Un IAI Kfir exposé au musée de l'armée de l'air israélienne. | ||
Constructeur | Israel Aerospace Industries | |
---|---|---|
Rôle | Avion de chasse | |
Statut | En service | |
Premier vol | ||
Mise en service | ||
Date de retrait | en Israël, 202x en Colombie | |
Nombre construits | 212[1] | |
Dérivé de | Dassault Mirage 5 IAI Nesher |
|
Équipage | ||
1 pilote | ||
Motorisation | ||
Moteur | General Electric J79 | |
Nombre | 1 | |
Type | Turboréacteur avec postcombustion | |
Poussée unitaire | 83,4 kN avec postcombustion | |
Dimensions | ||
Envergure | 8,21 m | |
Longueur | 15,65 m | |
Hauteur | 4,55 m | |
Surface alaire | 34,80 m2 | |
Masses | ||
À vide | 7 285 kg | |
Avec armement | 10 415 kg | |
Maximale | 14 670 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 2 440 km/h | |
Plafond | 17 700 m | |
Vitesse ascensionnelle | 13 980 m/min | |
Rayon d'action | 770 km | |
Facteur de charge | 7,5 g | |
Armement | ||
Interne | 2 canons DEFA 553 de 30 mm | |
Externe | 6 085 kg de charge | |
modifier |
L'IAI Kfir (De l'hébreu "כפיר": "Lionceau") est un avion militaire de type chasseur-bombardier tout temps, conçu au début des années 1970. Il est conçu sur la base du Dassault Mirage 5 français. Il est équipé d'une version de construction israélienne du réacteur General Electric J79 et d'une avionique de conception israélienne. Cet avion est l'une des rares productions aéronautiques israéliennes réalisées après 1968 et avant l'abandon du projet Lavi, sous la pression des États-Unis en 1987.
Les origines du Kfir remontent à l’embargo imposé par la France en 1969. À la suite de la guerre des Six Jours et de l’attaque de l’aéroport de Beyrouth par l'armée israélienne (Opération Gift, ), le président Charles de Gaulle décrète un embargo sur le Moyen-Orient (pour Israël, cela concerne principalement les vedettes Sa’ar III et les Mirage 5). En conséquence, l'État hébreu n'est plus en mesure d'approvisionner son aviation militaire en chasseurs Mirage et pièces détachées. Les autorités décident de procéder au développement d'un chasseur de fabrication nationale. Le gouvernement israélien lance alors deux projets[2] :
Afin de contribuer activement au déploiement rapide de cette autonomie en termes d'aviation militaire, le Mossad se rapproche au printemps 1968 de l'ingénieur suisse Alfred Frauenknecht, ce par l'entremise de l’attaché militaire israélien à Berne, le général Nechemia Khan puis du colonel Zwi Alon. Ces deux derniers seront déclarés personæ non gratae par le gouvernement suisse après la découverte de cette affaire d'espionnage[3].
Alfred Frauenknecht est le directeur de la section technique de la division des propulseurs des usines Sulzer à Winterthour. Cette dernière société, suisse, fabriquant alors pour le compte des sociétés Snecma et Dassault aviation la motorisation des avions de combat français Mirage 3, en particulier le réacteur Atar-9-C.
Alfred Frauenknecht a décidé de participer au détournement des documents très secrets, dont il était censé superviser la destruction pour le compte de sa société, dans le cadre d'un transfert sur archives microfilms de la documentation secrète sur support papier. L'ensemble de cette documentation très détaillée représente l'équivalent une vingtaine de caisses de documents et plans, soit des centaines de kilogrammes d'archives : dessins de pièces de propulsion, descriptions de méthodes de travail, dessins industriels de machines-outils, spécifications sur des éléments et procédés[4],[5].
La recherche aéronautique militaire israélienne gagne ainsi près de trois ans tout en évitant des dépenses considérables (dépenses estimées, par Alfred Frauenknecht lui-même, entre 700 à 800 millions de francs de l'époque) sur leurs travaux de recherche et développement dans le cadre de ce projet d'avion de combat israélien[6].
Alfred Frauenknecht, arrêté le 23 septembre 1969, a déclaré pour sa défense avoir agi par sympathie pour Israël, mais l'enquête des services de contre-espionnage et de la justice suisse établit qu'il a perçu un montant de 860 000 francs suisse pour le prix de ce transfert technologique illégal.
Début 1970, deux Mirage IIIBJ sont modifiés pour l’emport du réacteur General Electric J79. Pour intégrer le J79, il a fallu modifier la structure de base de la cellule, le fuselage est raccourci et élargi ainsi que les entrées d’air. Le train d’atterrissage et la partie ventrale de l’avion sont renforcés[7], l'avion gardant la même silhouette que le Mirage III.
Du premier vol du prototype le au lancement officiel de l'appareil durant l'année 1975, des améliorations successives sont apportées par IAI (modèle initial de fabrication dit C-1 à la dernière révision globale nommée C-10) :
La robustesse et les succès de l'appareil sur le théâtre d'opération du Proche-Orient, ont permis d'obtenir un certain nombre de commandes à l'exportation : Colombie, l'Équateur, et Sri Lanka. Par ailleurs, les États-Unis ont loué quelques Kfir (désignés F-21) entre 1985 et 1989, pour entraîner leurs pilotes en simulant des "unités d'agresseurs".
Six Kfir C2, ex-israéliens, ont été acquis par l'entreprise de soutien opérationnel aux armées Airborne Tactical Advantage Company[8] en 2002.
Cet appareil n'est plus en service au sein des forces armées d'Israël depuis 1996. Les exemplaires construits sont entreposés dans différents endroits en vue d'hypothétiques remise en service ou, plus simplement, de ventes à l'exportation, comme la commande de 24 avions de type C-10 par la Colombie, rendue publique en .
Les Kfir Colombiens ont été portés au standard Block 60 en décembre 2017, IAI étant à cette date en négociation avec le Sri-Lanka et l’entreprise ATAC pour moderniser leurs appareils[9].
Comme le réacteur J79 est produit sous licence américaine, toutes les exportations du Kfir sont soumises à l’autorisation du gouvernement américain, ce qui a limité leurs ventes.
Hormis une première opération de bombardement à Tel Azia (Liban) en 1977, les Kfir ont surtout connu l'épreuve du feu à partir de 1978, lors de l'opération Litani : ils effectuent des raids de bombardement contre les positions des unités combattantes palestiniennes de l'OLP mais aussi contre l'armée syrienne. En 1982, lors de l'opération Paix en Galilée, ils sont de nouveau mis à contribution dans les offensives au Sud-Liban, essentiellement dans des missions d'appui au sol. Lors de la décennie suivante, ils sont également engagés dans l'attaque d'unités du Hezbollah, à l'instar de l'opération Justice rendue en 1993. Bien que préparé à l'éventualité de combats aériens, le Kfir n'a jamais été conçu pour l'imposition de la suprématie des airs et s'est donc peu illustré au-delà des missions de bombardement.
Durant la guerre civile du Sri Lanka, les Kfir de l'Armée de l'air srilankaise ont été engagés lors de missions contre les séparatistes tamouls. À l'origine, ce pays avait commandé six exemplaires du Kfir C-2 et un modèle de type TC-2 (entraînement) en 1995. En 2005, neuf autres appareils sont commandés pour compléter la flotte d'attaque au sol. Dans le cadre d'un accord bilatéral, les avions sont pilotés durant une période indéterminée par des équipages israéliens.
En 1989, douze exemplaires de type Kfir C-2, reconvertis depuis en modèle C-7, sont intégrés au sein des forces armées colombiennes. Ces appareils sont essentiellement utilisés dans des missions d'appui au sol, face aux unités terroristes des FARC.
L'armée de l'air colombienne qui doit les utiliser jusqu'en 2023 rencontre de nombreux problèmes avec ces avions fournis par Israël et qui sont entrés en obsolescence : 5 des 24 appareils alors livrés se sont écrasés en 2015. En 2015, une dizaine de pilotes décident de se mettre en grève pour exiger le remplacement de ces seuls avions de défense et d'attaque de l’aviation colombienne[10]. En 2017, deux Kfir biplaces sont acquis pour l'entraînement par la Colombie[11].
Depuis le 1er janvier 2024, la maintenance n'est plus assurée par les sociétés israéliennes. La flotte ne fonctionne plus que sur le stock de pièces existant, et sur la cannibalisation des appareils. u Début du printemps 2024, il ne restait que 8 Kfir colombiens en état de vol, et ce nombre a encore baissé depuis cette date[12].
En 1981, l’Équateur signe un contrat pour l’achat de dix Kfir C2 (Ex Armée de l’air israélienne) et deux TC-2. Ces appareils ont été remis à neuf par IAI. Ces Kfir sont entrés en action en 1995 pendant la guerre du Cenepa entre le Pérou et l’Équateur. Les tensions étant toujours en cours en 1996, l'Armée de l'air équatorienne décide d’acheter quatre Kfir C-2 supplémentaires. En 1999, tous les Kfir C-2 sont mis au standard C-10.
Dans le film Iron Eagle (Aigle de fer) diffusé en 1986, des Kfir C-2 étaient censés représenter des MiG-23 libyens. Les producteurs ont bénéficié d'une collaboration de Tsahal pour opérer le tournage du film en Israël.
Dans le jeu vidéo War Thunder, le Kfir dans sa version C.7 est disponible depuis la mise à jour "Winged Lions", ainsi que le Kfir C.2 qui est l'une des récompenses de l'événement crafting d'avril 2022 et le Kfir Canard, un jet premium de rang VII introduit avec la mise à jour "Apex Predator" du 20 décembre 2022.