Le Déclin de l'Occident

Le Déclin de l’Occident
Image illustrative de l’article Le Déclin de l'Occident

Auteur Oswald Spengler
Pays Drapeau de la république de Weimar République de Weimar
Genre essai historique
Version originale
Langue allemand
Titre Der Untergang des Abendlandes – Umrisse einer Morphologie der Weltgeschichte
Éditeur Verlag C. H. Beck
Lieu de parution Vienne puis Munich
Date de parution 1918-1923
Version française
Traducteur Mohand Tazerout
Éditeur Gallimard
Lieu de parution Paris
Date de parution 1931 (Forme et réalité, 2 volumes)

1933 (Perspectives de l'Histoire universelle, 3 volumes)

Série Bibliothèque des Idées

Le Déclin de l'Occident (Der Untergang des Abendlandes) est un essai en allemand publié en 1918 (pour la première partie) et 1922 (pour la seconde) par Oswald Spengler. L'auteur y développe une synthèse historique qui rassemble tout à la fois la symbolique, la religion, la peinture et la sculpture, la politique, la philosophie, les sciences physiques et biologiques, les mathématiques, la métaphysique, la littérature, l'architecture, la musique, l'économie et la technologie. Cet ouvrage se présente comme une application aux phénomènes culturels de la méthode morphologique qu'avait élaborée Goethe pour les sciences naturelles et qui consiste dans le fait de dériver les phénomènes à partir d'un « phénomène primitif unique ». Il fut traduit en français par le philosophe Mohand Tazerout en 1931-1933[1].

« Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle »

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C'est pour souligner l'influence de la méthode morphologique de Goethe que Spengler a donné au Déclin de l'Occident le sous-titre « Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle ». En effet, cette œuvre analyse l'histoire en distinguant de grandes cultures historiques qui, semblables à des êtres biologiques, naissent, croissent, déclinent et meurent. Il distingue huit grandes cultures principales et trois attitudes principales propres à l'Occident : l'attitude apollinienne, l'attitude magique et l'attitude faustienne. Cette synthèse se veut froide et lucide.

Spengler est aussi l'un des derniers auteurs saisis par le romantisme du fracas des civilisations et la mélancolie des fins du monde. Il développe, par ailleurs, une vision cyclique ou « sphérique » de l'histoire, où cette dernière n'a pas de sens. Chaque culture est déterminée par son héritage, ses valeurs et son sentiment du destin.

Dans le second volume, paru en 1922, Spengler met l'accent sur les différences entre le socialisme allemand, qui est à son avis compatible avec le conservatisme prussien, et le marxisme. En 1924, au terme de la crise économique, Spengler s'engage en politique avec le projet de porter au pouvoir le général Hans von Seeckt ; ce sera un échec.

Tableaux synoptiques

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Trois tableaux synoptiques présentent chacun les étapes parallèles de 4 différentes civilisations dans les domaines : spirituel, esthétique, et politique.

Époques spirituelles

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1er tableau — les époques spirituelles « contemporaines »
L'Inde (depuis ) L'Antiquité (depuis ) L'« Arabie » (depuis ) L'Occident (depuis )
Printemps : Intuition et paysage. — Créations grandioses d'une âme rurale, éveillée d'un profond sommeil. — Unité et richesses suprapersonnelles. 1. Naissance d'un mythe de grand style comme expression d'un nouveau sentiment de Dieu : angoisse et nostalgie cosmiques
- : Religion du Vêda. — Légendes héroïques des Ariens. - : Religion populaire de « Déméter » hellénico-italique. — Le mythe olympien. — Homère. — Légendes d'Héraclès et de Thésée.  : Le christianisme primitif. — Mandéens, Marcion, Gnose, Syncrétisme (Mithra et Baal). — Évangiles et Apocalypses. — Légendes chrétiennes, mazdéennes et païennes.  : Catholicisme germanique. — Eddas (Baldur). — Bernard de Clairvaux, Joachim de Flore, François d'Assise. — Épopée populaire (Siegfried) et chevaleresque (Graal). — Légendes pieuses d'Occident.
2. Organisation première, mystico-métaphysique, de cette institution cosmique nouvelle : la haute scolastique
Les plus anciens fragments des Vêdas. Orphisme primitif (oral). — Discipline étrusque. — Échos postérieurs dans Hésiode et les Cosmogonies. Origène mort en 254. — Plotin mort en 269. — Mani mort en 271. — Jamblique mort en 330. Avesta, Talmud et littérature patristique. Saint Thomas mort en 1274. — Duns Scot mort en 1308. — Dante mort en 1321. — Eckart mort en 1329. Mystique et scolastique.
Été : Maturation de la conscience intérieure. — Les premières émotions critiques de l'âme citadine et bourgeoise. 3. La réforme : insurrection ethnique collective contre les grandes formes du passé
Bramanas, premiers éléments des Upanishads (Xe-IXe s.). Mouvement orphique. — Religion de Dionysos et de Numa (VIIe s.). Saint Augustin430. — Nestoriens (430). — Monophysites (450). — Mazdak (500). Nicolas de Cues1464. — J. Hus1415, Savonarole, Karlstadt, Luther, Calvin1564.
4. Début d'une conception purement philosophique du sentiment cosmique — Antithèse des systèmes idéalistes et réalistes
Les Upanishads. Les grands présocratiques des VIe-Ve s. Littérature byzantine, juive, syriaque, cophte, persane des VIe-VIIe s. Galilée, Bacon, Descartes, Bruno, Bœhme, Leibniz (XVIe-XVIIe s.).
5. Formation d'une nouvelle mathématique : conception du nombre comme une hypostase de la forme cosmique
Épuisé. Le nombre-grandeur (mesure). — Géométrie et Arithmétique. — Les Pythagoriciens à partir de . Le nombre indéfini (algèbre). — (Reste encore à étudier). Le nombre-fonction (analyse). — Descartes, Pascal et Fermat (1630). — Newton et Leibniz (1670).
6. Le puritanisme : appauvrissement rationalistico-mystique de l'élément religieux
Traces dans les Upanishads. Ligue pythagoricienne à partir de . Mahomet (622). — Pauliciens et Iconoclastes à partir de 650. Puritains anglais (1620). — Jansénistes français (1640). (Port-Royal).
Automne : L'intellect de la grande ville et l'apogée de la puissance créatrice strictement spirituelle. 7. L'« ère des Lumières » : foi en la toute-puissance de la raison — le culte de la « Nature » et la « religion raisonnable »
Sutras, Sankhyas, Bouddha. — Les Upanishads de date récente. Sophistes du Ve s. — Socrate. — Démocrite. Mutazilites. — Soufisme. — Nassam, Al-Kindi (830). Sensualistes anglais : Locke. — Encyclopédistes français (Voltaire) ; Rousseau.
8. Apogée de la pensée mathématique : la clarification du monde formel des nombres
Épuisée. (Le zéro comme nombre déterminé par la place qu’il occupe). Archytas. — Platon. — Eudoxe. — Sections coniques. (Théorie des nombres. — Trigonométrie sphérique). Non étudiée. Euler1783. — Lagrange1813. — Laplace1827. — Le problème infinitésimal.
9. Les grands systèmes définitifs idéalistes, épistémologiques et logiques
Yoga, Vêdânta ; Vaiceshika ; Nyaya. Platon. — Aristote, † . Al-Farabi950. — Avicenne1000. Goethe et Kant. — Schelling, Hegel, Fichte.
Hiver : La civilisation cosmopolite commence. — Extinction de la force créatrice de l'âme. — La vie même devient problème. — Tendances éthico-pratiques de la masse irréligieuse, amétaphysique des grandes villes. 10. Conception matérialiste du monde : le culte de la science, de l'utilité et du bonheur
Sankhya, Tscharwaka (Lokoyata). Cyniques, Cyrénaïques, derniers Sophistes (Pyrrhon). Sectes communistes, athées, « épicuriennes », de l'époque abbasside. — Les « frères intègres ». Bentham, Comte, Darwin, Spencer, Stirner, Marx, Feuerbach.
11. Les idéals éthico-sociaux : époque de la « philosophie amathématique ». — Le scepticisme
Courants bouddhiques. Philosophie hellénistique. Épicure mort en . Zénon mort en . Courants islamiques. Schopenhauer, Nietzsche ; Socialisme, Anarchisme ; Hebbel, Wagner, Ibsen.
12. Le monde formel mathématique intérieurement achevé. — Les systèmes de pensée définitifs
Épuisé. Euclide, Apollonios (). — Archimède (). Al-Khwarizmi (800). — Ibn Qurra (850). Al-Kashi et Al-Biruni (Xe s.). Gauss1855. — Cauchy1857. — Riemann1866.
13. Chute de la pensée abstraite devenue philosophie de la chaire et affaire de spécialistes — Littérature encyclopédique
Les « six systèmes classiques ». Académie, Peripatos, Stoïciens, Épicuriens. Écoles de Bagdad et de Bassora. Kantiens. — « Logiciens » et « Psychologues ».
14. Un dernier état d'âme cosmique s'étend sur le monde entier
Bouddhisme depuis . Stoïcisme hellénistico-romain depuis 200. Fatalisme pratique de l’Islam depuis 1000. Socialisme éthique en progrès depuis 1900.

Époques esthétiques

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2e tableau — les époques esthétiques « contemporaines »
Égypte Antiquité « Arabie » Occident
Préculture Préculture : chaos de formes primitives d'expression humaine. — Symbolisme mystique et imitation naïve
Période thinite (-). Période mycénienne (-) : Égyptien tardif (minoen). Babylonien tardif (asiatique mineur). Période persico-séleucide (1) : Bas-antique (hellénistique). Indou tardif (indo-iranien). Période mérovingo-carolingienne (500900) : « Arabe tardif » (mauritano-byzantin).
Culture : Histoire vivante d'un style formant l'être extérieur tout entier. — Langage formel de la plus profonde nécessité symbolique. 1. Période de jeunesse : l'ornement et l'architecture, expression élémentaire de la jeune intuition cosmique (« le primitif »)
Ancien Empire - Le Dorique -. Le Magique primitif (1500 : (sassanide, byzantin, arménien, syrien, sabéen, « bas-antique », « vieux chrétien »). Le Gothique (9001500).
a) Naissance et développement du style : formes nourries par l'esprit du paysage dont elles sont créées inconsciemment
IVe et Ve dynasties (-) : style géométrique des temples-pyramides. — Séries de colonnes végétales — Séries de bas-reliefs. — Statues tombales. XIe-IXe siècle av. J.-C. : Architecture en bois. — Colonne dorique. — Architrave. — Style géométrique (du dipylon). — Les vases mortuaires. Ier-IIIe siècle : Espaces intérieurs du culte. Basilique. — Coupole. — (Le Panthéon comme Mosquée). — Les arcades. — Les motifs cirriformes pour remplir les plans. — Les sarcophages. XIe-XIIIe siècle : Roman et premier gothique. — Les cathédrales à voûtes. — Le système des contreforts. — Vitraux et plastique des cathédrales.
b) Perfection du premier langage formel — Épuisement des possibilités et contradictions
VIe dynastie (-) : Extinction du style des pyramides et des reliefs épico-idylliques. — Floraison de la plastique archaïque du portrait. VIIIe-VIIe siècle av. J.-C. : Fin du plus ancien dorico-étrusque. — Peinture céramique (mythologique) protocorinthienne et vieille-attique. IVe-Ve siècle : Fin de la peinture persico-syrio-copte. — Essor de la peinture mosaïque et de l'arabesque. XIVe-XVe siècle : Gothique tardif et Renaissance. — Floraison et fin de la fresque et de la statue : du gothique Giotto au baroque Michel-Ange. — Sienne, Nuremberg. — La toile gothique de Van Eyck à Holbein. — Contrepoint et peinture à l'huile.
2. Période de maturité : formation d'un groupe d'arts consciemment citadins, choisis, représentés par des artistes individuels « les grands maîtres »
Moyen Empire (-) L'Ionique (-) Le Magique mûr (500800) : (perse et nestorien, byzantin et arménien, islamique et maure). Le Baroque (15001800).
c) Constitution des arts mûrs par des artistes individuels
XIe dynastie : Art fragile et important disparu presque sans laisser de traces. Achèvement du corps du temple (peripteros, temple en pierre). — Colonne ionique. — Prépondérance de la fresque jusqu'à Polygnote (). — Essor de la ronde-bosse (d'« Apollon de Ténée » à Hageladas). Achèvement de l'espace intérieur de la mosquée. — La coupole centrale : Sainte-Sophie de Constantinople. — Floraison de la mosaïque. — Achèvement du style arabesque dans les tapis (Mschatta). L'architecture picturale de Michel-Ange au Bernin, mort en 1680. — Prépondérance de la peinture à l'huile du Titien à Rembrandt, mort en 1669. — Essor de la musique d'Orlando Lasso à Heinrich Schütz, mort en 1672.
d) Achèvement définitif d'un langage formel raffiné
XIIe dynastie () : Temple à pylône. — Le labyrinthe. — La statue de caractère. — Les reliefs historiques. Apogée d'Athènes () : L'Acropole. — Règne de la plastique classique de Myron à Phidias. — Fin de la fresque stricte et de la céramique (Zeuxis). VIIe-VIIIe siècle : Époque des Omeyyades. — Triomphe complet de l'arabesque apicturale, même sur l'architecture. L'architecture musicale : « rococo ». — Règne de la musique classique de Bach à Mozart. — Fin de la peinture à l'huile classique de Watteau à Goya.
e) Épuisement de la force créatrice stricte. — Dissolution de la grande forme — La fin du style : « classicisme et romantisme »
Complications (). — Rien ne se conserva. Temps d'Alexandre. — Colonne corinthienne. — Lysippe et Apellès. « Harun ar Raschid » (800). — L'« art mauresque ». « Empire et Biedermeier ». — Goût classique en architecture. — Beethoven et Delacroix.
Civilisation : L'existence sans forme intérieure. — Art citadin comme luxe, sport et excitant nerveux. — Le style cède aux modes passagères rapides sans contenu symbolique. — (Reconstitutions, inventions arbitraires, emprunts) a) « Art moderne » — « Problèmes » esthétiques — Essais de figuration et d'excitation de la conscience cosmopolite — Transformation de la musique, de l'architecture, de la peinture en industries d'art
Temps des Hyksos (). — Art minoen (conservé en Crète seulement). L'Hellénisme : Art de Pergame (théâtral). — Modes de Peinture hellénistique : vérisme, bizarrerie, subjectivisme. — L'architecture de parade dans les cités des Diadoques. Dynasties des sultans des IXe-Xe siècle. — Apogée de l'art hispano-sicilien. — Samarra. XIXe-XXe siècle : Liszt, Berlioz et Wagner. — Impressionnisme de Constable à Leibl et à Manet. — L'architecture américaine.
b) Termes du développement de la forme en général : architecture et ornement insensés, vides, artificiels, surchargés — Imitation de motifs archaïques et exotiques
XVIIIe dynastie () : Temple dans le roc de Dar el Bahri. — Colosse de Memnos. — Art de Cnossos et de Tell el Amarna. Les Romains de à accumulent les trois ordres de colonnes grecques : Fora, théâtres (le Colisée) et arcs de triomphe. Période des Seldjouki à partir de 1050. — « Art oriental » à l'époque des Croisades. À partir de 2000.
c) La fin de l'art : il se forme un fonds de formes figées — Parade des césars avec le matériau et le colossal. — Industrie d'art provinciale
XIXe dynastie () : Monuments gigantesques de Louxor, Karnak et Abydos. — Miniature. — (Plastique animale, tissus, armes). De Trajan à Aurélien : Fora gigantesques, thermes, rues à colonnades, colonnes de triomphe. — Art provincial (céramique, statues, armes). Période des Mongols à partir de 1250. — Monuments gigantesques, dans l'Inde, par exemple. — Artisanat oriental (tapis, armes, outils). ?

Époques politiques

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3e tableau — les époques politiques « contemporaines »
Égypte Antiquité Chine Occident
Préculture Préculture. — Type de peuple primitif. — Tribus et chefs de tribus. — Pas encore de « politique » ni d'« État »
Époque thinite (Menès) (-). Époque mycénienne. — (Agamemnon). (-) Époque de Shang. Époque franque. — (Charlemagne) 500900
Culture : Groupe ethnique de style marqué et d'intuition cosmique unitaire : « Nations ». Action d'une idée d'État immanente. 1. Période de jeunesse : division organique de l'existence politique — Les 2 premiers ordres : noblesse et clergé — Économie féodale des valeurs purement terriennes
Ancien Empire (-). Les Doriens (-). 1re période des Zhou (-) Période gothique (9001500).
a) Féodalité : esprit rural et paysan — La « ville » n'est qu'un marché ou un bourg — Palais changeant de maîtres — Idéals chevaleresques et religieux — Lutte entre vassaux ou des vassaux contre leurs suzerains
L'État féodal sous la IVe dynastie. — Puissance croissante des féodaux et des prêtres. — Le pharaon incarnation du . La royauté homérique. — L'essor de la noblesse (Ithaque, l'Étrurie et Sparte) Le pouvoir central (Wang) opprimé par la noblesse féodale. Saint-Empire romain germanique. — La noblesse aux Croisades. — L'Empire et la Papauté.
b) Crise des formes patriarcales et leur dissolution — Des ligues féodales à l'État corporatif
Division de l’Empire en principautés héréditaires sous la VIe dynastie. — Les VIIe et VIIIe dynastie et l'Interrègne Synoïcisme nobiliaire. — La royauté se résout en magistratures annuelles. — Oligarchie.  : Les vassaux expulsent le 1er Wang. —  : Interrègne. Princes territoriaux. — États de la Renaissance. — Lancaster et York. — 1254 : Interrègne.
2. Période de maturité : réalisation de l'idée d'État mure — La ville contre la campagne — Naissance du 3e ordre : la bourgeoisie — Victoire de l'argent sur les biens
Moyen Empire (). Les Ioniens (). 2e période des Zhou (-). Période baroque (1500-1800).
c) Constitution d'États politiques ayant une forme rigoureuse — La fronde
XIe dynastie : Chute des barons par les maîtres de Thèbes. — État centralisé de fonctionnaires Les premiers tyrans du VIe siècle : Kleisthènes, Périandre, Polycrate, les Tarquins. — La

cité-État.

« Le siècle des protecteurs » (Mingzhu ) et des congrès princiers (). Puissance des maisons dynastiques et Fronde (Richelieu, Wallenstein, Cromwell) : vers 1630.
d) Dernière perfection de la forme politique (« absolutisme ») — Unité de la ville et de la campagne (« État et société ») — les « Trois Ordres »)
XIIe dynastie : . — Pouvoir central rigoureux. — Noblesse de cour et d'argent. — Amenemhet et Sésostris. La polis pure (absolutisme du demos). — Politique de l'agora. — Création du tribunat. — Thémistocle et Périclès. Période de Chunqiu (« Printemps et Automne ») . — Les sept grandes puissances. — Forme achevée (li). « Ancien Régime ». — Rococo. — Courtisans de Versailles. — Politique de cabinets. — Habsbourgs et Bourbons. — Louis XIV et Frédéric II.
e) Coups d'État (Révolution et napoléonisme) — Victoire de la ville sur la campagne (du peuple sur les privilégiés, de l'intelligence sur la tradition, de l'argent sur la politique)
 : Révolutions et régime militaire. — Chute de l'Empire. — Petits souverains issus, pour partie, du peuple. IVe siècle : Révolutions sociales et seconds tyrans (Denys Ier, Jason de Phérée, le Censeur Ap. Claudius Alexandre le Grand).  : Début de la période Zhanguo. —  : Chute de la dynastie Zhou. — Révolutions et guerres d'extermination. Fin du XVIIIe siècle : Révolutions américaine et française (Washington, Fox, Mirabeau, Robespierre, Napoléon Ier).
Civilisation : Dissolution du corps ethnique, désormais doué d'un sens essentiellement cosmopolite, et réduction de ce corps en masse informe. Ville mondiale et province : le 4e ordre (masse) — Anorganique — Cosmopolite. a) Règne de l'argent (« Démocratie ») — Les puissances économiques com-pénètrent la forme et le pouvoir politiques
- : Temps des Hyksos. — Décadence très profonde. — Dictature des généraux étrangers (Chian). — Victoire définitive des rois de Thèbes à partir de .  : Hellénisme politique. — D'Alexandre à Hannibal et à Scipion (), le roi est tout-puissant ; de Cléomènes III et C. Flaminius () à Marius, les chefs populaires radicaux s'y substituent.  : « Période des États batailleurs ». —  : Le titre d'Empereur. — Les hommes d’État impérialistes de Qin. — Incorporation des derniers États à partir de . 18002000 : De Napoléon à la guerre mondiale, c’est le « système des grandes puissances », des armées permanentes, des constitutions. — Au XXe siècle, passage de la puissance constitutionnelle à des puissances individuelles informes. — Guerres d'extermination. — Impérialisme.
b) Formation du césarisme — Victoire de la politique de violence sur l'argent — Les formes politiques prennent un caractère de plus en plus primitif — Épuisées intérieurement, les nations se réduisent en une population informe et se condensent dans un impérium qui retourne peu à peu au despotisme primitif
XVIIIe dynastie. — Toutmès III. De Sulla à Domitien. — César et Tibère. Maison de Wang Zheng et dynastie occidentale de Han. — 221 : Titre d’Auguste (Shi), de César (Huangdi, Wudi). 2000-2200
c) Vers la forme définitive : politique privée et familiale des souverains — Le monde comme butin : égyptianisme, mandarinisme — Cristallisation ahistorique et impuissance de l'impérialisme même, contre l'esprit de rapine des peuples jeunes ou des conquérants étrangers — Ascension lente des hommes primitifs vers une vie hautement civilisée
XIXe dynastie : Sethos Ier, Ramsès II. 100-300 De Trajan à Aurélien. — Trajan et Sept. Sévère. 25-220 Dynastie orientale de Han. — 5876 : Mingdi. Après 2200

Le Déclin de l'Occident est l'un des essais historiques les plus controversés parus depuis 1918. Son succès tient d'abord au contexte de sa parution, la Première Guerre mondiale ayant ébranlé les thèses positivistes et scientistes[2] ; ensuite à la synthèse d'une profusion de faits scientifiques qu'effectue Spengler pour en former une fresque d'ensemble. Spengler conçoit ainsi une histoire universelle — une collection ordonnée des événements, passés, présents ou à venir — qui a fasciné nombre de lecteurs.

Les aspects particulièrement controversés de l'étude de Spengler auront été, d'une part, son formalisme historique — une juxtaposition d'analogies historiques qui le discrédite auprès de certains spécialistes — et, d'autre part, les conclusions politiques que tire Spengler de sa conception cyclique des Grandes Cultures. Enfin, on lui reprochait son dilettantisme.

Spengler lui-même qualifiait son livre de « Métaphysique », ce qui n'empêcha pas l'historien britannique Arnold Joseph Toynbee de l'admirer toute sa vie, et l'on trouve même chez un Franz Borkenau une discussion très fouillée des principes de Spengler[3]. Dans de larges couches du monde des lettres, particulièrement en Allemagne et en Autriche, son épopée des civilisations fut prise au sérieux par des auteurs tels que Thomas Mann, Egon Friedell, Gottfried Benn, Ludwig Wittgenstein[4], Martin Heidegger, Henry Miller[5], Richard de Coudenhove-Kalergi, Ernst Jünger, Emil Cioran

La recension du second volume du Déclin de l'Occident que publie le magazine américain Time, en 1928, commence par rappeler l'immense influence et les controverses suscitées au long de la décennie écoulée par les idées de Spengler :

« Lorsque le premier volume du Déclin de l'Occident parut en Allemagne il y a quelques années, il s'en vendit des milliers d'exemplaires. Le discours des intellectuels européens était saturé de Spengler. Le spenglérisme transpirait des stylos d'innombrables disciples. Il fallait avoir lu Spengler, qu'on partage ses idées ou qu'on s'en indigne ; et cela reste vrai[6]. »

En conclusion d'une critique accablante, Robert Musil reconnaissait que si d'autres auteurs n'avaient pas commis autant d'erreurs, c'était qu'ils ne s'étaient aventurés que sur un seul versant des connaissances. Il caricature ainsi la « méthode Spengler » :

« Il y a des papillons jaune citron, il y a des Chinois jaune citron. On peut donc affirmer que dans une certaine mesure, le papillon est, pour l'Europe centrale, l'analogue nain et ailé du Chinois : papillon et Chinois sont en effet tous deux des évocations du plaisir des sens. Voilà pour la première fois établie la correspondance entre l'ère du Lépidoptère et la culture chinoise. Que le papillon ait des ailes et que le Chinois en soit dépourvu n'est qu'un épiphénomène[7]… »

Thomas Mann fit d'abord l'éloge du livre avec emphase et proposa de lui décerner le Prix Nietzsche : il y voyait un « livre empreint du sens tragique, aux hypothèses audacieuses, dans lequel on retrouve les traits essentiels nécessaires aujourd'hui à l'Allemand[8]. » Mais dès 1922, alors qu'il commençait à se réconcilier avec la République de Weimar, il prit davantage ses distances avec Spengler. S'il appréciait toujours la brillante épopée, il se démarquait du pessimisme schopenhauérien et du sens tragique de l'auteur. L'œuvre lui paraissait trop fataliste et défaitiste :

« Ces idées préconçues et ce mépris de l'Homme sont le fonds de commerce de Spengler… Il a tort de présenter Goethe, Schopenhauer et Nietzsche comme les inspirateurs de sa prophétie de hyène[9]. »

Karl Popper rédigea Misère de l'historicisme[10] en réaction contre le principe spenglerien selon lequel il y aurait des lois historiques immuables. Le critique marxiste Georg Lukács voyait dans l'essai de Spengler une étape entre Nietzsche et Hitler[11].

Theodor Adorno ne défendit pas la philosophie de l'histoire de Spengler dans son ensemble contre les critiques tendancieuses et en partie parfois sciemment diffamantes de l'Après-guerre mais il les jugeait trop simplistes et trop définitives :

« Spengler compte au nombre des théoriciens de l'extrémisme dont la critique du Libéralisme des progressistes se dévoile pas à pas. »

Adorno approuve l'interprétation que fait Spengler du fascisme comme un césarisme moderne et développe les arguments par lesquels il s'en prend à la culture de masse et au système des partis. Toutefois, la plus grande partie de l'essai d'Adorno désapprouve fondamentalement l'interprétation de Spengler sur le cours sanglant de l'histoire : après avoir constaté que « Nietzsche, dont Spengler imite à satiété le style grandiloquent, sans jamais, contrairement à Nietzsche lui-même, se résigner à se réconcilier avec le monde », il en vient à la critique décisive suivante :

« Spengler et ses semblables sont moins les prophètes du tour pris par l'Esprit du Monde que ses acteurs zélés[12]. »

Récemment, l'historien belge David Engels reprit la thèse spenglerienne et postula, sur base d'une comparaison systématique de douze indicateurs de crise, des analogies fondamentales entre la crise de l'Union européenne du 21e siècle et la chute de la République romaine tardive[13].

Influences ultérieures

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L'essai de Spengler a influencé entre autres Arnold Toynbee et John Bagot Glubb qui, analysant les cycles de croissance et d'effondrement de 17 civilisations et non juste de l'Occident, en recense les similitudes et s'aperçoit que toutes ont le même cycle, et ne diffèrent que dans la phase finale qui les achève au terme de leur déclin[14]

Notes et références

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  1. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, 1931-1933 (consulté le ).
  2. « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », écrit à cette même époque Paul Valéry.
  3. Cf. Franz Borkenau, Ende und Anfang : Von den Generationen der Hochkulturen und der Entstehung des Abendlandes, Klett-Cotta, , 555 p. (ISBN 3-608-93032-9).
  4. (en) DeAngelis W., Wittgenstein and Spengler, Dialogue, vol. 33, 1994 ; publié en livre Ludwig Wittgenstein - A Cultural Point of View (Ashgate Wittgensteinian Studies), 2007.
  5. Henry Miller consacre le chapitre final de son livre Plexus (1952) au Déclin de l’Occident, citant textuellement de longs passages de l’œuvre, célébrant et glosant les réflexions de Spengler : « Néanmoins, j’ai une immense gratitude pour Oswald Spengler d’avoir accompli cet étrange tour de force — décrire à merveille la sinistre atmostphère d’artério-sclérose qui est la nôtre, et en même temps briser le monde rigide de la pensée qui nous enveloppe, nous libérant ainsi — à tout le moins en pensée. À chaque page, pratiquement, un assaut se livre contre les dogmes, convictions, superstitions et modes de pensée qui caractérisent les quelques dernières centaines d’années de la « modernité ». Théories et systèmes sont jetés en tous sens comme des quilles. Tout le paysage conceptuel de l’homme moderne est dévasté. Ce qui émerge n’est pas les ruines savantes du passé mais des mondes nouvellement recréés où l’on peut « participer » avec ses ancêtres, revivre le Printemps, l’Automne, l’Été, voire l’Hiver, de l’histoire de l’homme. Au lieu d’avancer en titubant à travers les dépôts glaciaires, on est emporté sur un flot de sève et de sang. Le firmament lui-même se trouve remanié. C’est là le triomphe de Spengler — d’avoir fait revivre le Passé et l’Avenir dans le Présent. On est de nouveau au centre de l’univers, chauffé par les feux solaires, et non à la périphérie, luttant contre le vertige, luttant contre l’épouvante de l’innommable abîme » (Plexus, ch. XVII, p. 642-643, trad. Elisabeth Guertic, Paris, Buchet/Chastel, 1962).
  6. « Patterns in Chaos », Time Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Trad. d'après Robert Musil, Gesammelte Werke, vol. 8 : Essais et discours, Reinbek-bei-Hamburg, Rowohlt Verlag, (réimpr. 1978), « Geist und Erfahrung. Anmerkungen für Leser, welche dem Untergang des Abendlandes entronnen sind »
  8. «…Ein Buch voller Schicksalsliebe und Tapferkeit der Erkenntnis, worin man die großen Gesichtspunkte findet, die man heute gerade als deutscher Mensch braucht“, cité par Klaus Harpprecht, Thomas Mann, eine Biographie, chap. 32.
  9. Thomas Mann, Über die Lehre Spenglers, 1922.
  10. Édition française Karl Popper, Misère de l'historicisme [« Das Elend des Historizismus »], Presses Pocket, coll. « Agora », , 214 p., Poche (ISBN 2-266-04378-1 et 978-2-266-04378-6).
  11. Cf. Georg Lukács (trad. Peter Palmer), The destruction of Reason [« Die Zerstörung der Vernunft »], Londres, The Merlin Press, (réimpr. 1980), p. 751-752

    « If, in assessing Hitler, we put the accent solely on his low intellectual and moral standards... such an assessment is correct. But it was again historical necessity which caused the lowering of standards. It is a steep descent from Schelling and Schopenhauer — via Nietzsche, Dilthey, Spengler, etc.—to Hitler and Rosenberg. »

    Cet ouvrage n'existe malheureusement encore pour l'instant qu’en traduction partielle en français, aucun éditeur n'ayant jugé opportun de faire connaître cette œuvre au public francophone.
  12. (de) Theodor W. Adorno, Spengler nach dem Untergang, (réimpr. 1950)
  13. David Engels, Le déclin : la crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine : quelques analogies historiques, Paris, Éd. du Toucan, , 373 p. (ISBN 978-2-8100-0524-6)
  14. Glubb, The Fate of Empires and the Search of Survival, (ISBN 9780851581279)

Bibliographie

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  • Le Déclin de l'Occident (2 tomes 1918-1922), trad. fr. Mohand Tazerout, NRF-Gallimard, "Bibliothèque des idées", 1931-1933, 1948 ; rééd. 2000

Articles connexes

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Liens externes

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