Moon River

Moon River
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Chanson de Audrey Hepburn
extrait de l'album Breakfast at Tiffany's: Music from the Motion Picture (en)
Sortie Août 1961
Enregistré 8 décembre 1960
Studio RCA World Music Center d'Hollywood (Californie) Drapeau des États-Unis États-Unis
Durée 2:01
Genre Ballade, jazz symphonique, jazz blues, musique de film
Format Disque microsillon
Auteur Johnny Mercer
Compositeur Henry Mancini
Label RCA Records
Classement Great American Songbook, Oscar de la meilleure chanson originale, Songs of the Century

Clip vidéo

(en) « Audrey Hepburn - Moon River - film Diamants sur canapé (1961) », sur www.youtube.com (consulté en )

Moon River (« Rivière de Lune », en anglais) est une chanson d'amour allégorique américaine, composée par Henry Mancini, avec des paroles de Johnny Mercer, interprétée par l'actrice britannique Audrey Hepburn[1],[2],[3] chez RCA Records pour la musique de la comédie romantique Diamants sur canapé de 1961. Cette chanson glamour mythique de rêve du cinéma américain est n°1 du Billboard 200 américain et Oscar de la meilleure chanson originale 1962[4].

Audrey Hepburn dans la comédie romantique Diamants sur canapé de 1961.

Cette chanson romantique est composée dans le style de la musique western nostalgique Rivière sans retour, de Marilyn Monroe[5] de 1954, ou Cry Me a River, de Julie London[6],[7], de 1955.

Sam Wasson rapporte dans son récit de la genèse du film que c'est le réalisateur Blake Edwards (recruté par les producteurs Martin Jurow et Richard Shepherd de la Paramount pour tourner le film Diamants sur canapé) qui désire que ce soit Henry Mancini qui compose la musique et les paroles de la chanson (célèbre compositeur entre autres des Peter Gunn Theme et The Pink Panther Theme)[8]. Mais Martin Rackin (en), directeur de la production Paramount, ne retient que la musique d'Henry Mancini, en rejetant ses paroles nostalgiques, et en préférant des paroles capables de retranscrire l'« élégance de Broadway » avec un air cosmopolite[8]. Henry Mancini n'en reste pas là et insiste auprès de Blake Edwards pour composer et écrire la chanson. Edwards arrive à convaincre les producteurs qui déclarent maintenant que « la chanson ne devait pas du tout parler de New York. Elle évoquait une fille originaire de « Tulip »[Note 1] au Texas et devait correspondre à cette image-là »[8]. Henry Mancini doit alors spécialement composer pour Audrey Hepburn dont la tessiture de la voix est limitée (à peine plus d'une octave). L'inspiration vient à Mancini avec trois notes « do, sol, fa » qui lui inspire une mélodie qu'il fait écouter à Blake Edwards. Celui-ci est conquis ainsi que les producteurs Jurow et Shepherd. Ces derniers demandent alors à Mancini avec quel parolier il désire travailler, et Mancini répond alors sans hésitation « avec Johnny Mercer »[8].

Johnny Mercer, un homme doux et rêveur[8], originaire de Géorgie, a toujours la nostalgie de son Sud des États-Unis natal et, inspiré par l'histoire de Holly qui, elle, a la nostalgie de son Texas, il propose rapidement trois textes à Mancini. Le premier commence par « I’m Holly, like I want to be / like Holly on a tree back home… » (Je suis Holly, comme je veux l’être / comme Holly sur un arbre de retour à la maison), le second est rejeté, et c'est le troisième qui est retenu, sa version préférée, inspirée de ses souvenirs d'enfance à la Huckleberry Finn de pleine lune au-dessus d'une rivière près de sa maison d'enfance, à Savannah, en Géorgie[9]. Provisoirement baptisé « Blue River », le texte est remanié par Johnny Mercer qui remplace « blue » par « moon » et se met à chanter à Mancini la ballade que l'on connaît…

Les producteurs sont à leur tour séduits, mais reste à convaincre Audrey Hepburn. La perspective de devoir chanter avec sa voix qu'elle trouve plus fluette qu'à l'époque de Drôle de frimousse de 1957 (avec Fred Astaire) l'effraye, mais les faiblesses invoquées deviennent un argument pour le réalisateur Blake Edwards, renforçant son idée qu'au travers d'une interprétation authentique « les spectateurs percevraient dans la faiblesse de ses capacités vocales l'image d'une Holly simple et nature ». Convaincue, Audrey Hepburn commence immédiatement à prendre des cours de guitare et de chant, avec des débuts de prises de vue fixées au .

Henry Mancini enregistre son album Breakfast at Tiffany's: Music from the Motion Picture (en) en 1962[10], mais la version Moon River chantée par Audrey Hepburn n’est pas incluse. Sur les 11 titres qui composent l'album, figurent 2 versions de Moon River : la première est un mixage instrumental-vocal (interprété par des chœurs) tandis que l’album s’achève sur la version Moon River Cha Cha qui, dans le film, illustre musicalement avec d’autres titres comme The Big Blow Out, Loose Caboose, la séquence de la fête organisée par Holly dans son appartement. Johnny Mercer publie sa version du titre sur son album My Huckleberry Friend (en) de 1974.

La version d’Audrey Hepburn n’est commercialisée qu’après son décès, en 1993, dans l’anthologie Music from the Films of Audrey Hepburn (voir section « discographie ») compilant 11 thèmes musicaux de 10 de ses films, dont 2 issus de Diamants sur canapé (instrumental et vocal). C’est un hommage posthume rendu à l’actrice où, dans le livret, le compositeur Henry Mancini (mort 1 an et 5 mois après l’actrice) raconte la genèse de la chanson :

« Pour Moon River, il est très difficile d’imaginer que j’aurais pu écrire la mélodie et Johnny Mercer les paroles sans qu’Audrey soit impliquée. Je n’ai jamais été plus inspiré que par ce film. […] Moon River a été écrit pour Audrey. Personne d’autre ne l’a jamais si parfaitement compris. Il y a eu plus de mille versions de Moon River, mais la sienne est incontestablement la définitive. Quand nous avons prévisualisé le film, [Martin Rackin] le responsable de Paramount était là et a dit « une chose est sûre, c’est qu’on va virer cette chanson ». Audrey a alors bondi de sa chaise. Mel Ferrer a dû mettre sa main sur son bras pour la retenir. C’est la seule fois où je l’ai vue perdre son contrôle[Note 2]. »

Audrey Hepburn devant les vitrines de Tiffany de Manhattan à New York

Le film s'ouvre sur une version instrumentale et vocale (chœurs)[Note 3] de Moon River accompagnant l'arrivée au petit matin de Holly Golightly (Audrey Hepburn) devant les vitrines de Tiffany de Manhattan à New York, mais c'est plus tard, sur le rebord de la fenêtre de son appartement d'immeuble de New York, donnant sur l'escalier de secours qu'Holly interprète sa chanson Moon River en s'accompagnant à la guitare, sérénade romantique de rêve, accompagnée d'un orchestre symphonique, sous la fenêtre de son nouveau voisin écrivain du dessus Paul Varjak (George Peppard) qui se précipite dans l'escalier en question pour l'observer. Une version instrumentale cha-cha-cha, avec chœurs, plus rythmée « Moon River Cha Cha[10] » est jouée lors de la fête organisée par Holly dans son appartement. Le film s'achève sur une version de Moon River chantée par des chœurs[Note 4].

Les cinq déclinaisons originales de Moon River du film sont éditées pour la première fois dans l'album Henry Mancini: Moon River and Me de 2012 qui en compte neuf.

Une crique de Savannah, ville natale de Johnny Mercer en Géorgie, a été baptisée d'après la chanson. Andy Williams, qui a repris la chanson, a également appelé sa maison de production Moon River.

  • Henry Mancini : « Chaque fois que j'ai entendu quelque chose d'aussi juste, c'était à vous donner les frissons, et lorsque Johnny Mercer a chanté ces mots « huckleberry friend », je les ai ressentis. J'ignore s'il savait l'effet que ces mots produisaient ou si c'était juste quelque chose qui lui venait comme ça, mais c'était palpitant[Note 5],[Note 2]. »
  • La chanson évoque Moon River, une rivière large de près de deux kilomètres qui coule près de Savannah, en Géorgie[Note 6]. Elle reflète sans doute la nostalgie de son auteur, Johnny Mercer, pour le Sud, où il est né et a grandi. On suit alors cette rivière qui ramène, au gré de ses courbes, vers l'ami « Huckleberry » des Aventures de Huckleberry Finn, roman de Mark Twain[Note 7].
  • L'expression « Mon ami Huckleberry », dans la chanson, est souvent considérée comme une référence à Huckleberry Finn, l'ami de Tom Sawyer. Mais, dans son autobiographie, Johnny Mercer précise que c'est en souvenir d'un ami d'enfance, son cousin Walter Rivers, avec lequel il avait l'habitude d'aller cueillir des airelles près d'une rivière en Géorgie[11].
  • L'un des trois textes de travail commençait par ces paroles : « I'm Holly, like I want to be / like Holly on a tree back home... », texte qui n'a pas été retenu[8].

Quelques distinctions

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Récompenses

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Discographie

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Cette chanson est reprise par de très nombreux interprètes, dont (classement par ordre alphabétique du nom en faisant abstraction du pronom « The » pour les groupes musicaux) :

Elton John, 2Cellos, The Afghan Whigs, Paul Anka, Anna Caterina Antonacci (au Théâtre national de l'Opéra-Comique à Paris, le ), Louis Armstrong, John Barrowman, Shirley Bassey, Carla Bruni, Melissa Benoist (dans l'épisode Crossover de The Flash, avec Supergirl), Mary Black, Art Blakey & The Jazz Messengers (instrumental), Sarah Brightman, Aretha Franklin, Jerry Butler, Al Caiola (en) (instrumental), Liz Callaway, Perry Como, Ray Conniff, Ania Dąbrowska, Étienne Daho (Surf (album)), Bobby Darin, Arielle Dombasle (Cabaret New Burlesque du 26 au , au Cirque d'Hiver, à Paris), Billy Eckstine, Ella Fitzgerald, Emi Fujita (en), Melody Gardot, Judy Garland, Karel Gott, Grant Green, Greyhound (band) (en), Patty Griffin, Lisa Hannigan, Eddie Harris (instrumental), PJ Harvey et Vincent Gallo, Anne Hathaway (série Les Simpson, saison 21, épisode 10), The Innocence Mission, Bradley Joseph (instrumental), Barney Kessel (instrumental), The Killers, Ben E. King, Eartha Kitt, Kid Koala, James Last, Danielle Licari, Dean Martin, Katie Melua, Morrissey, Willie Nelson, Patsy Ann Noble, Frank Ocean, Luciano Pavarotti[21], Pink Martini, Franck Pourcel[21] (instrumental), The Puppini Sisters, Jim Reeves, R.E.M., Bruno Ribera[21], André Rieu, Andrea Ross, Pedro José Sanchez Martinez (film La Mauvaise Éducation), Frank Sinatra, Barbra Streisand, Sarah Vaughan, Westlife, Andy Williams, Danny Williams (en) (N°1 des ventes au Royaume-Uni en 1961), Victoria Williams, Nancy Wilson, Kim Yoo-jin, Jacob Collier (Grammy Awards du meilleur arrangement accapella[22])...

Cinéma, musique de film

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Télévision

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Jeux vidéo

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Notes et références

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  1. Ville fictive du Texas.
  2. a et b Traduction libre de l'anglais par l'éditeur.
  3. Version originale éditée pour la première fois dans l'album Henry Mancini : Moon River and Me.
  4. Version intégrale éditée dans l'album Henry Mancini: Moon River and Me.
  5. Extrait de la présentation sur la couverture de la compilation Henry Mancini : Moon River and Me.
  6. Paroles de la chanson : « Moon River, wider than a mile ».
  7. Paroles de la chanson : « Waiting 'round the bend, my Huckleberry friend ».

Références

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  1. (en) « Moon River by Henry Mancini and His Orchestra and Chorus », sur secondhandsongs.com (consulté en ).
  2. (en) « Henry Mancini – Moon River / Breakfast At Tiffany's », sur discogs.com (consulté en ).
  3. « Retour en 1961 - Audrey Hepburn interprète Moon River dans Diamants sur canapé (vidéo) », sur www.jazzradio.fr (consulté en ).
  4. (en) « Audrey Hepburn - Moon River - film Diamants sur canapé (1961) », sur www.youtube.com (consulté en )
  5. [vidéo] « Marilyn Monroe - River Of No Return (1954) », sur YouTube.
  6. [vidéo] « Julie London - Cry Me A River - The Girl Can't Help It (1956) », sur YouTube.
  7. [vidéo] « Julie London - Cry Me A River - Isolated vocals (1955) », sur YouTube.
  8. a b c d e et f Extrait du récit de Sam Wasson (trad. Françoise Smith), 5e Avenue, 5 heures du matin : Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d'un film culte [« Fifth Avenue, 5 A.M.:Audrey Hepburn, Breakfast at Tiffany's, and the Dawn of the Modern Woman »] (récit), Paris, Sonatine Éditions, coll. « Documents », (1re éd. 2010), 238 p., 16 x 21 cm, relié, couverture cartonnée (ISBN 978-2-35584-074-6, présentation en ligne)Document utilisé pour la rédaction de l’articleIllustrations : plan et adresses du New York de Holly Goligthly. 8 clichés noir et blanc : 4 photos de quelques « acteurs » de la genèse (Truman Capote, Marilyn Monroe, Audrey Hepburn…) et 4 photos de plateau.
  9. (en) « The history of Henry Mancini's Moon River », sur www.bbc.com (consulté en )
  10. a et b Musique interprétée par Henry Mancini et son orchestre, 33 tours LP RCA Records, réédité sur CD BMG Music/RCA Records (1988).
  11. Autobiographie de John Mercer : Portrait of Johnny: The Life of John Herndon Mercer.
  12. (en) « Moon River », sur greatamericansongbook.net (consulté en ).
  13. a b c d et e Musique composée par Henry Mancini.
  14. Musique composée par Frederick Loewe.
  15. Paroles d'Ira Gershwin et musique de George Gershwin, voir accréditation Sacem.
  16. Musique composée par Franz Waxman.
  17. Musique composée par John Williams.
  18. Musique composée par John Barry.
  19. Musique composée par Nelson Riddle.
  20. Paroles de Johnny Mercer.
  21. a b et c Accréditations Sacem
  22. (en) « Jacob Collier », sur GRAMMY.com, (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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