Un XP-60C en vol, propulsé par un moteur en étoile R-2800 entraînant une hélice contrarotative. Le moteur Chrysler IV-2220 initialement prévu ne fut jamais installé sur l'avion. | |
Constructeur | Curtiss-Wright Corporation |
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Rôle | Chasseur |
Statut | Jamais produit en série |
Premier vol | |
Date de retrait | |
Coût unitaire | 8,88 millions de dollars[1] |
Nombre construits | 5 prototypes[2] (tous reconvertis en nouvelles versions) |
Équipage | |
1 pilote | |
Motorisation | |
Moteur | Pratt & Whitney R-2800-53 |
Nombre | 1 |
Type | Moteur à 18 cylindres en étoile |
Puissance unitaire | 2 000 ch, soit 1 492 kW |
Dimensions | |
Envergure | 12,60 m |
Longueur | 10,34 m |
Hauteur | 3,76 m |
Surface alaire | 25,60 m2 |
Masses | |
À vide | 3 945 kg |
Avec armement | 4 862 kg |
Performances | |
Vitesse maximale | 666 km/h |
Plafond | 11 600 m |
Vitesse ascensionnelle | 1 188 m/min |
Rayon d'action | 507 km |
Charge alaire | 191 kg/m2 |
Rapport poids/puissance | 1,972 kg/ch |
Armement | |
Interne | 4 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm (calibre .50) |
Externe | Aucun |
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Le Curtiss P-60 était un chasseur monoplace monoplan à aile basse américain des années 1940, développé par la Curtiss-Wright Corporation comme successeur à son chasseur P-40 Warhawk.
Son développement fut compliqué et vit naître une longue série de versions prototypes[3], évoluant finalement en un concept qui ne partageait que peu de ressemblances avec le P-40 original. Aucune de ces versions n'atteignit le stade de la production en série.
L'histoire du P-60 commença en fait avec le XP-46. Après l'échec de cet avion à obtenir la moindre commande de l'armée américaine, la compagnie Curtiss proposa un autre avion pour assurer un éventuel remplacement du P-40[3]. La conception initiale contenue dans les propositions faites à l'US Army Air Corps (USAAC) concernait le Model 88, un avion basé sur le P-40, mais équipé d'une aile à écoulement laminaire, un moteur V12 à pistons inversés Continental XI-1430-3, et huit mitrailleuses de 12,7 mm montées dans les ailes[3]. Cette proposition fut acceptée et un contrat pour la fabrication de deux prototypes (numéros 41-140 et 41-19508) fut passé le , l'avion recevant alors la désignation XP-53[3]. La vitesse maximale attendue pour cet avion devait être de 430 mph, soit 692 km/h[3].
Au cours d'une conférence s'étant tenue six semaines plus tard, l'Army Air Corps modifia le contrat pour que l'avion soit équipé d'un moteur Rolls-Royce Merlin à la place du Continental[3]. L'avion ayant déjà été conçu pour posséder des ailes à écoulement laminaire, Curtiss proposa de modifier le deuxième prototype, qui fut alors redésigné Model 90 par Curtiss et XP-60 par l'USAAC[3]. La cellule pour le XP-60 fut modifiée pour pouvoir accueillir le nouveau moteur de 1 300 ch (le même que celui du P-40F alors encore en cours de développement), et le train d'atterrissage principal fut changé, passant de celui se rétractant vers l'arrière du P-40 à un modèle se rétractant vers l'intérieur, ce qui autorisait une Voie élargie et une surface d'aile plus lisse lorsque les roues étaient escamotées. Cet avion effectua son premier vol le , équipé d'un moteur Merlin 28 de construction britannique[3].
En raison des retards de livraison accumulés par le capricieux moteur Continental, l'USAAC annula la commande du XP-53, et cet appareil ne prit jamais l'air. Le moteur fut annulé peu de temps après, entraînant avec lui tous les avions qu'il devait équiper[3]. Le prototype du XP-53 fut reconverti en cellule d'essais statiques pour le XP-60. Ses réservoirs auto-obturants, son pare-brise blindé et ses mitrailleuses furent retirés et transférés vers le XP-60[3].
En raison des retards de livraison des moteurs Merlin produits par Packard, du fait de leur utilisation dans d'autres chasseurs, il fut choisi d'utiliser un Allison V-1710-75 utilisant une combinaison à compresseur et turbocompresseur à la place. Ensuite, le , un contrat fut passé pour la production de 1 900 chasseurs P-60A à moteur Allison.
Pendant ce temps-là, les essais en vol du prototype XP-60 ne se déroulaient pas dans les meilleures conditions. En plus de problèmes avec le train d'atterrissage, la vitesse maximale attendue ne fut jamais atteinte, en raison de défauts dans la finition de la surface des ailes à écoulement laminaire et d'une puissance moteur plus faible que spécifiée. Les radiateurs de l'avion créaient également une traînée aérodynamique relativement importante, comparée par exemple à celle que produisaient les radiateurs du P-51 Mustang, qui volait déjà à cette période. En conséquence, les travaux sur le P-60A furent arrêtés le , quand l'USAAC recommanda à Curtiss de se concentrer sur la production de Thunderbolts[4].
Le , la commande fut changée pour produire un XP-60A avec le moteur Allison V-1710-75 et un combiné turbo + compresseur General Electric B-14, un XP-60B avec le moteur Allison V-1710-75 et un combiné turbo + compresseur Wright SU-504-1, et un XP-60C avec l'énorme moteur V16 à cylindres inversés Chrysler IV-2220. À cette période, la disponibilité du moteur Chrysler devint un sujet d'inquiétude, et après que Curtiss ait précisé que plusieurs dizaines de kilos de plomb auraient dû être placées dans la queue de l'avion pour le rééquilibrer, une décision fut prise de remplacer ce moteur par un moteur en étoile Pratt & Whitney R-2800 dans le XP-60C. Dans le même intervalle de temps, Curtiss décida également d'installer un moteur Merlin 61 dans le XP-60 original, et l'appareil fut redésigné XP-60D après avoir subi un agrandissement de la surface de sa dérive.
Le XP-60A vola pour la première fois le . Alors que l'intérêt officiel pour le P-60 déclinait depuis l'été 1942, l'intérêt suscité par la promesse de performances améliorées par l'installation du moteur R-2800 de Pratt & Whitney résulta en la signature d'un contrat pour la production de 500 exemplaires du P-60A-1-CU à moteur R-2800, équipés d'une hélice contrarotative. Avec l'inquiétude de voir ces hélices ne pas être disponibles à temps, le XP-60B fut modifié pour embarquer le moteur R-2800-10, associé à une hélice à quatre pales classique. Cette modification reçut la désignation XP-60E.
Le , le XP-60C vola pour la première fois, propulsé par un R-2800-53 et des hélices contrarotatives. Ses caractéristiques de vol furent jugées comme étant globalement satisfaisantes. Le premier vol du XP-60E à hélice classique à quatre pales fut retardé jusqu'au , après que les ingénieurs aient remarqué que la masse plus légère du moteur obligeait à le placer 25 centimètres plus en avant que sur le XP-60C.
En , l'US Army Air Forces (USAAF) décida de mener une évaluation des divers modèles d'avions de chasse en cours de développement ou d'utilisation, afin d'éliminer les modèles les moins désirables. Il fut demandé à Curtiss de faire participer son XP-60E à cette série d'essais. Comme cet avion n'était toutefois pas disponible, la compagnie prépara à la hâte le XP-60C pour l'évaluation à Patterson Field. La séance d'essais fut assez décevante ; l'avion fut victime de problèmes divers et ses performances furent médiocres. Les résultats ne se firent pas attendre, et la production initiale de 500 avions fut réduite à ...seulement deux avions[5].
En , le XP-60E fut envoyé à Eglin Field pour des tests officiels, pendant lesquels les pilotes de l'USAAF trouvèrent qu'il n'était pas vraiment à la hauteur par rapport à d'autres avions contemporains. Quand Curtiss exprima le souhait d'abandonner tous travaux ultérieurs sur les P-60, l'USAAF insista pour qu'au-moins un des deux avions en cours de production soit achevé. Lorsqu'il avait été commandé, l'avion portait la désignation YP-60A-1-CU, puis fut redésigné YP-60E. Cet avion vola le puis fut ensuite livré à Wright Field. L'YP-60E différait essentiellement du XP-60E par son moteur R-2800-18 de 2 100 ch (1 566 kW) et l'adoption d'une verrière à vision totale en forme de bulle (en anglais : « Bubble canopy »).
Avec l'annulation des contrats de développement en , le programme se termina sans aucune émotion le , lorsque le dernier prototype fut envoyé à la ferraille[5]. Pour remplacer le P-60, à la place Curtiss produisit 354 Republic P-47G pour l'USAAF. Le XP-60E survécut pour être vendu comme une entrée aux National Air Races de 1947, mais il connut une fin brutale en se crashant pendant un vol de qualification avant que la compétition ne débute[3].