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Louis Pauwels (prononcer : [povɛls]), né à Paris le et mort à Suresnes le , est un journaliste et écrivain français.
Rédacteur à Gavroche en 1945 et à l'hebdomadaire Carrefour à partir de 1949, il devient en mars 1950 rédacteur en chef de Combat, journal auquel il collaborait régulièrement depuis 1946. Il dirige ensuite le mensuel Marie-France, puis fonde avec Jacques Bergier la fameuse revue Planète, consacrée à la science, à la philosophie et à l'ésotérisme, qu'il dirigera pendant six ans. L'Amour monstre écrit en 1954 et Le Matin des magiciens, co-écrit avec Jacques Bergier en 1960, constituent ses œuvres majeures. En 1978, il fonde le Figaro Magazine, qu'il dirige jusqu'en 1993.
Du fait du remariage de sa mère française, Louis Pauwels a été élevé par son beau-père Gustave Bouju, artisan tailleur et syndicaliste. C'est à sept ans qu'il apprend que son père biologique est un bourgeois belge ; sa mère étant issue d'un milieu ouvrier, la différence sociale entre eux avait conduit au divorce. Il ne rencontra jamais son père biologique[1].
Louis Pauwels prononçait son nom « Povels » et non pas « Po-ouèls » ; il indiqua à Jacques Chancel dans une de ses Radioscopie que c'était « Povels » qu'il fallait le prononcer en français, tandis qu'en néerlandais c'eût été « Pôls ».
Instituteur à Athis-Mons de 1939 à 1945 (licence de lettres interrompue au début de la guerre), Louis Pauwels se marie en premières noces avec Suzanne Brégeon. Ils ont une fille, Marie-Claire, journaliste qui obtint le prix Roger-Nimier en 2003 pour Fille à papa, une biographie de son père ; et un fils, François, patron pêcheur à Trouville puis restaurateur à Paris. Il épouse en secondes noces l'actrice Élina Labourdette, avec qui il adopte une fille, Zoé.
Il commence sa carrière littéraire en écrivant Le Jour des révélés (1941), resté inédit, et en publiant dans de nombreuses revues littéraires françaises mensuelles dès 1946 (Esprit, Variété, etc.) durant les années 1950.
À la Libération, il participe à la fondation de Travail et Culture en 1946 (proche du PCF, et destiné à la culture des masses), dont il est le secrétaire, puis entre dans les groupes Gurdjieff en 1948 pour quinze mois, à l'issue desquels il devient rédacteur en chef de Combat en 1949 et éditorialiste au quotidien Paris-Presse. Il dirigera (entre autres) la « Bibliothèque mondiale » (précurseur du « Livre de poche »), Carrefour, le mensuel féminin Marie-France, et la revue Arts en 1952.
Il publie pendant cette période plusieurs romans, dont L'Amour monstre, très remarqué, qui sont considérés comme des romans d'avant-garde, malgré leur style plutôt classique.[réf. nécessaire] L'Amour monstre, qui reçoit des voix au prix Goncourt en 1955, est cité par Serge Gainsbourg dans sa célèbre chanson Initials B.B.[1]. Ingmar Bergman envisage l'adaptation cinématographique du roman en 1973, avec Jeanne Moreau et sous le titre de Les Monstres de la vie, mais le projet n'aboutit pas.
Avec Jacques Bergier (rencontré en 1954 alors qu'il était directeur littéraire de la « Bibliothèque mondiale »), il écrit en 1960 Le Matin des magiciens, et, en 1970, la suite interrompue de L'Homme éternel. Le Matin des magiciens est truffé de fictions : par exemple, Karl Haushofer ne s'est jamais rendu au Tibet et l'ensemble des assertions de cet ouvrage, attribuant à Haushofer une influence ésotérique sur l'idéologie nazie — utilisation du svastika, création du corps des SS, membre de sociétés secrètes ésotériques telles que l'ordre de Thulé et la Société du Vril, contact avec l'ordre hermétique de l'Aube dorée — ont été réfutées par les travaux de Hans-Adolf Jacobsen.
À la suite du succès du Matin des magiciens, Bergier et Pauwels, ainsi que François Richaudeau, fondent en octobre 1961 la revue bimestrielle Planète[1], valant à Pauwels la célébrité. D'environ 150 pages, d'un format carré de 17 × 17 cm, Planète contribue à la diffusion en France de la science-fiction et crée un engouement pour le paranormal, les civilisations disparues et les mystères de la science.
La revue paraîtra jusqu'en mai 1968. Elle sera relancée la même année sous le titre Le Nouveau Planète ; 64 numéros au total entre les deux éditions. Diverses études hors-série plus fouillées sont publiées dans une collection par auteurs appelée « Encyclopédie Planète » (chaque volume comptant environ 250 pages — une trentaine de volumes) et les douze « Anthologies Planètes » déléguées à Jacques Sternberg regroupent de courts textes d'auteurs sur un thème donné.
L'ufologue Aimé Michel appartient lui aussi à la rédaction de Planète. La revue joue un rôle clef dans la diffusion de la littérature de genre. En 1962, Louis Pauwels et Jacques Bergier sont interviewés par la RTBF dans un sujet intitulé Le fantastique : littérature et fantastique. La même année, ils donnent en compagnie de Jean-Émile Charon et Jean-Louis Barrault une conférence sur le réalisme fantastique au théâtre de l'Odéon. L'année suivante, la conférence est éditée en 33 tours.
Le succès de la revue Planète et du concept de « réalisme fantastique » est tel que Louis Pauwels peut développer un petit groupe de presse, les éditions Retz, qui publie deux autres revues, Plexus, magazine érotique, et Pénéla, magazine féminin, tous deux sur le même format carré et à dos carré que Planète, dont la promotion est assurée par le slogan « La première revue de bibliothèque ». Planète connaît une douzaine d'éditions en langue étrangère et suscite des débats de 1961 à 1970, les uns, comme Umberto Eco (La Guerre du faux) ne voyant dans la revue qu'une imposture intellectuelle et scientifique, les autres (dont Henri Laborit) appréciant son anticonformisme et son apport à une société française alors en pleine mutation. La polémique est aujourd'hui largement éteinte et Planète est considérée par certains comme une revue de haute tenue, dont les approximations dans l'information, l'ésotérisme, l'ufologie, ou les apologies de la drogue étaient en partie compensées par un rédactionnel et une iconographie en phase avec son temps.
Elle a contribué également à faire mieux connaître du grand public des auteurs comme Jorge Luis Borges, Daniel Keyes, Arthur C. Clarke, Robert Sheckley et Fredric Brown. Parmi les contributions de Louis Pauwels à une meilleure connaissance en France de la science-fiction, on peut citer son adaptation théâtrale des Chroniques martiennes de Ray Bradbury. Le projet a connu différentes péripéties. Initialement prévu pour l'Odéon dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault et Jean-Pierre Granval, il est arrêté en cours de montage pour être repris en 1974 par la compagnie du Théâtre Poétique National[2]. Le spectacle fait l'objet d'une captation par FR3, toujours en 1974, dans une réalisation de Renée Kammerscheit diffusée le .
Toujours dans le registre de la science-fiction, il interviewe René Barjavel en 1977 sur FR3 dans l'émission L'Homme en question animée par Anne Sinclair. Il avait déjà, le , participé à l'émission En toutes lettres autour du roman La Nuit des temps du même auteur.
Durant cette même période, il fait preuve d'un intérêt renouvelé pour la spiritualité et participe, le , à une émission de l'ORTF consacrée aux gnostiques.
Il continue durant toute sa carrière à faire vivre la mémoire de ce courant du « réalisme fantastique » qu'il a contribué à créer. Il participe, en 1969, avec Jacques Bergier[3] à une série de dix émissions de la série Par 4 Chemins sur Radio-Canada consacrées à la philosophie du Nouveau Planète. Vingt ans plus tard, en 1989, il prend part dans l'émission Apostrophes de Bernard Pivot à « La soirée des Magiciens ».
Louis Pauwels arrête Planète au début des années 1970, lassé de répéter une formule qui était de toute façon tombée dans le domaine public, aussi bien dans la forme (la revue de même format Janus) que dans le contenu (la série des livres L'aventure mystérieuse des éditions J'ai lu). Durant cette période de sa carrière principalement consacrée à la littérature, il a conservé des activités de journalisme politique. Le , à la télévision, il interviewe Michel Debré, alors Premier ministre. La même année, le , il interviewe Guy Mollet lors de l'investiture présidentielle de Charles de Gaulle. Le , Pauwels interviewe Maurice Papon, préfet de police de Paris, faisant un portrait de lui en tant que « philosophe humaniste » ; Papon vient de publier L'Ère des responsabilités, un an avant le massacre du 17 octobre 1961[4]. En 1961, il interviewe Louis-Ferdinand Céline.
Il est signataire du Manifeste des intellectuels français pour la résistance à l'abandon, contre le Manifeste des 121 appelant à s'opposer à la guerre d'Algérie.
À partir de 1970, il appartient au comité de patronage de Nouvelle École[5].
Après l'arrêt de Planète, il se concentre alors sur une nouvelle revue, Question de, orientée uniquement sur la spiritualité. Il anime aussi des émissions télévisées. Dans L'invité d'un autre monde, il interviewe chaque samedi après-midi, entre 1974 et 1975, une personnalité. Parallèlement il rédige de nombreux articles pour Le Journal du dimanche en 1975-1976.
En 1977, il prend la direction des services culturels du Figaro, où il établit les bases du Figaro Magazine, hebdomadaire qu'il dirige jusqu'en 1993. Orienté à droite, le magazine se situe dans l'opposition à la politique de François Mitterrand, notamment lors du projet de loi Savary. Regrettant que la droite considère « que toute politique n'est jamais qu'un prolongement de l'économie, que les idées ont peu d'importance, que le culturel est la part du pauvre », il ouvre au contraire le Figaro Magazine à ces sujets-là[1].
En , il fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés[6].
En 1979, il participe à la rédaction sous le pseudonyme collectif de « Maiastra » de Renaissance de l'Occident ?, paru chez Plon[7].
Membre fondateur de la Fondation Marcel et Monique Odier de psycho-physique à Genève en 1992 avec Gabriel Veraldi et Rémy Chauvin, il est aussi, la même année, le premier parrain de Nouvelles, l’École du journalisme à Nice, école privée non reconnue par la profession.
Revenu à la foi catholique, il prend ses distances avec sa période Planète. Alain de Benoist du GRECE lui dédie ainsi son livre Comment peut-on être païen ? en 1981 (éd. Albin Michel), peu avant sa conversion de novembre 1982 à Acapulco, provoquée par un accident jugé incompréhensible par Pauwels.
Fin 1986, à Paris, il se déconsidère auprès d'une partie des cercles journalistiques et universitaires en qualifiant, dans un éditorial du Figaro Magazine, de « jeunesse atteinte d’un sida mental » les étudiants manifestant contre le projet de loi Devaquet[8] quelques mois après un éditorial élogieux sur cette même jeunesse. Dans cet article paru le 6 décembre 1986, il affirme que les manifestants seraient l'objet d'une vaste « manipulation », et, somme toute, les produits de la culture Lang [9],[10], alors qu'en réalité ces manifestants ne réclamaient nul changement de société mais seulement le maintien de l'accessibilité des études supérieures à tous, c'est-à-dire la facilité d'intégration dans la société telle qu'elle est.
Face aux protestations suscitées par cette prise de position, Pauwels, lui-même originaire d’une famille modeste, affirmera par la suite qu’« à ne pas sélectionner sur résultats à l’entrée de l’université, on ne fait que transférer cette sélection sur les relations familiales à la sortie des études supérieures, opération où ne trouvent leur compte ni le bien du pays, ni la justice sociale[1] » ; il va jusqu’à affirmer que les manifestants ont simplement « tiré les marrons du feu » pour les enfants de la bourgeoisie. Selon Gabriel Véraldi, n'ayant pas compris leurs revendications, il croit y revoir les utopies de mai 1968[8].
Pauwels continue à écrire sa vie durant et certains de ses manuscrits restent à ce jour non publiés comme La Place des ailes (1975).
Il fait sa dernière apparition télévisée en 1996 dans Le Cercle de minuit animé par Laure Adler.
Il meurt à Suresnes le d'une crise cardiaque[11]. Il est enterré au cimetière du Mesnil-le-Roi[12] (Yvelines).
Henri Loyrette fait son éloge lors de la séance du à l'Académie des beaux-arts[13],[1] :
« Il y a des hommes que la mort livre tout préparés, la notice nécrologique dûment calibrée, soigneusement apprêtés pour un grand sommeil et un éternel oubli. Il y a des hommes que la mort nous présente […] défigurés par la haine qu'on leur voue comme par l'admiration d'un petit troupeau d'adorateurs. Louis Pauwels est de ces derniers. On s'en réjouira en pensant qu'il prend ainsi des assurances sur l'avenir quand les autres, ces morts si ternes et si lisses, ne seront plus rien. On déplorera qu'une carrière aussi diverse, contrastée, aventureuse, soit réduite à son ultime phase. Louis Pauwels est donc mort à droite, très à droite, pour certains fascisant et antisémite. C'est ainsi que la plupart le voient aujourd'hui ; c'est ainsi qu'il se savait vu, tour à tour blessé de cette caricature et fier d'être ainsi méconnu. Oublié, en effet, le romancier, le poète, l'essayiste. Oubliées les prises de positions courageuses contre la peine de mort et le soutien apporté à Robert Badinter, face à un lectorat qui ne réclamait pas tant de mansuétude. Oubliés les avatars d'une vie exceptionnelle qui fit de cet enfant pauvre un journaliste et patron de presse redoutés. Souvent il reconnaissait avoir tout fait pour susciter cette réserve ou cette détestation, citant volontiers Saint-Simon : “Mon estime pour moi-même a toujours augmenté dans la mesure du tort que je faisais à ma réputation”. »
La télévision s'est intéressée à plusieurs reprises tant au personnage qu'à son œuvre. Le , FR3 lui consacre un reportage dans la série L’Homme en question, suivi d'un débat animé par Paul Giamoli.
Un peu plus de dix ans plus tard, en 1988, c'est Michel Polac qui l'interviewe pour un documentaire publié dans la collection « Libre Échange »[14].
En mars 1989, il est l'invité de Thierry Ardisson dans le Who's who de l'émission Lunettes noires pour des nuits blanches.
Sa femme, Elina Pauwels, a fait don en 2006 à la Bibliothèque nationale de France des manuscrits, lettres et autres archives, qui constituent désormais le fonds Louis-Pauwels[15].
Les références ci-dessous illustrent à titre indicatif l'éclectisme des participations audiovisuelles de l'auteur, aussi bien dans le champ politique que littéraire.
« Ce sont les enfants du rock débile, les écoliers de la vulgarité pédagogique, les béats nourris de soupe infra-idéologique cuite au show-biz Coluche et Renaud, ahuris par les saturnales de Touche pas à mon pote. Ils ont reçu une imprégnation morale qui leur fait prendre le bas pour le haut. Rien ne leur paraît meilleur que n’être rien, mais tous ensemble, pour n’aller nulle part. Leur rêve est un monde indifférencié où végéter tièdement. Ils sont ivres d’une générosité au degré zéro, qui ressemble à de l’amour mais se retourne contre tout exemple ou projet d’ordre. L’ensemble des mesures que prend la société pour ne pas achever de se dissoudre : sélection, promotion de l’effort personnel et de la responsabilité individuelle, code de la nationalité, lutte contre la drogue, etc., les hérisse. Ce retour au réel leur est scandale. Ils ont peur de manquer de mœurs avachies. Voilà tout leur sentiment révolutionnaire. C’est une jeunesse atteinte d’un sida mental. Elle a perdu ses immunités naturelles ; tous les virus décomposants l’atteignent. Nous nous demandons ce qui se passe dans leurs têtes. Rien, mais ce rien les dévore. Il aura suffi de cinq ans pour fabriquer dans le mou une telle génération. Serait-ce toute la jeunesse ? Certainement pas. Osons dire que c’est la lie avec quoi le socialisme fait son vinaigre. »