Benquet | |||||
La mairie. | |||||
Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Nouvelle-Aquitaine | ||||
Département | Landes | ||||
Arrondissement | Mont-de-Marsan | ||||
Intercommunalité | Mont-de-Marsan Agglomération | ||||
Maire Mandat |
Pierre Mallet 2020-2026 |
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Code postal | 40280 | ||||
Code commune | 40037 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Benquetois | ||||
Population municipale |
1 913 hab. (2022 ) | ||||
Densité | 65 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 43° 49′ 51″ nord, 0° 30′ 02″ ouest | ||||
Altitude | Min. 46 m Max. 91 m |
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Superficie | 29,33 km2 | ||||
Type | Commune rurale à habitat dispersé | ||||
Unité urbaine | Hors unité urbaine | ||||
Aire d'attraction | Mont-de-Marsan (commune de la couronne) |
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Élections | |||||
Départementales | Canton de Mont-de-Marsan-2 | ||||
Législatives | Première circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
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Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
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Liens | |||||
Site web | communedebenquet.com | ||||
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Benquet (prononcé [bɛ̃kɛ] ; Benquèth[1] en gascon) est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département des Landes (région Nouvelle-Aquitaine).
Ses habitants sont appelés les Benquetois.
Benquet se situe à 8 km au sud de Mont-de-Marsan, dans le pays de Marsan, marquant la transition entre la Haute Lande et la région agricole de la Chalosse.
Les communes limitrophes sont Saint-Pierre-du-Mont, Bas-Mauco, Bretagne-de-Marsan, Haut-Mauco, Saint-Maurice-sur-Adour et Saint-Sever.
Les six communes limitrophes sont :
Situé dans le bassin versant de l'Adour, le territoire de la commune est traversé[3] par les ruisseaux de Saint-Jean (qui prend le nom de ruisseau de Saint-Christau en traversant la commune) et du Pesqué, affluents droit de l'Adour. Le ruisseau de Lagralote, tributaire droit du ruisseau de Saint-Jean, est également présent sur la commune. Une retenue collinaire est aménagée au début des années 1980 par des exploitants agricoles au sud-ouest de la commune sur le ruisseau de Saint-Christau, donnant naissance au lac artificiel de Saint-Christau d'une superficie de 40 hectares, dont une partie empiète sur le territoire de la commune limitrophe de Bas-Mauco.
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique altéré », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[4]. En 2020, la commune ressort du même type de climat dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Il s’agit d’une zone de transition entre le climat océanique et les climats de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs[5].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 1]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[8] complétée par des études régionales[9] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. La station météorologique de Météo-France installée sur la commune et mise en service en 1972 permet de connaître l'évolution des indicateurs météorologiques[10]. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 1,7 | 2 | 3,9 | 6,1 | 10 | 13,1 | 14,9 | 14,7 | 11,7 | 9,1 | 4,9 | 2,4 | 7,9 |
Température moyenne (°C) | 6,1 | 7,1 | 9,9 | 12,1 | 15,9 | 19,1 | 21,1 | 21 | 18,3 | 14,6 | 9,5 | 6,6 | 13,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 10,6 | 12,3 | 15,9 | 18 | 21,8 | 25 | 27,2 | 27,4 | 24,8 | 20,2 | 14,1 | 10,9 | 19,1 |
Record de froid (°C) date du record |
−19,5 08.01.1985 |
−11,5 12.02.12 |
−11 01.03.05 |
−4 04.04.1996 |
−0,5 07.05.10 |
4 01.06.06 |
4,8 08.07.1978 |
5,5 29.08.1998 |
1,1 11.09.01 |
−3 31.10.1997 |
−10 17.11.07 |
−12 25.12.01 |
−19,5 1985 |
Record de chaleur (°C) date du record |
22 13.01.1993 |
26 24.02.1990 |
28,5 21.03.1990 |
32 08.04.11 |
34,5 17.05.06 |
40 26.06.11 |
39,5 21.07.09 |
41 17.08.12 |
36 05.09.06 |
34,5 04.10.04 |
26 01.11.09 |
23,5 16.12.1989 |
41 2012 |
Précipitations (mm) | 89,6 | 80,8 | 78,3 | 96,7 | 89,3 | 63 | 59,1 | 68,3 | 72,2 | 97,2 | 112,4 | 98,7 | 1 005,6 |
Au , Benquet est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[11]. Elle est située hors unité urbaine[12]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Mont-de-Marsan, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[12]. Cette aire, qui regroupe 101 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[13],[14].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (67,1 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (64,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (40,4 %), zones agricoles hétérogènes (26,7 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (16,7 %), forêts (12,4 %), zones urbanisées (2,5 %), eaux continentales[Note 5] (1,4 %)[15]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
La commune de Benquet est desservie par le réseau de transport en commun Transports Marsan Agglomération.
Le territoire de la commune de Benquet est vulnérable à différents aléas naturels : météorologiques (tempête, orage, neige, grand froid, canicule ou sécheresse), feux de forêts, mouvements de terrains et séisme (sismicité faible)[16]. Un site publié par le BRGM permet d'évaluer simplement et rapidement les risques d'un bien localisé soit par son adresse soit par le numéro de sa parcelle[17].
Benquet est exposée au risque de feu de forêt. Depuis le , les départements de la Gironde, des Landes et de Lot-et-Garonne disposent d’un règlement interdépartemental de protection de la forêt contre les incendies. Ce règlement vise à mieux prévenir les incendies de forêt, à faciliter les interventions des services et à limiter les conséquences, que ce soit par le débroussaillement, la limitation de l’apport du feu ou la réglementation des activités en forêt. Il définit en particulier cinq niveaux de vigilance croissants auxquels sont associés différentes mesures[18],[19].
Les mouvements de terrains susceptibles de se produire sur la commune sont des tassements différentiels[20].
Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie. 0,9 % de la superficie communale est en aléa moyen ou fort (19,2 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 771 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, aucun n'est en aléa moyen ou fort, à comparer aux 17 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national au retrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site du BRGM[21],[Carte 2].
La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boue survenues en 1993, 1999 et 2009 et par des mouvements de terrain en 1999
C'est un dérivé de l'occitan benc, qui désigne soit une épine, une écharde, soit une aspérité. Deux solutions semblent possibles : soit un lieu épineux (avec suffixe collectif -et), soit un petit sommet pointu (avec suffixe diminutif).
Selon Michel Grosclaude, le nom désigne « une oseraie », un lieu planté d'osiers destinés à produire des liens. Du latin vincio, je lie, comme le terme gascon vencilh, lien. Le v se prononce partout [b], le suffixe –et, du latin –etum, désigne habituellement un collectif végétal, comme dans arboretum, ou dans Haget, Sanguinet, Cassanet, Bernet[22].
Pierre-Eudoxe Dubalen, prospectant sur la commune, y a trouvé des haches en silex datant du Néolithique ; le musée Dubalen à Mont-de-Marsan en possède une fort belle, ainsi qu'une hache bipenne perforée[23].
Les traces d'une station romaine attestent d'une présence humaine dès la Préhistoire et l'Antiquité[24].
Le peuplement de Benquet et de ses environs, petite région de l'ancienne province de Gascogne située entre l'Adour et la Midouze, se structure essentiellement entre les VIe et XIVe siècles, autour des premières églises de la chrétienté, lesquelles forment les noyaux des futurs villages. Cette occupation du territoire s’opère localement du sud vers le nord, à partir des pays de l'Adour landais, en trois vagues successives qui, à Benquet, se matérialisent par les constructions suivantes :
Au cours de l’Histoire, ces trois paroisses fusionnent successivement autour de Saint-Jean-Baptiste, l’église principale, pour ne plus former qu’une seule entité religieuse, préfigurant la physionomie du village actuel, qui acquiert le statut de commune à la Révolution française[25]. La paroisse a, quant à elle, perdu son autonomie et Benquet n'est plus de nos jours qu'un simple « relais paroissial » de la paroisse Saint-Martin-du-Marsan[26], créée le , et qui regroupe sept villages[27].
La tradition orale rapporte l’existence d’une église qui aurait brûlé. Celle-ci daterait du Xe siècle et se serait située au lieu-dit Pelouha, en bordure du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au bourg de Benquet, la chapelle seigneuriale Notre-Dame-du-Bourg, attachée au Château-Vieux, est désacralisée en 1790. Elle est transformée en mairie et accueille également pendant des années l'école communale et un logement de fonction du garde champêtre et de l’instituteur[28].
Benquet, et plus particulièrement La Plaine, garde la trace dans sa mémoire collective d'un combat, ou d'une simple échauffourée, qui aurait opposé pendant la guerre de Cent Ans des soldats français à des soldats d'occupation en Guyenne. Les cadavres anglais auraient été inhumés dans une parcelle[29], aujourd'hui plantée d'arbres, qui porte encore le nom de « Cimetière des Anglais »[30].
Quand Martin Luther propose en 1517 à l'église catholique de se réformer, il déclenche des bouleversements dans toute l'Europe. La reine Marguerite de Navarre, qui séjourne souvent à Mont-de-Marsan, s'intéresse à ces nouvelles idées, qui sont propagées par des prédicants. Ainsi sont convertis dans les Landes des religieux, bourgeois, artisans, paysans, mais aussi des nobles, parmi lesquels Rolland de Chauveron, seigneur de Benquet.
En 1560, Jeanne d'Albret se convertit au protestantisme et par l’ordonnance du , elle impose le calvinisme dans son royaume. La même année, la régente Catherine de Médicis charge Blaise de Monluc d'assurer l'ordre en Guyenne. En 1562, une bande armée de huguenots, menée par Montgomery, massacre des habitants de Saint-Christau et en saccagent l'église, qui sera reconstruite en 1563.
Il s'agit d'un exemple des prémices d'une longue guerre civile de 36 ans (1562-1598), qui se décompose en huit guerres de religion. La troisième d'entre elles est éprouvante pour les Landes. Catherine de Médicis interdit le culte réformé et confisque tous les domaines de Jeanne d'Albret. Les protestants sont battus à la bataille de Jarnac et à Bordeaux, 579 « hérétiques » sont condamnés à mort. Parmi eux se trouve Rolland de Chauveron, seigneur de Benquet[28].
En 1572, année du massacre de la Saint-Barthélemy, l'église Saint-Jean de Benquet est gravement endommagée par une bande armée huguenote et le prêtre Jean Pescay est assassiné.
En 1598, la signature de l'édit de Nantes par le roi de France Henri IV met un terme aux guerres de Religion. Celui-ci possédait à Benquet un pied-à-terre hérité de sa mère et dénommé Château-Vieux[24]. Il en reste de nos jours une maison appartenant à un particulier. L'actuelle mairie de Benquet est l'ancienne chapelle du Château-Vieux.
Les civilisations génèrent parfois des catégories d'êtres humains relégués tout en bas de l'échelle sociale, frappés par la répulsion et le mépris. Ce fut le cas dans le Sud-Ouest de la France, du haut Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle. Dans les Landes, au regard des limites administratives de l'actuel département, plus d'une centaine de villages eurent ainsi une communauté de « cagots », caste suspectée de porter la lèpre et reléguée tout en bas de la société, sans être totalement exclue, les cagots étant reconnus comme chrétiens.
Ce fut le cas à Benquet, mais la mémoire collective n'en garde pas le souvenir, signe qu'ils ont dû être assimilés relativement rapidement à la population. On retrouve cependant leur trace grâce à leur nom : comme ils sont souvent désignés par leur prénom et le nom de leur paroisse, on a pu retrouver, dans une douzaine de villages landais, des cagots benquetois, comme, en 1695, le mariage de Marie de Benquet à Baigts.
En 1714, on signale seulement à Benquet « deux maisons de crestians », sans autre précision. Certains toponymes apportent des informations, comme les lieudits Coy[31] ou Coye[32], signifiant panier d'osier, laissant supposer que des communautés de cagots auraient pu vivre en ces lieux, les cagots étant spécialistes de la vannerie et du travail du bois[28]. Le bois était en effet supposé ne pas transmettre la lèpre, d'où la possibilité laissée aux cagots d’exercer les métiers de charpentier, tonnelier, vannier ou fabricant de cercueils[33].
Le , les habitants de la baronnie de Benquet se réunissent « au sous de la cloche », probablement dans la première église Saint-Jean, pour exprimer dans un « cahier de paroisse » leurs « vœux et réclamations » en préparation de la convocation des États généraux, prévue le .
Le juge de Benquet étant absent, c'est un ancien, Jean Baignères, qui préside l'assemblée. Le procès-verbal est rédigé par le greffier Destenabes. Les chefs de feux, de nationalité française, et âgés de plus de vingt-cinq ans sont tous invités à participer ; les femmes qui sont chefs de famille sont aussi convoquées. Chacun figure dans le rôle nominatif des impôts et fait partie de la communauté benquetoise, composée alors de deux cent cinquante feux. Lecture est faite de la lettre envoyée de Versailles le , dans laquelle le roi Louis XVI ordonne la convocation des États généraux. Lecture est faite également du règlement annexe et de l'ordonnance du lieutenant général de la sénéchaussée, qui précisent toutes les dispositions à prendre.
Dans chaque paroisse comme Benquet, concernant les gens du tiers état, un cahier de paroisse est rédigé. Tous les cahiers de paroisses de la sénéchaussée sont apportés le lendemain à Saint-Sever par trois représentants élus pour être fondus en un seul cahier de doléances. À Benquet, ceux qui savent écrire apposent leur signature sur le document. Les trois premiers notables se voient confier le cahier de paroisse, mais son contenu ne nous est pas connu[28].
En 1790, le culte est interdit, et la chapelle Notre-Dame du Bourg est désacralisée. On y installe la mairie, qui l'occupe toujours, et une école publique. En 1824, le conseil municipal envisage de démolir l'édifice en mauvais état pour des raisons de sécurité, et de réutiliser les matériaux pour la construction d'une « maison commune », comportant aussi le logement de fonction de l'instituteur et une prison. Le préfet n'ayant pas donné suite à cette demande, on suppose que des travaux de réhabilitation ont résolu le problème. En 1830, le maire, « frappé des graves inconvénients qui résultent de la réunion des garçons et des filles dans une même école », demande aux religieuses d'ouvrir une école de filles dans leur petite maison[34]. Il envisage aussi d'agrandir l'école existante et de développer la gratuité de l'enseignement. Ainsi, en 1832, Benquet compte 12 élèves « payants » mais aussi sans doute 70 élèves « gratuits », sur une population de 400 habitants. En 1835, décision est prise d'entretenir une école primaire élémentaire et de l'installer dans l'ancienne chapelle, de même que le logement de l'instituteur. Celui-ci perçoit 200 francs par an mais une participation est demandée aux familles. En 1867, l'école publique de garçons compte 55 élèves dont deux obtiennent le certificat d'études primaires créé un an plus tôt sous l'impulsion de Victor Duruy. En 1881-1882, les lois Jules Ferry imposent l'école laïque, gratuite et obligatoire, nécessitant d'agrandir l'école. En 1910, une école de filles et la maison de l'instituteur (l'actuelle médiathèque) sont construites, une troisième classe est créée en 1935 puis une quatrième en 1958, en partageant en deux la première classe à l'étage de la mairie. En 1979, un ensemble scolaire plus moderne est bâti, ce qui permettra à la mairie d'investir l'intégralité de l'ancienne chapelle[35].
Le 20 et , les Français acceptent par plébiscite les réformes du « prince-président » Louis-Napoléon Bonaparte, ratifiant le coup d'État du 2 décembre 1851. La Constitution de 1852, promulguée le , jette les bases du Second Empire. L'adhésion se manifeste à Benquet par le texte suivant, qui lui est adressé par le conseil municipal du sous le mandat du maire Guillaume Labayle :
« Monsieur le Prince Louis Napoléon Bonaparte, Président de la République Française,
L'enthousiasme avec lequel la fête Nationale du 11 courant a été célébrée dans toute l'étendue de la France prouve à la fois la sincérité du vote des 20 et et la profonde reconnaissance que la nation entière a pour l'immense service que vous lui avez rendu. La religion protégée, la propriété respectée, les liens sacrés de la famille assurés, le hideux socialisme enfin à jamais vaincu, tel est, Prince, le prix de votre noble et courageuse entreprise ! Persévérez, Prince, dans la voie que vous vous êtes tracée et la France, grâce à vous, va enfin redevenir la puissance protectrice des nations civilisées !
Les membres du Conseil Municipal de la commune de Benquet, en vous adressant l'expression de leur chaleureuse adhésion, vous prient d'agréer l'assurance de leur loyal concours pour la réalisation de vos grands projets et celle de leurs respectueux sentiments. »
Louis Napoléon Bonaparte annonce la même année son intention de rétablir l'empire héréditaire et de prendre le nom de Napoléon III. Cela est favorablement accueilli à Benquet, où une nouvelle « adresse » est rédigée à l'attention du Prince le . Des avatars et un désastre marquent la fin du Second Empire, mais le département des Landes garde aussi en mémoire l'œuvre d'assainissement et de mise en valeur de son territoire voulue par la loi du 19 juin 1857[28].
Le , la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l'Allemagne nazie. Le soir même commence l'évacuation de la population civile d'Alsace vers des régions plus éloignées, notamment du Sud-Ouest de la France. Les Landes deviennent la destination d'une partie de la population du Haut-Rhin, soit 50 000 habitants, dont 319 en provenance de Muespach-le-Haut, accompagnés de leur curé. Ces derniers rejoignent la gare de Dannemarie, à 20 km de chez eux, où ils attendent sept jours le départ du convoi de wagons de marchandises, car les trains militaires sont prioritaires. Le voyage à travers le centre de la France par des voies secondaires dure quatre jours. Ils arrivent enfin en gare de Grenade-sur-l'Adour (sur la ligne de Morcenx à Bagnères-de-Bigorre) avant d'être dirigés sur Benquet par convoi militaire.
La municipalité a entretemps été avertie par la préfecture des Landes. Elle est chargée d'organiser leur hébergement. Le maire M. Labayle et son secrétaire, le garde champêtre M. Tauzin, l'« intendant des réfugiés » M. Jean-Baptiste Barrère déploient de gros efforts mais tous les réfugiés ne sont pas logés la première nuit. Les platanes du bourg et les loges des vaches des arènes en abritent un certain nombre. Par la suite, après la réquisition de maisons ou pièces vides en plus ou moins bon état et par la solidarité des Benquetois, les 82 familles sont toutes hébergées dans un confort relatif, parfois à plusieurs dans une même pièce, des tentures faisant office de cloisons.
La vie s'organise progressivement malgré la différence de dialectes et de genres de vie. Les hommes valides et non mobilisés sont employés dans des fermes ou des entreprises de Mont-de-Marsan. Les jeunes de 17 à 20 ans sont réquisitionnés à la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles. L'intendant, mandaté par les autorités, gère les finances des réfugiés (dotations de l'État, frais de réparation des logements, etc.). Une année passe, marquée par la drôle de guerre, l'effondrement des armées françaises en , la demande d’armistice du maréchal Pétain, le départ à Londres du général de Gaulle et son appel du 18 Juin, la signature de l'armistice du 22 juin 1940, la fin de la Troisième République. Durant cette période, la population alsacienne réfugiée à Benquet enregistre deux mariages, quatre naissances et trois décès.
Le retour en Alsace a lieu en . Beaucoup d'Alsaciens ont alors la douleur de constater que leurs maisons ont été pillées par les différentes troupes qui y ont séjourné et que leur région a été intégrée au Troisième Reich et germanisée. Benquet se situe quant à elle en zone libre jusqu'au [36].
La commune de Benquet est rattachée successivement aux cantons de :
Muespach-le-Haut (France), en souvenir des Alsaciens qui ont trouvé refuge dans le village landais dans le cadre de l'évacuation des civils au début de la Seconde Guerre mondiale. Deux cérémonies de jumelage ont lieu, respectivement le à Benquet et le à Muespach-le-Haut. Les retrouvailles quarante ans après les faits ont permis de tisser des liens d'amitié transmis aux générations suivantes. Celle-ci est devenue une véritable institution dans 35 communes des Landes[36].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[39]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[40].
En 2022, la commune comptait 1 913 habitants[Note 6], en évolution de +12,79 % par rapport à 2016 (Landes : +5,78 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
La population traditionnelle vit de l'agriculture. Après une lente diminution jusqu'à la fin des années 1960, la démographie connaît un nouveau dynamisme liée à la rurbanisation. Une part grandissante de la population vit ainsi à Benquet mais dépendant économiquement de Mont-de-Marsan.
L'Institut national de la recherche agronomique possède une unité expérimentale de palmipèdes à foie gras dans le quartier d'Artiguères dont la mission porte sur la recherche en génétique, reproduction, comportement, élevage et gavage des palmipèdes[43].
Le métayage est un bail rural créant une association entre le propriétaire foncier (appelé « colon »), qui apporte les terres, et un cultivateur, fournissant son travail. En 1914, ce mode est encore le plus répandu dans treize départements français, les Landes en tête avec 20 000 métairies. En 1939, 70 % des exploitations landaises sont dans le même cas. Très divers, les baux sont généralement moins durs pour les métayers de la Landes forestière que dans la Chalosse agricole. Par exemple, le est signé à Benquet un « bail à faisandise » de trois ans, devant le notaire Dupouy de Mont-de-Marsan. Le contrat stipule le prélèvement de la dîme, soit le dixième des produits de l'exploitation. Initialement versée au clergé avant le partage et le paiement au colon, elle avait été supprimée par la Révolution française, mais maintenue par certains propriétaires à leur profit.
Toujours à Benquet, le , jour de la Saint-Martin, souvent choisi comme échéance, on peut lire :
« Conditions de tenir par le colon : à la charge du colon l'entretien de la cabane, des claies et des barrières tournantes, le curage des rigoles, 1/3 chaque année, reporter et étendre la terre des rigoles sur le champ comme il est d'usage et curer tous les ans le ruisseau qui traverse la prairie. Les récoltes ci-après seront partagées aux 2/5 : seigle, froment, maïs, panis, haricots, pommes de terre, lin et chaume. Les châtaignes, pommes de pommier, foin à moitié. Il est défendu de vendre du bois et de la paille de seigle, cette dernière sera consommée dans la propriété. Les thuies coupées dans le courant de l'année devront être enlevées au 1er mai.
Redevances :
- un jambon à deux tétons de 20 kg au moins ou 20 francs en argent ;
- deux paires de poulets, trois paires de poulardes, deux paires de chapons, cinq douzaines d'œufs, quatre oies avec plumes ;
- s'il tient des canards ou dindons, il sera redevable d'une tête de chaque espèce. S'il en tient plus de huit, il sera redevable de deux têtes de chaque espèce ;
- le métayer devra, en outre, faire quatre journées de travail avec les bœufs pour son maître en cas de besoin. »
.
Ce dernier alinéa concerne une prestation en nature que les métayers appellent « corvées », réminiscence de l'Ancien Régime très mal vécue. Sur réquisition du maître, elles peuvent également concerner des travaux de charrois, filage de textile, lessives, etc. En 1937, la fédération SFIO des Landes demande la suppression du métayage et une loi sur le fermage, mais en raison de la Seconde Guerre mondiale et de l'occupation, ce n'est que le que l'Assemblée constituante, sur le rapport du député landais SFIO Charles Lamarque Cando, vote la loi sur le statut du fermage et du métayage. Les 3/4 des métayers demandent aussitôt à devenir fermiers. Il faudra attendre 1981 pour la suppression totale du métayage[44].
De nos jours, l'économie du village est toujours dominée par l'agriculture, incluant polyculture (maïs essentiellement), sylviculture, élevage de porcs, de bœufs, de canards, de volailles et d'oies, production de foie gras, d'asperges, de kiwis, vente directe à la ferme. Dans le sillage d'Henri Pedelucq, qui a été le premier à introduire et expérimenter le kiwi dans le Bassin de l'Adour en 1965, M. Lafargue est un des pionniers de ce fruit dans les Landes et sera le premier à l'acclimater à Benquet au début des années 1970. La commune accueille également la station expérimentale d'Artigères des palmipèdes à foie gras, dépendant de l'INRA[24]. Le territoire de la commune de Benquet se situe dans le périmètre des Indications géographiques protégées suivantes :
La discothèque Le Byblos, située sur le territoire de la commune le long de la route départementale 933, ouvre au public le vendredi 3 septembre 1976. En novembre 1979, en pleine vague disco, le chanteur Francis Cabrel, alors âgé de 26 ans, y donne une représentation devant un public qui exprime bruyamment son désaccord avec ce choix de programmation. L'établissement change plusieurs fois de nom au cours de ses années d'exploitation : Le 933, L'Atmosphère, Le Forum, Le Rétro, Le Métropolys. En 2024 ont lieu des travaux de réaménagement pour en faire, avec une superficie de 1 000 m2, le deuxième plus grand club libertin de France[54].
Benquet est une étape du chemin de Saint-Jacques sur la voie limousine. L'actuelle route Saint-Jacques emprunte un tronçon de l'itinéraire historique du Camin Sin Yaques, et le lieudit l'Espitaou[59] marque la présence d'un ancien hôpital[60], accueillant les pèlerins au Moyen Âge. Une source[61] dite « miraculeuse » sur une propriété privée, à proximité de l'église de Saint-Christau, a la réputation de pouvoir guérir les maladies de peau.