacés et accompagnés de jalons biographiques et d'une bibliographie de Hamid Nacer-Khodja, édition établie par Marie Virolle, Paris, Marsa, 1999
Pour une terre possible, édition[25] établie et présentée par Hamid Nacer-Khodja, Paris, éditions du Seuil, collection Points Poésie, 2013, 318 p.
L'Enfant fruitier, édition présentée et annotée par Guy Dugas d'après le manuscrit inédit, Alger, éd. El Kalima, série « Petits inédits maghrébins », no 1, 2017 (ISBN9789931441359)
Chansons de la Boqqâla, ill. par Baya, éd. présentée par Hamid Nacer-Khodja, Alger, éditions El Kalima, série « Petits inédits maghrébins », no 8, 2019 (ISBN9789931441496)
Le Soleil sous les armes, suivi de Jean Sénac vivant, préface de Nathalie Quintane, postface de Lamis Saïdi, Terrasses éditions, Marseille, 2020, 276 p. (L'ouvrage regroupe Le Soleil sous les armes (Subervie, 1957) et une partie de Jean Sénac vivant (éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981) dont le recueil de Sénac A-Corpoème)
Ébauche du père, avant-propos de Rabah Belamri, Paris, Gallimard, 1989 (ISBN2070714128) ; Bosquejo del padre : para acabar con la infancia, traduction en catalan de Fernando García Burillo, Guadarrama, Ediciones del Oriente y del Mediterráneo, 1995
Suite oranaise, présentée par Kaï Krienke. Alger, El Kalima, coll. PIM n° 20-21, 2023 (ISBN9789931441748)
Le Soleil sous les armes, Éléments d'une poésie de la Résistance algérienne, Rodez, Subervie, 1957, 60 p. . Repris dans Jean Sénac, Le Soleil sous les armes, suivi de Jean Sénac vivant, préface de Nathalie Quintane, postface de Lamis Saïdi, Terrasses éditions, Marseille, 2020, 276 p.
Anthologie de la nouvelle poésie algérienne, essai et choix de Jean Sénac (Youcef Sebti, Abdelhamid Laghouati, Rachid Bey, Djamal Imaziten, Boualem Abdoun, Djamal Kharchi, Hamid Skif, Ahmed Benkamla et Hamid Nacer-Khodja), avec un graphisme de Mustapha Akmoun, Paris, Poésie 1, no 14, Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1971, 130 p.
Poésie de Sour El Ghozlane, texte ronéoté et, en hors-texte, le fac-similé du manuscrit de Jean-Sénac, avec un dessin de couverture de Denis Martinez, Sour-El-Ghozlane, L'Orycte, 1981, 18 p.
Journal (janvier-), suivi de Les Leçons d'Edgar, Pézenas, Le Haut-Quartier, collection Méditerranée vivante, Edmond Charlot éditeur, 1983, 120 p. (tirage limité à 550 exemplaires) (ISBN290482300X) ; Saint-Denis, Novelté, avec une préface de Jean Pélégri, 1996, 144 p. . Les Leçons d'Edgar est repris dans Jean Sénac, Œuvres poétiques, Actes-Sud, 1999, Arles, 832 p.
Un cri que le soleil dévore. Carnets, notes et réflexions. Edition préfacée et établie par Guy Dugas. paris/Alger, Le Seuil/ El Kalima, 2023 (ISBN9782021539486).
Jamel-Eddine Bencheikh et Christiane Chaulet Achour, Jean Sénac : clandestin des deux rives, Paris, Éditions Séguier, 1999, p. 109-140 (ISBN2-84049-148-6)
Hamid Nacer-Khodja, Albert Camus, Jean Sénac, ou le fils rebelle, préface de Guy Dugas, Paris, Éditions Paris-Méditerranée, et Alger, EDIF 2000, 2004, p. 123-166 (ISBN284272206X)
Dominique Le Boucher, Les Deux Jean. Jean Sénac, l'homme soleil, Jean Pélégri, l'homme caillou (correspondance 1962-1973, poèmes inédits), Montpellier, Chèvre-feuille étoilée, et Alger, Barzakh, 2002 (ISBN2914467052)
Anthologie de la littérature algérienne (1950-1987), introduction, choix, notices et commentaires de Charles Bonn, Le Livre de Poche, Paris, 1990 (ISBN2-253-05309-0)
Des Chèvres noires dans un champ de neige ? 30 poètes et 4 peintres algériens, Bacchanales no 32, Saint-Martin-d'Hères, Maison de la poésie Rhône-Alpes - Paris, Marsa éditions, 2003 ; Des chèvres noires dans un champ de neige ? (Anthologie de la poésie algérienne contemporaine), édition enrichie, Bacchanales, no 52, Saint-Martin-d'Hères, Maison de la poésie Rhône-Alpes, 2014
Ali El Hadj Tahar, Encyclopédie de la poésie algérienne de langue française, 1930-2008 (en deux tomes), Alger, Éditions Dalimen, 2009, 956 pages (ISBN978-9961-759-79-0)
Une anthologie des poésies arabes, images de Rachid Koraïchi, (poèmes choisis par Farouk Mardam-Bey et Waciny Laredj, calligraphies d'Abdallah Akkar et Ghani Alani), Paris, Éditions Thierry Magnier, 2014 [poème: Chant funèbre pour un gaouri] (ISBN978-2-36474-536-0)
↑« Est écrivain algérien tout écrivain ayant définitivement opté pour la nation algérienne » écrivait Jean Sénac (cité par Jamel-Eddine Bencheikh dans Jamel-Eddine Bencheikh et Christiane Chaulet-Achour, Jean Sénac, Clandestin des deux rives, Paris, Séguier, 1999, p. 16). Après l'indépendance de l'Algérie, Sénac est d'ailleurs durant plusieurs années secrétaire général de l'Union des écrivains algériens.
« [Sénac] n'a pas demandé sa naturalisation en 1962. Il estime que sa naissance et son engagement politique en faveur du nationalisme algérien lui donnent droit automatiquement à la nationalité algérienne et qu'il suffit d'opter pour elle, ce qu'il fait le à la mairie d'Alger. Démarche irrecevable, lui dit-on, en raison de l'insuffisance de son temps de résidence en Algérie. Sénac « a subi » (le terme est de lui) cette réponse comme une injure. (...) Il est donc resté officiellement citoyen français. Il a même une carte d'identité de Français qu'il a fait faire à Blois en 1968. Il est contraint, à chacun de ses déplacements vers la France, de « quémander » un ordre de mission et un passeport de service. Il dit avoir envoyé un dossier de naturalisation au ministère de la Justice, en 1969, semble-t-il. Mais la démarche a-t-elle été faite « dans les formes » ? Cela n'est pas évident. À l'automne 1972, il se résout à refaire une démarche humiliante, à ses yeux du moins. Il fait transmettre sa demande de naturalisation au ministère de la Justice par son ancien ami Lacheraf, devenu conseiller du président Boumediene pour l'enseignement. (...) Lacheraf l'assure de son appui, mais ajoute, avec embarras, ne disposer dans ce domaine d'aucune autorité. La seule réponse obtenue par Sénac est un formulaire administratif, envoyé seulement le , et, peu après, une convocation devant le juge d'instance, qui, évidemment, n'engage à rien. »
— Nicole Tuccelli et Emile Temime, Jean Sénac, l'Algérien, Le poète des deux rives, préface de Jean Daniel, Paris, Éditions Autrement, 2003, p. 134-135
↑Jean Sénac signera certains de ses textes Gérard Comma, Jean Comma, Christian Pérès, et, durant la guerre d'Algérie et après l'Indépendance, Yahia El Ouahrani. Comme il apparaît dans son récit Ébauche du père, sa grande hantise « fut celle du nom et de "l'énigme du père" », observe Jean Déjeux (Jean Sénac vivant, Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981, p. 251
↑« pour un demi-point en géographie », précise Jean Déjeux (Jean Déjeux, p. 251)
↑« Très doué pour le dessin », Sénac « a failli entrer à l'École des Beaux-Arts d'Oran en 1943 et 1944 », note Hamid Nacer-Khodja qui ajoute que « la Bibliothèque Nationale d'Algérie conserve une dizaine de ses dessins », dont les six portraits d'écrivains, datant de 1945 et 1946, réunis dans Visages d'Algérie (Visages d'Algérie, Écrits sur l'art, textes rassemblés par Hamid Nacer-Khodja, Paris, Paris-Méditerranée/Alger, EDIF 2000, 2002, p. 213-221). Sénac confie lui-même avoir pendant l'été 1940 passé à Hennaya « des après-midis entiers à peindre à l'aquarelle des fleurs et des marines - des espèces de Cueva del Agua avec de grands voiliers » : « trois mois, pendant lesquels je fis des dictées ennuyeuses, des aquarelles léchées » (Jean Sénac, Ébauche du père, Paris, Gallimard, 1989, p. 146-147).
↑Hamid Nacer-Khodja, dans Visages d'Algérie, p. 213. Sénac reçoit notamment un prix au concours de dessins des Royalistes pour lequel il présente une Jeanne d'Arc à Orléans (Jean Sénac, Ébauche du père, Paris, Gallimard, 1989, p. 33
↑Sénac organise quatre expositions des « Peintres de la revue Soleil », deux collectives à Alger, la première (de 17 artistes parmi lesquels Bouqueton, Galliéro, Pelayo et Fiorini, Ali-Khodja, Baya, Mohamed Ranem et Yellès) et la dernière (en 1951 dans la librairie d'Edmond Charlot), et deux individuelles à Paris, de Galliéro et Maria Manton.
↑Le sommaire rassemble notamment Camus, Dib, Ponge, Kateb Yacine, Jean Daniel et Mouloud Feraoun. Un deuxième numéro, entièrement préparé, et un troisième, en projet, ne pourront être réalisés. Sénac a pensé un moment nommer Terrasses la Nouvelle Revue Algérienne, NRA, sur le modèle de la NRF mais Camus l'en a dissuadé dans une lettre du 31 octobre 1952 (Hamid Nacer-Khodja, Albert Camus, Jean Sénac, ou le fils rebelle, Paris, Éditions Paris-Méditerranée, et Alger, EDIF 2000, 2004, p. 143).
↑Le , Jean Sénac reproche son silence avec véhémence à Camus et lui adresse une lettre de rupture. « Camus, notre frère Taleb vient d'être guillotiné. (...) Je sais à quel point je dois vous irriter, mais quoi ! Ne me suis-je pas juré d'être avec vous d'une insupportable franchise ? De ceux qui voudraient faire de vous le Prix Nobel de la Pacification ne pouviez-vous exiger la grâce de l'étudiant Taleb ? Que votre gloire n'eût servi qu'à cela, c'eût été suffisant pour la revendiquer avec une force nouvelle et lui donner son visage de clarté » (Hamid Nacer-Khodja, Albert Camus, Jean Sénac, ou le fils rebelle, Paris, Éditions Paris-Méditerranée, et Alger, EDIF 2000, 2004, p.165)
↑Déjeux, p. 259; Rabah Belamri, Jean Sénac, entre désir et douleur, Étude et choix de textes, Alger, Office des Publications Universitaires, 1989, p. 124.
↑*Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Assassinat d'un poète, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 1983. Jean-Pierre Péroncel-Hugoz avance néanmoins que Jean Sénac a probablement été assassiné par la branche islamique des services secrets algériens
↑Vingt-et-une caisses, un rouleau et un paquet saisis par la Police au domicile de Jean Sénac après sa mort ont été directement remis à la Bibliothèque nationale d'Alger le . Vingt-trois cartons d'œuvres de jeunesse lui ont été remis le par Jean et Mireille de Maisonseul
↑Vingt-deux cartons leur ont été remis par Jacques Miel, légataire universel du poète, le . (Jean de Maisonseul et Jean-Michel Godrie, Jean Sénac, dans Marseille, no 128-129, Marseille, 1er semestre 1982, p. 92.
↑Voir Alain Borer, Rimbaud en Abyssinie, Seuil, 1984, p. 373. Le poème a été republié dans Jean Sénac, Dérisions et vertiges, Actes Sud, 1983, p. 61 et 103.
↑Rassemble huit recueils poétiques inédits ainsi que d'autres écrits, textes politiques, témoignages, critiques littéraires et d'art, correspondances, en majorité inédits.
↑Cet ouvrage reprend une partie de celui paru sous le même titre aux éditions Marsa en 1999. L'édition a été revue et enrichie de textes inédits (ISBN9782757837146).
Jean Déjeux, Bibliographie méthodique et critique de la littérature algérienne de langue française 1945-1977, SNED, Alger, 1979
Jean de Maisonseul et Jean-Michel Godrie, Jean Sénac, suivi d'un choix de poèmes (1946-1972), dans Marseille, no 128-129, Marseille, 1er semestre 1982, p. 84-93
Jean Déjeux, Dictionnaire des auteurs maghrébins de langue française, Paris, éditions Karthala, 1984 (ISBN2-86537-085-2)
Le Soleil fraternel, Jean Sénac et la nouvelle poésie algérienne d'expression française (actes des Rencontres méditerranéennes de Provence, 1983), Marseille, éditions Jeanne Lafitte, 1985 (ISBN2866040120)
Rabah Belamri, Jean Sénac, entre désir et douleur. Étude et choix de textes, Alger, Office des publications universitaires, 1989
Jamel-Eddine Bencheikh et Christiane Chaulet Achour, Jean Sénac : clandestin des deux rives, Paris, Éditions Séguier, 1999, 160 p. (ISBN2-84049-148-6)
Nicole Tuccelli et Emile Temime, Jean Sénac, l'Algérien, Le poète des deux rives, préface de Jean Daniel, Paris, Éditions Autrement, 2003, 160 p.
Hamid Nacer-Khodja, Albert Camus, Jean Sénac, ou le fils rebelle, préface de Guy Dugas, Paris, Éditions Paris-Méditerranée, et Alger, EDIF 2000, 2004 (ISBN284272206X)
Hommage poétique: pour Jean Sénac, par Pierre Guéry, in Algérie Littérature/Action, numéro 87-88, Marsa Éditions, Paris, 2005 (ISSN1270-9131)
Tombeau pour Jean Sénac, sous la direction de Hamid Nacer-Khodja, textes de Guy Dugas, Katia Sainson, Christiane Chaulet-Achour, Abdelmadjid Kaouah, Dominique Combe, Camille Tchero, Pierre Rivas, Hervé Sanson, Michel-Georges Bernard, Guy Basset, Marc Bonan, Hamid Nacer-Khodja, Colette Achache, Salah Guemriche et Hamid Tibouchi, éditions Aden, Alger, 2013, 200 p. (ISBN978-9931-401-00-1)
Hamid Nacer-Khodja, Jean Sénac critique algérien, préface de Guy Dugas, éditions El Kalima, Alger, 2013,552 p. (ISBN978-9931-441-11-3)
Michel Del Castillo, Algérie, l'extase et le sang - Évocation de la vie et de l'œuvre de Jean Sénac, poète algérien mort assassiné, éditions Stock, 2002
Assia Djebar, Le Blanc de l'Algérie, Albin Michel, 1995 (pages 137-138 de l'édition de poche)
Ali Akika, Jean Sénac, le forgeron du soleil, 58 min, Paris, Productions La Lanterne, 2003
Abdelkrim Bahloul, Le Soleil assassiné, 85 min, coproduction Franco-Belge, Pierre Grise Productions, 2004
Eric Sarner, Sénac, Jean. Algérien, poète, 52 min, Production Zeugma Films - Groupe Galactica - BIP TV dans le cadre de la coll. « À contretemps », 2011