Église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique |
Type | Église paroissiale |
Rattachement | Archidiocèse de Paris |
Début de la construction | XIIe siècle |
Fin des travaux | XVe siècle (aménagements aux XVIe et XVIIIe siècles) |
Style dominant | Gothique Roman (tour) Baroque |
Protection | Monument historique (1862) |
Site web | saintgermainlauxerrois.fr |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Île-de-France |
Département | Paris |
Ville | Paris |
Coordonnées | 48° 51′ 34″ nord, 2° 20′ 28″ est |
modifier |
L'église Saint-Germain-l'Auxerrois est une église catholique située dans le 1er arrondissement de Paris. Elle fut également appelée église Saint-Germain-le-Rond. Depuis l'Ancien Régime, elle est connue comme la « paroisse des artistes ».
Saint-Germain-l'Auxerrois est nommée en l'honneur de l'évêque saint Germain d'Auxerre.
Depuis le [1], l'église accueille les offices canoniaux du chapitre de la cathédrale Notre-Dame en raison de l'incendie du 15 avril 2019. À compter de cette date, la paroisse est administrée par le recteur-archiprêtre de la cathédrale parisienne.
L'église se trouve sur le côté sud-est de la place du Louvre, face à la colonnade du Louvre, à proximité de la mairie de 1er arrondissement. Elle est desservie par les stations de métro Louvre - Rivoli et Pont-Neuf.
Le monceau sur lequel s'est établie l'église Saint-Germain-l'Auxerrois est, avec le monceau Saint-Gervais, le monceau Saint-Merri et le monceau Saint-Jacques, l'une des buttes les plus proches de la Seine et de l'Île de la Cité, entourées par des terrains marécageux (d'où l'appellation de Marais) inondés par le fleuve lors des crues, où se firent les premières implantations sur la rive droite de Paris.
L'origine de cette église a fait l'objet de plusieurs dissertations du XVIe au XVIIIe siècle. Pour Gilles Corrozet (1510-1568), Childebert, fondateur de l'abbaye Saint Vincent-Sainte-Croix, est aussi le fondateur de Saint-Germain-l'Auxerrois en 552[2]. François de Belleforest (1530-1583) a aussi fait de Childebert le fondateur de l'église dédiée à saint Germain, évêque d'Auxerre, en 542[3]. Germain Brice (1653?-1727) attribue aussi la construction de l'église à Childebert, avant 558, qui l'aurait aussi dédiée à saint Vincent[4]. Cependant, la dédicace de l'église à saint Vincent comme second patron n'apparaît pas dans les textes avant le règne de Philippe le Bel dans une indulgence d'un an qu'accorde le pape Nicolas IV en 1290[5]. Henri Sauval, dans Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, montre que Childebert et Ultrogothe ne sont pas les fondateurs de l'église et que la dédicace de l'église à saint Vincent est assez récente[6]. Si Henri Sauval n'a pas trouvé de chartes permettant de trouver l'origine de l'église, l'abbé Lebeuf a retrouvé un testament de Vandemire datant de 690 dans lequel l'église est citée en troisième position après la cathédrale de Paris, avant l'abbaye Saint-Vincent, montrant l'ancienneté de l'église. Un diplôme de Charles le Chauve, en 870, montre que l'église est alors appelée Saint-Germain-le-Rond. C'est le nom que lui donne Abbon dans son texte Histoire du siège de Paris par les Normands. Il croit qu'un oratoire aurait été construit peu de temps après la mort de saint Germain, évêque d'Auxerre, en souvenir d'un miracle qu'il aurait fait dans ce lieu, au cours de son premier ou second voyage en Bretagne. Comme Henri Sauval, il s'oppose à une dédicace ancienne de l'église à saint Vincent[7].
Un petit oratoire aurait d'abord été construit au Ve siècle, soit sur le lieu de la seconde rencontre de saint Germain, évêque d'Auxerre, avec sainte Geneviève pendant son second voyage en Bretagne pour y combattre le pélagianisme, vers 440[8], soit sur le lieu d'un miracle fait par saint Germain d'Auxerre[9].
La première église aurait été construite par le roi Chilpéric Ier à la fin du VIe siècle ou par saint Landry, évêque de Paris, vers 650. Le roi Chilpéric Ier (né 525/527 ou 534, † 584) aurait commencé la construction de l'église : il souhaitait y voir le futur tombeau de saint Germain (ce qui ne se réalisera pas)[10], à l'emplacement de la chapelle bâtie en 540 sous l'invocation de saint Germain d'Auxerre, pour le roi Childebert Ier et la reine Ultrogothe[11]. En 584, le roi meurt assassiné laissant l'église inachevée[10].
La rotonde, ainsi que le cloître et les fossés en cercle, ont pu être bâtis pendant l'épiscopat de Germain de Paris, évêque de Paris au VIe siècle. Les formes de ces éléments font parfois désigner l'église sous le nom de Saint-Germain-le-Rond[9]. On retrouve la trace de ces fossés dans la rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois[12] (aujourd'hui rue Perrault).
C'est l'une des quatre églises marquant les points cardinaux de Paris en 581. Le Gallia Christiana dit qu'en 581 il y avait quatre abbayes aux portes de Paris : Saint-Laurent vers l'est, Sainte-Geneviève au sud, Saint-Germain-des-Prés à l'ouest et Saint-Germain-l'Auxerrois au nord.
C'est le lieu de sépulture de saint Landry, évêque de Paris, mort vers 655 ou 656.
Le , sous le règne de Pépin le Bref, eut lieu la translation du corps de saint Germain de la petite chapelle Saint-Symphorien dans le chœur de la grande église Saint-Vincent, qui fut alors appelée église Saint-Germain ou Saint-Vincent et Saint-Germain des Prés, vraisemblablement pour distinguer les deux églises consacrées à des saints différents mais de même prénom, dont la dernière était nommée Saint-Germain-le-Rond. Le nom abbatia Sancti Germani Rotundi est donné dans les bulles de Benoît VII, en 983, d'Alexandre III, en 1165.
La première église fut détruite lors du siège de Paris par les Vikings en 885-886, puis fut rebâtie au XIe siècle sous Robert II le Pieux[8]. Il ne reste aucune trace visible de cette période : le portail principal tombant en ruine, l'église fut à nouveau reconstruite fin du XIIIe siècle. C'est alors qu'apparaît la première appellation « Saint-Germain-l'Auxerrois »[13].
Sa paroisse datant de la fin du XIe siècle est, avec celle de Saint-Gervais, l'une des plus anciennes de Paris et, à l'origine, la plus vaste s’étendant, avant ses démembrements, sur le territoire de la censive de l’évêque au nord de la Seine, de la rue Saint-Denis jusqu’en bas des collines de Montmartre et de Chaillot[14].
Son territoire fut réduit par la création des petites paroisses Sainte-Opportune, des Saints-Innocents et Saint-Leufroy au XIIe siècle puis par la création de l'importante paroisse Saint-Eustache fondée en 1223 à partir de la chapelle annexe Sainte-Agnès. Ces créations sont liées au développement de l'urbanisation autour du marché des Champeaux[15].
Limitée à l'intérieur de l'enceinte de Philippe-Auguste au territoire compris, à l'ouest de la rue Saint-Denis, entre la rue Saint-Honoré et la Seine, la paroisse était encore XIIIe siècle, la plus peuplée de Paris avec une population évaluée à 33 000 habitants en 1300[16]. Saint-Germain-l'Auxerrois devient l'église attitrée de la famille royale au moment où les Valois s'installent à nouveau au Louvre, au XIVe siècle. ,
L'édifice est l'un des plus anciens de Paris.
Du XIIe siècle, date la partie la plus ancienne de l'église, à savoir le clocher. Il était surmonté d'une flèche qui fut abattue vers 1754 et remplacée par la balustrade actuelle.
Au XIIIe siècle, vers 1220-1230, est réalisé le portail occidental[17], et la chapelle de la Vierge, vaste chapelle qui occupe le second collatéral sud de l'église actuelle et qui renfermait l'autel paroissial.
Au XIVe siècle, dans les années 1340-1358, le chœur est probablement totalement reconstruit.
Au XVe siècle, l'église est en grande partie reconstruite (nef et transept, ainsi que le porche occidental).
L'église est associée au tragique épisode de la Saint-Barthélemy. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, son tocsin est réputé avoir sonné l'alarme dans la ville et déclenché le massacre des civils protestants[18]. Il est à noter que ce tocsin fut sonné du clocher de l'église (petite tour au sud de l'édifice) et non du beffroi construit seulement au XIXe siècle entre l'église et la mairie du 1er arrondissement. Une des cloches, nommée Marie, datant de 1527, existe toujours.
Molière se marie dans l'église le [19].
Au XVIIIe siècle, à l'occasion de la réunion du chapitre de Saint-Germain-l'Auxerrois à celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1745, le jubé[20], dessiné par Pierre Lescot et sculpté par Jean Goujon au XVIe siècle est détruit. De nouveaux aménagements pour le chœur de l'église sont amorcés à partir de 1756, sur les plans de l'architecte Claude Bacarit, qui furent approuvés par l'Académie d'Architecture. Les colonnes sont alors cannelées, et les chapiteaux portent des têtes d'anges sculptées.
C'est la paroisse de François Boucher qui habitait rue Saint-Thomas-du-Louvre. Les deux filles de Boucher et de sa femme Marie-Jeanne Buzeau y épousent, le 7 avril 1758[21], les peintres Baudouin et Deshays[22].
Danton, alors jeune avocat, y épouse Antoinette-Gabrielle Charpentier, la fille du patron du café du Parnasse tout proche, le 14 juin 1787.
Au début de la Révolution, après le retour forcé de la famille royale de Versailles aux Tuileries, le futur Louis XVII y fait sa première communion. Sous la Terreur, Saint-Germain est vidée de son contenu et convertie en magasin de fourrage, en imprimerie, en poste de police, en fabrique de salpêtre. En 1795, le culte théophilanthropique y est célébré. L'église retrouve sa vocation catholique en 1802.
Sous le Premier Empire, un vieux projet de destruction de l'église (déjà examiné sous le règne de Louis XIV par Colbert), afin de dégager la colonnade du Louvre par une vaste place au milieu de laquelle le pont Neuf aboutirait, est envisagé puis abandonné au début de la Restauration. Le 14 février 1831, à l'occasion de la onzième commémoration de l'assassinat du duc de Berry, l'église est dévastée par des émeutiers favorables à la monarchie de Juillet, qui interprètent la cérémonie comme une provocation des partisans du régime précédent[23]. À la suite des importantes dégradations, l'édifice est fermé et sa destruction à nouveau envisagée[23]. Pour le protéger, le maire de l'arrondissement fait inscrire sur la façade de l'église « Mairie du IVe arrondissement »[23]. Le monument ne sera rendu au culte catholique que six années plus tard, le 13 mai 1837[23].
Des restaurations dirigées par Lassus et Baltard[réf. souhaitée] sont ensuite entreprises pendant la monarchie de Juillet ; elles concernent aussi bien l’extérieur que l’intérieur de l'édifice où la décoration peinte et vitrée des chapelles est entièrement renouvelée (notamment la chapelle de la Vierge).
Au Second Empire, le baron Haussmann refuse une nouvelle fois de la détruire alors que le ministre d'État et de la maison de l'Empereur, Achille Fould le lui suggère. En effet, après démolition des vieux immeubles délabrés qui l'entourent, un vaste espace se dégage face à la colonnade du Louvre et l'église se retrouve posée en décrochement sur un des côtés, donnant un air inesthétique à l'ensemble. Cependant, en tant que protestant, le baron ne veut pas qu'on lui reproche d'avoir ordonné la démolition d'un bâtiment aussi symbolique, dans lequel avait été donné le signal du massacre de la Saint-Barthélémy.
Il développe alors un projet pour équilibrer le tout : il demande à l'architecte Hittorff de construire un bâtiment s'inspirant de l'édifice religieux pour abriter la mairie du 1er arrondissement. Hittorff reproduit alors presque à l'identique la façade principale de l'église (un porche surmonté d'une rosace) qu'il flanque de constructions semblables aux immeubles de cette époque.
Entre les deux, Théodore Ballu, prix de Rome en 1840, fait construire un campanile (ou beffroi) de style néo-gothique relié de part et d'autre aux deux édifices par deux portes du même style donnant accès à un square séparant les deux monuments. Cet ensemble architectural est édifié entre 1858 et 1863[24].
L'ensemble réalisé fut parfois jugé trop symétrique, au point d'être comparé à « un huilier et ses deux burettes ». Vu de l'extérieur, s'il est difficile de différencier la mairie de l'église[25], seule l'allure générale plus haussmannienne du bâtiment civil le caractérise par rapport à l'édifice religieux.
L'église Saint-Germain-l'Auxerrois est, depuis la fin de l'Ancien Régime, époque où les artistes étaient logés au Louvre, la « paroisse des artistes ». C'est ici que se marie, le 25 février 1726, Jean-Philippe Rameau. La Société de Saint-Jean pour le développement de l'art chrétien, fondée en 1839 par Lacordaire, y dit la messe et s'y réunit chaque troisième vendredi du mois ; et la messe selon le vœu de Willette pour les artistes qui mourront dans l'année y est dite le mercredi des Cendres[26]. Depuis le 1er janvier 1862, cette église fait l'objet d'une protection comme immeuble classé aux monuments historiques.
L'église accueille notamment la Vierge au pilier, chef-d'œuvre du XIVe siècle issu de la cathédrale Notre-Dame, miraculeusement épargnée par la chute de la voûte lors de l'incendie de 2019. Elle est située à la croisée du transept. Par ailleurs, durant les travaux de reconstruction de la cathédrale, l'archevêque de Paris , assure ses offices en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois[27].
Compte tenu de la proximité du Louvre où résident de nombreux artistes après le départ de la cour à Versailles, l'église saint-Germain-l'Auxerrois devient la dernière demeure de nombre d'entre eux et porte même le surnom de « Saint-Denis du Génie et Talent »[33],[34].
L'église est construite selon un plan longitudinal en forme de croix d’environ 80 m de long sur 40 m de large au transept[36]. Elle possède une tour-clocher romane à l'angle du bras du transept sud et du chœur, un porche à cinq arcades et des arcs-boutants. Sa rosace est surmontée d'un pignon.
À l'intérieur sa nef, construite entre 1476 et 1486, est haute de presque 20 mètres et constituée de quatre travées en gothique flamboyant. Elle est flanquée de deux bas-côtés abritant des chapelles peu profondes. Elle est organisée sur deux niveaux (grandes arcades et fenêtres hautes) et voûté d'ogives quadripartites.
Le transept est peu saillant.
Son chœur, à cinq travées, constitue la partie la plus ancienne (reconstruction au XIVe siècle ?) bien que remanié au XVIIIe siècle (cannelure des piliers). Il se termine par un chevet semi-circulaire avec un déambulatoire parfois double ainsi que des chapelles rayonnantes. L’église se termine au premier niveau par un chevet plat.
Cet édifice possède des vitraux, datant du XVIe pour les plus anciens et du XIXe siècle pour les autres, ainsi que de nombreuses œuvres d'art, tableaux, statues et mobilier.
Les contreforts et les gargouilles de la nef sont ornés de curieuses sculptures représentant divers animaux : hippopotame, singes, ours, etc.[37]
L'église offre sur la rue de l'Arbre-Sec une curiosité : les carpes de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. Il s'agit d'une frise, sculptée autour de la chapelle centrale, représentant des tronçons de carpes (têtes, corps, queues) alternant avec des rosaces. D'après l'historien de Paris, Jacques Hillairet, cette décoration correspondrait à une demande spécifique du riche drapier Tronson qui, en 1505, avait financé cette chapelle. On ne sait si celui-ci avait des poissonniers dans sa famille, ou si ce sont simplement des tronçons de carpe évoquant son nom[38].
Au deuxième niveau de la façade, en retrait par rapport au porche, la rose, encadrée par deux tourelles d'escalier, fut refaite lors des restaurations de la première moitié du XIXe siècle. Le pignon, percé d'un oculus, est surmonté d’un ange reposant curieusement sur une tortue, ensemble commandé en 1840 au sculpteur Carlo Marochetti, mais restauré vers 1928[39].
Au premier niveau, le porche est le seul exemple conservé pour une église parisienne médiévale[40]. Il n'a gardé, de celui construit en 1435-1439 par Jean Gaussel, à une époque où Paris était occupé par les Anglais, que les deux pavillons latéraux, car des archives témoignent d'une reconstruction entre 1490 et 1498[41]. De ce porche gothique flamboyant, on peut admirer les voûtes avec les liernes et tiercerons (les clés de voûte représentent la Nativité et la Cène) ainsi que l'ornementation végétale et animale habituelle. En revanche, les statues de saints, pour la plupart copiées des œuvres initiales, datent du XIXe siècle.
Le portail de l’entrée principale date du XIIIe siècle. Son tympan disparu était consacré au Jugement dernier. Dans les voussures comme dans les niches beaucoup a été lourdement restauré au XIXe siècle : à gauche, la reine Ultrogothe, le roi Childebert Ier (ou le roi Robert et la reine Constance[42],[29]) et saint Vincent[43]; à droite, saint Germain, sainte Geneviève et un ange[44]. Sur le trumeau de la porte centrale, la Madone est de 1841 et remplace le saint Germain d'origine (cette statue a survécu, on peut toujours l'admirer dans la chapelle de la Vierge).
L’intérieur de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois a beaucoup souffert des « additions et restaurations déplorables qui ont eu lieu sous le règne de Louis XIV[45]».
La nef élevée en gothique flamboyant est dotée de quatre travées et de doubles collatéraux. Le deuxième collatéral sud est aménagé en une unique chapelle, la chapelle de la Vierge, tandis qu'à gauche, dans le sens Ouest vers l'Est, la partie extérieure du collatéral nord est organisée en plusieurs petites chapelles, celles de Notre-Dame de la Compassion, de la sainte Madeleine, de saint Jean Baptiste et des fonts baptismaux. Cette nef ne comprend, comme nombre d’édifices en gothique tardif, que deux niveaux (absence de triforium) dont le supérieur possède de larges et hautes fenêtres à cinq lancettes en verre blanc depuis la destruction des vitraux et leur remplacement en 1728.
Au nord, la quatrième travée est occupée par un banc d'honneur, ou banc d'œuvre, surmonté d'un dais, tous deux en bois. Destiné à Louis XIV et à la famille royale, ce banc est sculpté par Mercier en 1682-1684[46] d'après les dessins de Perrault et de Lebrun. Mutilé en 1831 pendant le saccage de l’église, ce banc est restauré sous Louis-Philippe en respectant la conception originelle[47]. La chaire qui lui fait face, également dessinée par Lebrun, date de 1684[46].
Le long des collatéraux, à partir de l’entrée, de nombreuses chapelles sont logées entre les contreforts des murs, quatre à gauche et une à droite.
À gauche, se trouvent la chapelle des fonts baptismaux, dite de saint Michel, puis celles de saint Jean Baptiste, de sainte Magdeleine, de Notre-Dame de Compassion, celle-ci touchant au transept nord.
Un monumental retable flamand en bois verni datant du début du XVe siècle se trouve dans la chapelle Notre-Dame de Compassion. Il s'agit d'un don du comte de Montalivet, ministre de Louis-Philippe. Le premier registre est scindé en cinq scènes : on reconnaît de gauche à droite, le Mariage de la Vierge, la Nativité du Christ, le Songe de Jessé, l'Adoration des mages et la Présentation au temple. Le registre supérieur représente de façon plus classique la Montée au Calvaire, la Crucifixion et la Descente de Croix. Ces trois dernières scènes peuvent se comparer aux scènes correspondantes du retable de la Passion exposé au Louvre.
À droite, après le transept sud en direction de l'Est, toute la place est prise par une seule chapelle, réunion tardive de quatre anciennes chapelles, la chapelle de la Vierge.
La chapelle de la Vierge est située à l'entrée de l'église, côté sud ; elle correspond à quatre anciennes chapelles du XVIe siècle réunies au cours du XIXe siècle. Elle présente la particularité, d'une part d'être isolée du collatéral sud par une boiserie, et d'autre part, contrairement à la plupart de celles des autres églises, de ne pas se trouver dans l'axe central de l'église à l'extrémité de l'abside. Sa décoration date pour l'essentiel du XIXe siècle mais on y trouve plusieurs statues rapportées plus anciennes.
Une des verrières de la chapelle de la Vierge, le vitrail de la Passion posé en 1839, est considéré comme le prototype des réalisations néo-gothiques issues des travaux de chimistes, historiens et archéologues. Composé de petites scènes juxtaposées inscrites dans des médaillons à dominante rouge et bleu, il s'agit d'un vitrail historiciste, c'est-à-dire d'un vitrail dont la composition et l’iconographie s’inspirent des verrières des siècles passés, en l'espèce ici, de la Sainte-Chapelle et de manuscrits[48]. La chapelle de la Vierge possède outre ses vitraux, de nombreuses autres œuvres d’art, peintures et sculptures, notamment l'original de la sainte Marie l'Égyptienne[49] figurant sous le porche ou le Saint Germain d'Auxerre du XIIIe siècle.
Cette chapelle est quasiment fermée du côté du collatéral intérieur, c'est-à-dire sur sa gauche, par une « boiserie en style gothique d’une grande richesse » haute d’environ 2 mètres datant des travaux de restauration[50]. Le côté est de cette chapelle est fermé par un mur sur lequel Amaury-Duval, élève d'Ingres, a peint le Couronnement de la Vierge. Au centre de cette fresque, a été placée une statue (XIVe siècle) de Marie, Reine du ciel, avec sa couronne et son vêtement bleu.
De par son histoire, cette chapelle réunion de quatre autres plus anciennes, renferme de nombreuses sépultures ; elle abrite en particulier la pierre tombale de Théophraste Renaudot.
Ces chapelles, éclairées par des ouvertures limitées à trois lancettes, présentent en revanche, contrairement aux transepts, des verrières du XIXe siècle. Réalisés dans les années 1844-1847 par les maîtres-verriers Laurent-Charles Maréchal et Louis Napoléon Gugnon, ces vitraux représentent, à droite dans la chapelle de la Vierge (collatéral sud), des personnages de l'Ancien Testament et, à gauche dans les différentes petites chapelles du collatéral nord, des figures issues principalement du Nouveau[51]. Ces verrières sont toutes classées MH.
Les bras nord et sud du transept avaient conservé jusqu’en 2009 la majeure partie des vitraux du XVIe siècle rescapés des péripéties de l’histoire. Malheureusement, la plupart de ces verrières, ainsi que des pièces du XIXe siècle, ont été détruites en juillet 2009 lors de l’incendie de l’atelier où elles étaient restaurées[52],[53]. Aujourd'hui, ces verrières détruites ont été remplacées par du verre blanc.
Dans le bras nord, subsiste la légende de saint Vincent et la légende d'un saint pape, tandis qu'ont disparu des scènes de la Passion[54], de martyres[55] et de la Vie publique du Christ[56] , ainsi que la Cour céleste[57] placée dans la rose.
Dans le bras sud, subsistent une Pentecôte[58] (dans la rose de la façade) et l’Incrédulité de saint Thomas[59] exécutées par Jean Chastellain sur des cartons de Noël Bellemare, respectivement en 1532 et 1533 , ainsi qu’une Assomption de la Vierge[60], réalisée vers 1534-1535.
Le chœur est la partie la plus ancienne de l’église, même s’il porte le témoignage – notamment les cannelures sur les piliers - des travaux intervenus au XVIIIe siècle. Plus long que la nef, il comprend cinq travées dont les voûtes barlongues[61] et les hautes fenêtres à une ou deux lancettes sont les plus allongées et étirées de l’édifice.
À l'entrée du déambulatoire Sud, figure une inscription sur la face interne du pilier de la tour carrée rappelant le vœu de Willette relatif à la messe célébrée chaque mercredi des Cendres pour les artistes devant mourir dans l'année.
Entre le chœur et le déambulatoire (deuxième travée sud du chœur) se trouve un retable, triptyque marial, œuvre de l’école française du XVIe siècle datée entre 1510 et 1530. Confisqué à la Révolution, il est dans un premier temps vendu, puis la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois l’achète en 1831 lors des travaux de restauration. Toutefois en l’état actuel, ce retable incomplet n’a pas retrouvé son état d’origine[62]. Il s'agit d'un triptyque dont les volets sont peints, tandis que la caisse comporte un ensemble sculpté en bois polychrome. Les parties peintes représentent la Vierge (registre inférieur) et le péché originel (registre supérieur).
Au-dessus de la porte de la sacristie, on peut admirer des fresques dont une, un saint Martin à cheval tranchant son manteau pour en donner la moitié à un pauvre, est due à Victor Mottez.
À gauche au-delà du transept nord et le long du chœur, on trouve successivement la chapelle de Saint Louis (ou de Notre-Dame de la Bonne-Garde), où réside le Saint-Sacrement, celles de saint Vincent de Paul, de saint Charles Borromée et enfin celle commune à saint Denys, saint Rustique et saint Éleuthère.
La chapelle Notre-Dame de la Bonne-Garde contient un vitrail représentant Saint Louis (Louis IX, né à Poissy, le 25 avril 1214, et mort à Tunis le 25 août 1270, lors de la huitième croisade, canonisé en 1297) roi de France, rendant la justice sous le chêne de Vincennes ainsi qu’une statue de la Sainte Vierge (1812), miraculeusement épargnée lors des émeutes de 1831. Elle présente aussi la particularité d’être couverte depuis 1850 d’ex-voto (plaques de marbre placées sur les murs et les colonnes) témoignages de remerciement à la Vierge Marie pour avoir permis l’exaucement de prières et vœux grâce à son intercession.
Viennent ensuite les chapelles rayonnantes autour du chœur au nombre de cinq ; elles sont placées sous le vocable de sainte Geneviève, des saints patrons du lieu : saint Vincent et saint Germain, du Tombeau, de la Bonne Mort et de saint Landry.
La chapelle des Saints-Patrons posséda dans le passé de nombreuses sépultures, notamment un caveau pour les personnes qui, n'ayant pas de sépulture particulière, avaient obtenu le droit d'être inhumées dans l'église. Lors des travaux de réaménagement de la chapelle en 1841, de nombreux cercueils y furent retrouvés.
Elle recèle dans une niche un mausolée-cénotaphe de la famille des marquis de Rostaing, monument initialement dans la chapelle Notre-Dame-de-la-Bonne-Garde (chapelle Saint-Louis ou saint-Vincent-de-Paul ?) après la concession de 1647 à la famille de Rostaing puis transporté mutilé au musée des Monuments français à la Révolution, et finalement transféré en 1824 à nouveau dans cette même église (mais dans une autre chapelle). Ce cénotaphe, commandé en 1659, est l'œuvre de Philippe de Buyster. Il est orné de deux orants à genoux, respectivement de gauche à droite Charles et Tristan, qui regardent le visiteur.
À proximité de la rampe de communion, se dressent deux statuettes plus récentes de sainte Anne et de saint Antoine de Padoue.
La chapelle du Tombeau (aussi appelée du Calvaire) est fondée en 1505 par Jehan Tronson, le riche marchand drapier qui orna l'extérieur de l'église d'une frise de morceaux de carpes. Les membres de cette famille y sont alors inhumés. À cause de son riche fondateur, elle devient le siège de la confrérie des drapiers qui y tiennent leurs réunions corporatives et y font célébrer des messes. Lors du sac de 1831, les sépultures de son caveau sont profanées.
La chapelle est peinte et décorée à l’antique par Auguste Couder (1844) et ses vitraux, signés par Étienne Thevenot (1840), s'inspirent de ceux de la Sainte-Chapelle. L’autel de style Louis XVI date de 1840. En pierre de Conflans, il comprend un Christ gisant dont l'origine est incertaine, peut-être un reste d’un ensemble de l’école française du XVIe siècle repris par Fouginet au XIXe siècle.
La Chapelle de la Bonne Mort (anciennement appelée du Saint-Sacrement) est totalement refaite en 1841. Elle abrite des vitraux de d'Étienne Thevenot datant de 1859 ; à droite un saint Pierre, pieds nus, la tête cerclée d’une auréole, croisant sur sa poitrine ses deux clefs ; au centre, dans quatre compartiments, saint Joseph, la Vierge, le Christ et saint Michel ; à gauche, un
La chapelle Saint-Landry (anciennement Saint-Pierre-et-Saint-Paul) qui fait référence à l'ancien évêque de Paris, saint Landry, est bâtie entre 1521 et 1522. Elle est cédée en 1624 à Étienne d'Aligre et devient la chapelle et le lieu de sépulture de sa famille. Au début du XIXe siècle (1817), Louis XVIII y fait déposer le cœur de Joseph Hyacinthe François-de-Paule de Rigaud, comte de Vaudreuil (1740-1817), grand fauconnier, dont le corps se trouve dans la sépulture familiale au cimetière du Calvaire (Paris).
La décoration actuelle date de 1843-1845 ; les fresques murales, peintes à l'huile, sont l'œuvre de Joseph Guichard (1806-1880) et racontent la vie de saint Landry. On trouve également un autel avec un retable néogothique du même artiste. La chapelle contient deux statues funéraires du XVIIe siècle, celles d'Étienne d'Aligre père et fils, par Laurent Magnier (1618-1700), tous deux chanceliers de France. Elles proviennent du tombeau de la famille d'Aligre initialement dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois et elles ont fait partie précédemment des collections du premier musée des Monuments français d'Alexandre Lenoir[64]. Elles furent restaurées par Louis-Denis Caillouette (1790-1868), vers 1838.
Sur la droite du chœur, après les chapelles rayonnantes, figurent la sacristie, les petits oratoires dédiés aux saints Apôtres, à saint Pierre, aux Pères et aux Docteurs de l’Église et enfin le transept sud.
Orgue de tribune de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris | ||
Localisation | ||
---|---|---|
Pays | France | |
Région | Île-de-France | |
Département | Paris | |
Commune | Paris | |
Édifice | Église Saint-Germain-l'Auxerrois | |
Latitude Longitude | 48° 51′ 34″ nord, 2° 20′ 28″ est | |
Facteurs | ||
Construction | François-Henri Clicquot 1771 (Sainte-Chapelle) | |
Restauration | Louis-Paul Dallery, 1838 Pierre Alexandre Ducroquet, 1848 Joseph Merklin, 1864 |
|
Relevage | Adrien Maciet, 1970-1980 Laurent Plet, 2008 Jean-Baptiste Gaupillat, 2021 |
|
Caractéristiques | ||
Jeux | 35 | |
Claviers | 3 claviers manuels et pédalier | |
Protection | Classé MH (1862)[65] Classé MH (1961)[66] |
|
modifier |
Il ne reste aucune trace de ce qu'ont été les grandes orgues de la paroisse royale avant la Révolution. On sait seulement que Louis-Claude Daquin en fut organiste autour de 1738. L'orgue actuel fut transporté en juillet 1791 depuis la Sainte-Chapelle, où il avait été construit vingt ans auparavant par François-Henri Clicquot[67], dans un buffet dessiné par Pierre-Noël Rousset[68].
Cette attribution n'est pas sans poser quelques interrogations : d'une part, les dimensions du grand buffet de Saint-Germain-l'Auxerrois laissent difficilement imaginer son intégration dans la Sainte-Chapelle ; d'autre part, son vocabulaire décoratif néo-classique et son mouvement concave, sans véritable tourelle autre que les tourelles latérales, semblent très modernes pour la date du dessin de Rousset (1752). Enfin, du matériel instrumental fut également récupéré de l'École militaire et de la collégiale Saint-Honoré. L'orgue est alors un « grand huit-pieds » (c'est-à-dire avec Bourdon de 16') sur quatre claviers et pédale en 16'.
Louis-Paul Dallery, qui avait entretenu l'orgue depuis son installation, eut en 1838 la charge d'une restauration importante, à la suite de la réouverture de l'église ; c'est à l'issue de ces travaux, le 1er août 1840, qu'Alexandre Boëly (1785-1858) fut nommé organiste. C'est lui qui avait demandé à Dallery d'installer le premier pédalier « à l'allemande », pour pouvoir jouer les œuvres de Jean-Sébastien Bach.
Entre 1847 et 1850, il supervise de nouveaux travaux par Pierre-Alexandre Ducroquet, qui modifient profondément la structure de l'instrument : réduction à trois claviers manuels, sommiers neufs pour le grand orgue, création d'un clavier de récit expressif en haut de l'instrument (commençant au fa 2), réduction des mutations et introduction de jeux à anches libres (euphones de 16' et 8' respectivement au grand orgue et au positif, cor anglais au récit). Cette évolution de l'instrument montre aussi celle du goût de Boëly, jusque-là considéré comme le conservateur des traditions de l'orgue français de l'Ancien Régime.
Boëly est renvoyé en 1851 ; Eugène Vast (1833-1911), organiste de chœur, « continuera à faire les fonctions de suppléant »[69], sans jamais être nommé titulaire, jusqu'en 1909.
En 1864, l'instrument est encore remanié par Joseph Merklin : construction d'une machine Barker pour le grand orgue et les accouplements de claviers, nouveaux sommiers de pédale, extension du récit (qui commence désormais au Do 2), suppression des jeux à anches libres (sauf l'euphone du positif, rebaptisé clarinette), décalage en bombarde 16' de la 2e trompette du grand orgue. Les jeux de fond sont pavillonnés.
Après Eugène Vast, l'orgue a pour titulaires Marcel Rouher, Jean Pergola, Michel Chapuis, Léon Souberbielle et Ricardo Miravet, Henri de Rohan-Csermak.
Dans les années 1970-1980, c'est avec celui-ci que le facteur d'orgues Adrien Maciet remplace au positif le salicional (de Ducroquet), la flûte de 4' et la clarinette (ancien euphone) par une tierce, un cromorne et des pleins-jeux, dans l'idée d'un illusoire « retour à Clicquot », dont un sommier subsiste en effet à ce clavier. Plus judicieusement, il re-décale le jeu de « Bombarde 16 » de Pédale pour restituer les deux trompettes de Clicquot.
Cependant, l'orgue continue de se dégrader et devient muet en 1995.
En octobre 2004, des Journées d'études internationales, à l'initiative de l'Association Aristide Cavaillé-Coll, sont organisées autour de l'instrument. En 2005, celui-ci est remis en vent par Michel Goussu, grâce à qui il peut fonctionner occasionnellement jusqu'à ce qu'en 2008, la Ville de Paris confie à Laurent Plet un relevage a minima qui, effectué dans le respect le plus précautionneux du matériel historique, permet aujourd'hui de l'entendre dans un état correct de vent, d'accord et d'harmonie. Les ajouts de Maciet ont été conservés, mais réharmonisés et reclassés. Les grandes anches du XVIIIe siècle, qui avaient été décalées d'un ton, ont retrouvé leur emplacement d'origine, restituant ainsi le grand jeu de Clicquot, puisque la plupart des tuyaux de ces jeux sont intacts. Le fond d'orgue, en revanche, reste marqué par l'harmonie romantique que lui a donnée l'intervention de Merklin, dont le dépoussiérage permet de découvrir le grand intérêt. Une autre redécouverte est celle du récit de Ducroquet qui était devenu inaudible.
Depuis, malgré un entretien régulier, l'instrument s'est dégradé et il a fallu lui redonner un nouveau souffle. Les travaux de relevage de 2021, confiés au facteur Jean-Baptiste Gaupillat, consistaient en plusieurs points :
L'actuel titulaire est Michael Matthes, nommé en janvier 2019.
|
|
|
|
Autres caractéristiques :
Accouplements :
Machine Barker au GO.
|
|
|
Autres caractéristiques :
Accouplements :
L'église sert de lieu de tournage au film J'accuse (2019) de Roman Polanski[74].